…le leitmotiv du tiktokeur meurtrier que Brandon Malabar n’a lui-même pas respecté !
— Le cynisme du suspect a atteint son paroxysme lorsqu’en début de semaine, après son crime, il s’était mis en scène sur TikTok
— « Le petit n’arrêtait pas de dire mama pe dodo deor. Mais personne n’a percuté ce que cela voulait dire », explique l’oncle Alex Scott
Le contraste est saisissant, l’ironie est glaçante. Les mots de Brandon Malabar – « Fam pa’nn fer pou bate, fam finn fer pou respe » –, autrefois partagés comme un credo d’amour sur les réseaux sociaux, résonnent avec une brutalité insoutenable face à l’acte odieux qu’il a commis : le féminicide de son épouse, Daana Laeticia Malabar, 25 ans, poignardée à mort le dimanche 12 octobre.
Derrière les filtres d’amour idyllique sur TikTok, l’histoire de Daana révèle la réalité glaciale et souvent cachée de la violence conjugale. Ses proches dressent le portrait d’une jeune femme victime d’agressions répétées, son meurtre étant la tragique conclusion d’une spirale de violence ignorée.
Cet habitant de Beau-Vallon, qui se targuait d’être un « chantre de l’amour » virtuel, a basculé du spectacle en ligne au drame conjugal le plus sombre. Le couple, parent de deux jeunes enfants de 5 et 3 ans, affichait une façade de bonheur sur TikTok et d’autres plateformes, un écran de fumée qui masquait une sombre et brutale réalité : celle de la violence domestique.
Un masquage cynique post-crime
La vérité s’est révélée trois jours après la disparition de Daana. Portée disparue depuis dimanche dernier, la jeune femme a été retrouvée sans vie et poignardée le mercredi 15 octobre, dans une maison abandonnée à Curepipe. Interpellé le jour même, le mari, Brandon Malabar (31 ans), a fini par avouer l’irréparable, un acte qui, selon un proche, aurait été commis sous les yeux de leur fils de 3 ans.
Le cynisme du suspect a atteint son paroxysme lorsqu’en début de semaine, après son crime, il s’était mis en scène sur TikTok, implorant l’aide des Mauriciens pour retrouver sa « bien-aimée » et mère de ses enfants. Une mise en scène troublante où il suggérait qu’elle devait au moins donner de ses nouvelles, alors qu’il connaissait déjà le sort funeste qu’il lui avait réservé.
Si Brandon Malabar allègue n’avoir pas eu l’intention de tuer, les témoignages de la famille de Daana dépeignent un tout autre quotidien conjugal : celui d’une femme victime de violences conjugales répétées.
Pour ses proches, Daana était un véritable rayon de soleil et était réputée pour être un cordon bleu. Elle était appréciée de tous, y compris de sa belle-famille. D’ailleurs, son oncle Alex Cotte souligne que la mère de Brandon Malabar a assisté aux funérailles de la jeune femme.
Fréquents allers-retours entre le domicile conjugal et la maison de sa mère
Selon lui, malgré les agressions, Daana s’accrochait à ce foyer pour ses enfants qu’elle adorait par-dessus tout. « Sa mère a tout fait pour la ramener, mais elle repartait », confie-t-il, illustrant la difficulté et la loyauté que les victimes de violence domestique éprouvent souvent. La situation était si tendue que Daana faisait de fréquents allers-retours entre le domicile conjugal à Beau-Vallon et la maison de sa mère à Eau-Coulée, cherchant visiblement refuge et échappant aux agressions.
Le jour du drame, le couple se trouvait chez la mère de Daana, où une violente dispute a éclaté. La querelle a persisté jusqu’à leur départ vers 9h50 ce matin-là, moment où Daana Laeticia Malabar est tombée dans le silence, jusqu’à la macabre découverte de son corps. Plus tard, le même jour, Brandon Malabar aurait rappelé sa belle-mère pour lui demander si elle avait des nouvelles de sa fille, prétextant que le couple s’était séparé à Curepipe et qu’il n’avait plus eu de ses nouvelles. Affolée, la mère a tout de suite commencé à appeler sa fille, en vain. Dans la foulée, elle s’est rendue au poste de police pour consigner une plainte pour la disparition de sa fille.
Alors que pendant ces trois jours, l’angoisse était à son comble chez la famille de la victime à Eau-Coulée, puisque Daana ne donnait pas de nouvelle, le calvaire des proches s’est accentué par la révélation du fils de la victime. « Le petit n’arrêtait pas de dire mama pe dodo deor. Mais personne n’a percuté ce que cela voulait dire », explique l’oncle, soulignant l’inconcevable tragédie d’un enfant qui a été témoin de l’horreur. Les mots du petit a pris sens à la découverte du cadavre en décomposition de la jeune maman, le mercredi suivant, à Curepipe.
Le suspect nie la préméditation, l’arme du crime retrouvée
L’oncle Alex, encore sous le choc, témoigne de la douleur des funérailles : « J’ai assisté aux funérailles. Cela a été d’autant plus dur quand ses enfants ont commencé à réclamer leur mère, réalisant qu’ils ne la reverraient plus. »
Du côté des autorités, il est confirmé que la victime a été poignardée avec un couteau de cuisine, lequel a été sécurisé par la police. L’autopsie, pratiquée par le département médico-légal de la police, a révélé que la cause de la mort était due à une « stab wound to chest ».
Au cours de son interrogatoire à la Criminal Investigation Division (CID) d’Eau-Coulée, Brandon Malabar a dit qu’il avait reçu un message alléguant que sa femme entretenait une relation amoureuse avec un autre homme. Même si les deux étaient séparés et que le suspect s’était lui-même amouraché d’une autre femme, il n’a pas digéré le fait que Daana puisse refaire sa vie sans lui. Dans ses vidéos sur les réseaux sociaux, il ne cessait de se vanter en disant : « Mo ena de fam mwa. »
Brandon Malabar a été traduit, mercredi, en Cour de Curepipe où une charge provisoire de meurtre a été logée contre lui, et il demeure en détention préventive. S’il nie avoir eu l’intention de tuer son épouse, la question qui taraude les enquêteurs est la suivante : si son acte n’était pas prémédité, pourquoi détenait-il un couteau sur lui ? L’enquête devra déterminer les circonstances exactes entourant la présence de cette arme et le mobile du crime.