À Madagascar, personne ne minimise l’influence de Mamy Ravatomanga. Sa compagnie aérienne est liée à l’évasion spectaculaire de Carlos Ghosn en 2019, caché dans une caisse
Christina Kolo, militante écoféministe reconnue, et Haintsosoa Fiononana Taharoninaina, étudiant de 24 ans et figure de la Génération Z, incarnent cette jeunesse malgache qui a provoqué la chute d’Andry Rajoelina et ouvert la voie au colonel Michaël Randrianirina, nouveau président de la Refondation. Ce dernier, ex-officier passé par la prison pour tentative de coup d’État, a prêté serment vendredi devant la Haute Cour constitutionnelle. Présente à la cérémonie, Christina Kolo confie à Week-End que « l’espoir placé dans un pouvoir dirigé par l’armée est fragile ». Elle craint les manœuvres de Maminiaina (Mamy) Ravatomanga, magnat proche de Rajoelina, aujourd’hui réfugié à Maurice et visé par un Criminal Attachment Order. « Il a encore les moyens de déstabiliser le pays », prévient-elle. À Antananarivo, nul ne sous-estime l’influence de cet homme d’affaires dont la compagnie TOA Aviation fut liée à l’évasion de Carlos Ghosn en 2019, via un jet privé affrété par ses partenaires. Mais la jeunesse garde foi en sa capacité à protéger la transition. « Nous avons renversé un régime corrompu, nous saurons surveiller le nouveau pouvoir », déclare Haintsosoa. Selon lui, la Gen Z évaluera le gouvernement dans quelques mois — et redescendra dans la rue « si les promesses ne sont pas tenues ». Dans un pays éreinté par la pauvreté et la corruption, elle s’impose déjà comme la véritable sentinelle de la patrie.
Haintsosoa Fiononana Taharoniaina :
« Nous redescendrons dans la rue si… »
À 22 ans, Haintsosoa Fiononana Taharoniaina est devenu l’un des visages emblématiques du soulèvement populaire qui, en quelques semaines, a provoqué la chute du régime d’Andry Rajoelina. Étudiant à Antananarivo, il incarne cette jeunesse malgache qui, selon ses mots, « a repris son destin en main ». Son récit, entre fierté et vigilance, retrace les coulisses d’un mouvement qui a bouleversé Madagascar.
« Je suis fier de cette jeunesse», confie-t-il d’entrée de jeu. « Nous avons prouvé que nous nous intéressons à la vie politique de notre pays. Notre avenir était en danger, nous ne pouvions pas rester les bras croisés.»
Pour Haintsosoa, la victoire du peuple ne tient pas seulement à la chute d’un président, mais à un sursaut collectif : « Nous avons su raviver l’amour de la patrie chez tous les Malgaches. Nous ne voulons plus vivre dans l’insécurité, la pauvreté. C’en est trop. »
Le moment clé, selon lui, fut le 11 octobre, lorsque le CAPSAT, une unité des forces armées, a rejoint les manifestants : « Dès ce jour-là, nous avons retrouvé le sourire. Le lendemain, les commerces ont rouvert, la ville a retrouvé son calme. Nous étions enfin en paix. »
Mais l’histoire de Madagascar, marquée par de multiples soulèvements, inspire aussi la prudence. « La crainte que le système ne change pas malgré la chute du régime est bien réelle », admet-il. « Nous n’avons pas encore de porte-parole officiel, mais nous y travaillons. »
Lors de l’investiture du nouveau président, Michael Randrianirina, les jeunes manifestants se sont réunis pour définir leurs lignes rouges. « Nous avons convenu que nous redescendrons dans la rue si nos revendications ne se concrétisent pas dans les mois à venir. »
Le mot d’ordre reste clair : « Notre première exigence, c’est de mettre fin à la corruption qui gangrène notre pays. »
Il ne cache pas sa rancune envers l’ancien président : « Andry Rajoelina a pillé Madagascar. Il devra rendre des comptes et restituer ce qu’il nous a volé. » Sur la question de la confiance envers le nouveau chef de l’État, le militant se montre pragmatique. « En politique, on ne peut faire confiance à personne. Ce qui compte, c’est le travail accompli. Si le président Randrianirina ne respecte pas ses engagements, nous ne resterons pas silencieux. » Son ton est ferme : « Nous restons mobilisés. »
Haintsosoa raconte ensuite comment le mouvement s’est structuré. « Dès le 25 septembre, plusieurs groupes d’une soixantaine de jeunes s’étaient déjà formés. Nous suivions de près la mobilisation de la jeunesse népalaise, qui a été pour nous un déclencheur. » Chaque soir, après les rassemblements, les jeunes leaders se retrouvaient pour faire le point. « Nous tenions des réunions de débriefing pour ajuster nos stratégies. Tout se décidait collectivement. »
La sécurité restait une priorité : « Nous nous retrouvions d’abord sur le campus d’Ankatso avant de descendre dans la rue. Et surtout, nous refusions tout lien avec les partis politiques ou les ONG. Nous voulions rester indépendants. »
Ce refus d’alignement politique n’a pas empêché la peur. « Nous avons reçu des menaces de mort. Nos photos circulaient sur les réseaux sociaux, on disait qu’on viendrait nous chercher. » Mais malgré la peur, le jeune homme insiste : « Nous étions animés par l’amour de la patrie.»
Et aujourd’hui ? Son regard ne trahit ni euphorie ni lassitude, mais une vigilance déterminée.« Nous avons gagné une bataille, pas la guerre. Si la corruption continue, si la pauvreté s’aggrave, nous redescendrons dans la rue. »
« Ce n’est pas un rêve de jeunesse, c’est une promesse de citoyenne », conclut-il. « Nous veillerons à ce que Madagascar change, cette fois pour de bon. »
Christina Kolo, manifestante, écoféministe et militante des droits humains
« La société civile a identifié Harimisa
Noro-Vololona comme Première ministre »
« Maminiaina Ravatomanga, le fossoyeur de l’économie malgache, dispose des moyens financiers pour se venger à distance »
« Notre espoir dans les militaires est fragile »
Quel rôle les jeunes femmes malgaches ont-elles joué dans les manifestations de la Gen Z ?
Elles étaient en première ligne et ont joué un rôle majeur, alors même que ces manifestations pouvaient être très violentes. On imagine souvent que, dans ce type de mouvements, ce sont les hommes qui brisent les barrières ou s’affrontent avec les forces de l’ordre. Pourtant, on a vu des femmes blessées, déterminées, présentes au cœur de l’action. Nous avons tous vu la vidéo de l’athlète Soa de Valiha, impressionnante, faisant face aux forces de l’ordre, pierres à la main. Dans cette lutte, certains s’attendaient que les femmes restent en retrait ou soignent les blessés. Mais, tout comme les hommes, elles ont pris leur place. On avait par exemple de précieux renseignements sur les actions des gendarmes grâce aux femmes. Elles se tenaient assez près d’eux et tendaient l’oreille quand ils lançaient des ordres dans leur talkie-walkie. Pour des raisons très stéréotypées, ils ne s’en méfiaient pas ! Les femmes ont été très actives en coulisses à travailler sur les questions de stratégie, logistique, d’organisation… On imagine que le mouvement Gen Z, c’était que des jeunes qui manifestaient dans les rues, mais en réalité il y avait aussi des jeunes qui négociaient avec des ambassades, différentes organisations, qui communiquaient etc. Et tout cela c’était des femmes qui ont eu l’idée de cette partie du mouvement. Les hommes ont été visibles. Mais les femmes n’étaient pas en reste.
Et vous, quelle a été votre part dans ce mouvement ?
Je suis militante, et il était de mon devoir d’être sur le terrain. Dès le 25 septembre, j’étais à la fois dans les rues et en coulisses. J’ai documenté et mis en avant la violence des ripostes sur les réseaux sociaux. Il était crucial que je sois au plus près des événements pour les rapporter et mobiliser plusieurs acteurs internationaux. C’est ainsi que nous avons pu obtenir des condamnations internationales de cette violence, même si elles restaient diplomatiques, et que le Pape a appelé à prier pour Madagascar. Avec ma casquette de membre de la société civile, j’ai soutenu la Gen Z, partagé mon expérience et organisé des collectes de fonds pour appuyer la prise en charge des manifestants. J’ai également animé des réunions et participé à la coordination du mouvement.
Vous dites que des femmes récoltaient des informations à l’insu des gendarmes. Ne craignez-vous pas de représailles ?
Lorsque les gendarmes ont constaté le retournement de situation, et que les militaires ont commencé à protéger la société civile, le préfet de police et les gendarmes ont présenté leurs excuses. Mais pour nous, cela ne suffit pas. Nous demandons des enquêtes sur les bavures, car ils n’ont pas fourni d’informations exactes : ils ont notamment diminué le nombre de personnes blessées et minimisé l’impact de leur violence. Aujourd’hui, nous pensons qu’il n’y aura probablement pas de représailles, car les gendarmes souhaitent maintenir de bonnes relations avec l’armée. De plus, dans son discours d’investiture, le président Michael Randrianirina a affirmé qu’il n’y aurait pas d’impunité et que les violences seraient condamnées. Cela constituait un point essentiel pour nous.
Selon vous, quelle place occuperont les femmes au sein du prochain gouvernement, dans un contexte où la prostitution des mineures progresse et mérite une attention particulière au plus haut niveau de l’État ?
La prostitution n’est qu’un des nombreux problèmes liés à l’égalité de genre et à la violence basée sur le genre. Nous sommes dans un pays où plus de 40 % de la population estime qu’il est normal qu’un mari frappe sa femme, où le mariage de jeunes filles mineures est très répandu et tend à augmenter avec la pauvreté. C’est d’ailleurs pour cette raison que la société civile réclame qu’une femme soit nommée Première ministre. Nous avons actuellement une présidence collégiale militaire, très masculine. Proposer qu’une femme dirige le prochain gouvernement n’a pas pour objectif de « compenser » cette image, mais parce que nous, la société civile et la Gen Z, avons réfléchi et identifié celle qui incarne le profil idéal : Harimisa Noro-Vololona. C’est une magistrate respectée qui s’est battue contre la corruption. Il y a quelques années, elle a été ministre de la Justice, mais a rapidement été écartée en raison de ses réformes qui dérangeaient les corrompus. Il est crucial d’avoir à la tête du gouvernement une personne comme elle, qui a déjà fait ses preuves et saura dialoguer avec la société civile. Nous espérons que la présidence prendra en compte cette proposition émanant de la société civile et de la jeunesse.
Pensez-vous que la coopération entre la Gen Z et les militaires pourra durer dans le temps ?
Nous avons placé notre espoir dans les militaires. Mais cet espoir reste fragile, car nous ne savons pas quelles sont leurs intentions réelles. Toutefois, il faut rappeler que c’est l’ensemble de la société civile — syndicalistes, médecins, journalistes, avocats — qui s’est rallié aux jeunes de la Gen Z. C’est toute la population qui s’est soulevée, lassée de 16 ans de pouvoir avec des dérives ayant conduit à la suspension de Madagascar dans certaines instances internationales. La confiance avec le nouveau Président reste à construire. Nous savons pertinemment que Maminiaina Ravatomanga, l’homme fort d’Andry Rajoelina, que nous considérons comme le fossoyeur de l’économie malgache en raison de son accaparement de ce secteur, dispose des moyens financiers pour exercer sa vengeance à distance. Il pourrait tenter de corrompre des gendarmes ou une partie de l’armée pour créer une faction rebelle et semer le désordre civil… Nous n’en savons rien ! Nous avons peur. Le colonel ne peut pas nous décevoir, car c’est nous qui l’avons mis en place. S’il nous déçoit, nous retournerons dans la rue. Il existe un contrat social entre la population, qui a accepté qu’il prenne le pouvoir, et lui. Actuellement, nous avons des adversaires communs, notamment le président en exil et Maminiaina Ravatomanga. L’armée ne pourra pas tout faire seule, d’où l’importance d’une confiance mutuelle et de consultations régulières. Il ne faut pas s’attendre à ce que l’armée soit un sauveur capable de tout résoudre. La société civile fait partie intégrante de la nouvelle approche de gouvernance à Madagascar.
Souhaiteriez-vous le retour à Madagascar de Maminiaina (Mamy) Ravatomanga et de l’ancien Premier ministre Christian Ntsay, qui sont à Maurice, et d’Andry Rajoelina en exil pour qu’ils rendent des comptes à la population ?
Ah non, pas du tout ! Pour qu’ils soient un jour jugés à Madagascar, il faudrait d’abord assainir la justice — et cela représente tout un chantier. La position de la nouvelle présidence est encore très fragile : elle est attaquée de toutes parts et se trouve prise dans une guerre de communication et de ressources. Pour l’instant, ceux qui détiennent les ressources, ce sont Ravatomanga et l’ancien président Rajoelina L’administration et les fonctionnaires attendent toujours de connaître les ministres qui seront nommés à la tête de leurs départements. Il y a énormément de réformes à mener dans la justice afin de lutter contre la corruption interne et de garantir, la tenue de procès justes et équitables contre les protagonistes en question.
Est-ce que les Malgaches en veulent à la France pour avoir facilité l’exil d’Andry Rajoelina ?
À mon avis, c’est un autre débat. Mais nous attendons de la France qu’elle fasse preuve de transparence à ce sujet. Nous voulons savoir ce qui s’est réellement passé et qu’elle cesse d’adopter un ton paternaliste envers Madagascar. Lorsque le président Emmanuel Macron a été interrogé sur notre situation, il a à peine évoqué la jeunesse et n’a pas condamné les violences. Il s’est contenté d’appeler à un retour à l’ordre et au cadre constitutionnel. Or, il ne faut pas oublier que c’est un avion militaire français qui a permis à Andry Rajoelina — qui possède également la nationalité française — de s’enfuir. De plus, la France entretiendrait des liens avec Maminiaina Ravatomanga. C’est d’ailleurs ce même Ravatomanga qui aurait permis à Carlos Ghosn (ndlr : ancien PDG du groupe Renault il était assigné à résidence à Tokyo) de fuir le Japon (ndlr : en 2019 pour rejoindre le Liban), dissimulé dans une caisse, à bord de son jet. Nous souhaitons qu’une enquête parlementaire soit ouverte en France sur le rôle qu’elle a pu jouer dans les événements survenus à Madagascar.
Gen Z : entre monde
global et réalité locale
Ils sont nés entre 1997 et 2010, dans un monde déjà connecté, où le mot “digital” n’était plus une nouveauté mais une évidence. Qu’ils vivent à Paris, Antananarivo ou Port-Louis, ils appartiennent à la même vague : celle de la Génération Z, cette jeunesse qui a grandi avec un smartphone à la main, un flux constant d’informations, et une identité à cheval entre le réel et le virtuel. Pourtant, derrière l’universalité apparente des écrans et des réseaux, les expériences ne sont pas les mêmes.La Génération Z mondiale et la Génération Z malgache partagent les mêmes rêves, les mêmes angoisses, mais pas toujours les mêmes armes pour y faire face.
Une génération connectée, partout… mais pas pareil
La Gen Z est la première génération “phygitale” : elle ne sépare pas le monde physique du monde numérique.
Elle parle, aime, travaille, milite et se distrait à travers un écran.Mais alors que dans les grandes villes du Nord, le numérique est un espace de confort, à Madagascar, il reste souvent un espace de conquête.
Le jeune Malgache apprend à composer avec la lenteur de la connexion, les coupures de courant, les données chères. Il invente, détourne, bricole. Internet devient une école parallèle, un moyen d’apprendre l’anglais, de suivre un tutoriel, de lancer un petit commerce ou de s’ouvrir au monde. Là où d’autres scrollent par habitude, lui cherche des issues.
Des valeurs différentes, un même besoin d’authenticité
La Génération Z mondiale est connue pour sa recherche de transparence, son rejet des hypocrisies politiques ou institutionnelles, son goût du vrai.
La Génération Z malgache partage cette exigence, mais elle la vit autrement : elle ne se contente pas de débattre en ligne, elle agit sur le terrain.
On l’a vu lors des manifestations contre le régime Rajoelina, quand des étudiants, des jeunes travailleurs, des artistes se sont rassemblés pour réclamer justice, démocratie et dignité. Ce ne sont pas seulement des clics ou des partages : c’est une colère vécue, enracinée dans un quotidien difficile. Pour eux, l’engagement n’est pas une mode, c’est une nécessité.
Le téléphone, miroir et boussole
Partout dans le monde, le téléphone est le prolongement de soi.
Mais si pour beaucoup de jeunes occidentaux il est un outil d’expression ou de distraction, pour la Gen Z malgache il est souvent une fenêtre sur le monde et un outil de survie.
C’est le lieu où l’on apprend, où l’on vend, où l’on s’informe, où l’on rêve d’ailleurs.
Et pourtant, cette génération ressent aussi la fatigue numérique : elle veut respirer, sortir, se retrouver. Le confinement a révélé ce paradoxe : même hyperconnectée, elle ne supporte pas d’être coupée des autres.La Gen Z a besoin de contact humain, de présence, de communauté.
Une jeunesse entre deux mondes
Entre le Nord saturé de technologie et le Sud encore contraint par la réalité matérielle, la Génération Z vit une tension permanente.
Mais cette tension est aussi sa richesse : elle invente une nouvelle manière d’être au monde, fluide, mixte, hybride.
Elle remet en question les oppositions : entre réel et virtuel, travail et loisir, tradition et modernité.
À Madagascar, cette fluidité prend une couleur particulière : on revendique la fierté culturelle, le sens du collectif, tout en adoptant les codes globaux du numérique.
Les jeunes Malgaches dansent sur TikTok, mais parlent aussi d’agriculture, d’écologie, de politique.
Ils rient, dénoncent, rêvent, mais surtout refusent l’injustice.
Une même lucidité face à l’avenir
La Génération Z ne croit plus aux lendemains qui chantent.
Qu’elle soit à New York ou à Antsirabe, elle vit dans un monde perçu comme incertain, anxiogène, fragilisé.
Mais là où certains se replient, d’autres se battent. Les jeunes Malgaches, eux, savent que l’avenir ne se donne pas, il se construit — souvent à la force du poignet, avec un téléphone, une idée, un rêve.
Ils ne croient pas forcément que demain sera meilleur, mais ils savent qu’il leur appartient de le rendre possible.
Conclusion
La Génération Z est une génération-monde, mais elle ne parle pas d’une seule voix. Elle partage une même culture de la connexion, de la mobilité, de l’immédiateté, mais aussi une même quête : celle du sens et de la vérité.
La Gen Z malgache y ajoute une profondeur singulière : une conscience politique précoce, une créativité de résistance, et une foi tenace dans la solidarité. Entre désillusion et courage, entre Wi-Fi et terre rouge, elle est le visage le plus vivant de l’Afrique à venir — et peut-être, le plus lucide miroir de notre époque.