La dynamique mise en place dans le sillage de la Konversasion lor politik ladrog initiée par Rezistans ek Alternativ (ReA) est fort intéressante. D’une part, avec la situation chaotique qui subsiste dans le pays, avec l’infestation des drogues synthétiques dans tous les recoins de l’île. Et de l’autre, avec une absence criante de leadership dans la riposte devant être adoptée.
L’addiction et la dépendance aux substances nocives, tels les opiacés et les drogues de synthèse, engendrent des comportements déviants. Les produits couramment disponibles à Maurice donnent des tournis aux scientifiques du FSL. Si le nouveau régime a concrétisé sa volonté de combattre le trafic – qui a, ces dernières décennies, engendré une économie parallèle, qui cause du tort au pays –, en revanche, en matière de traitement des malades, ça ne bouge pas vraiment.
Chaque gouvernement qui s’est succédé depuis l’avènement du Brown Sugar à Maurice, dans les années 80’, a régulièrement intensifié ses efforts en termes de politique répressive. Mais tous ont failli à comprendre que le traitement des toxicomanes – des malades, selon la définition même de l’OMS – mérite un investissement majeur. Pas seulement en termes de financement et d’équipement, comme pour la répression, mais pour encourager l’humain à s’engager.
Aujourd’hui, avec le chiffre estimé de 55 000 Mauriciens qui seraient dépendants aux substances nocives, l’heure n’est certainement pas à la procrastination, qui ne fait que perdre du temps, et donc des vies. L’urgence est telle qu’il faut des bras, des éléments ayant une formation – même basique –, et surtout beaucoup de cœur pour accentuer un travail “groundroots level”. Et tout aussi prioritaire, accélérer le mécanisme de réflexion parmi les prestataires principaux dans ce combat, à savoir l’État et la société civile, sur les avenues et les réponses possibles et probables pour le contexte local. Les exemples et cas d’écoles étrangers ne sont intéressants que s’ils peuvent être répliqués dans notre société, en respectant ses particularités et ses spécificités. Autrement, ce n’est que gaspillage d’argent et de temps. Les deux étant diablement précieux !
Le débat sur la dépénalisation ou la légalisation du gandia n’est qu’une des avenues de sortie de crise. Et il n’a que trop tardé. Avec, pour résultat, que certaines têtes brûlées sèment la confusion via les réseaux sociaux, et pourraient faire croire qu’il y a des solutions miracles. Le danger est là. L’opinion publique et la politique nationale ne peuvent reposer sur des doutes. D’où l’urgence et l’importance d’un débat franc et éclairé, comme ReA l’a fait.
Cette initiative a été saluée d’ailleurs, et mérite effectivement d’être soutenue par tous les membres des partis portés au pouvoir par le phénoménal 60–0, car il y va de notre avenir. Now or never, si ce gouvernement opte pour une politique courageuse et audacieuse, les pertes non seulement en vies humaines, mais aussi pour l’économie et la force ouvrière du pays, n’accuseront pas un sacré coup.
Lors de son lancement, le président et le CEO de la National Agency for Drug Control (NADC) ont bien souligné qu’ils privilégient des “evidence based programmes” pour toutes leurs prestations. Mais cet organisme semble peiner à trouver ses marques. Pourquoi ? Serait-ce par manque de ressources humaines ? Seize ministères et une demi-douzaine d’ONG composent son board. Y aurait-il une disproportion entre fonctionnaires et travailleurs sociaux ? Les premiers cités ne comprenant pas que le social ne se pratique pas de 9h à 16h. Il y a également, dans le contexte actuel, un manque d’incentives pour les jeunes professionnels qui souhaitent rejoindre le combat.
Des victimes tombent sous les coups de toxicomanes “unaware” ou trop hypnotisés par leurs manques chaque semaine. Allons-nous attendre qu’il y ait perte de vies humaines au quotidien pour réagir ? Les faits divers des médias pullulent déjà de ces crimes atroces et violents.
Les attaques de front, ou à peine déguisées, envers le président de la NADC, Sam Lauthan, se multiplient. Cet homme est respecté et salué pour sa sincérité et son engagement inconditionnel. Pourtant, il semble qu’il n’arrive pas à “foot the bill”. Avec pour incidence du tort causé au combat et aux victimes. L’heure est grave. Des décisions fortes et courageuses sont attendues.
Husna Ramjanally