Préscolaire : manif contre la fin de la gratuité prévue pour le 8 novembre

Le contrat avec les écoles privées étudié par le State Law Office

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La CTSP espère un dénouement « positif » après une nouvelle réunion à l’Éducation

Une assemblée d’employés du préscolaire, regroupés au sein de la Confédération des Travailleurs des Secteurs public et privé (CTSP), s’est tenue vendredi. Il a été décidé de tenir une manifestation, le 8 novembre prochain, à Rose-Hill, pour dénoncer la fin du préscolaire gratuit. La crainte de licenciements plane depuis que le gouvernement a pris la décision de revoir les modalités de la subvention. Seulement Rs 2 750 par enfant seront accordées, tous frais inclus.

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Sur les 779 établissements préscolaires enregistrés, 421 bénéficient du Grant-in-Aid (GIA) pour l’éducation gratuite. Parmi les restants, 186 sont des unités intégrées dans les écoles primaires et gérées par l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), 130 sont des écoles payantes et 42 sont des écoles municipales ou gérées par des conseils de district.

Ces institutions comptent 25 808 élèves de 3 à 5 ans. Le plus grand nombre est issu des écoles subventionnées (GIA), soit 13 696. Les établissements ECCEA en comptent 3 559. Les écoles payantes ont 7 682 élèves et celles gérées par les autorités locales, 871. Ce qui indique clairement que le plus grand nombre d’élèves, soit la moitié de la population du préscolaire, sont dans les écoles Grant-in-Aid.

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Avec la décision du gouvernement de revoir les modalités de la subvention, ce sera donc la moitié du nombre d’élèves du préscolaire qui seront affectés. Une première réunion entre le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad et les représentants de la CTSP la semaine dernière, a confirmé que le montant de la subvention à partir de janvier 2026 sera limité à Rs 2 750, par élève, tous frais inclus. Sous l’actuelle formule, le gouvernement prend en charge le salaire du personnel, du Manager et octroie un Operational Grant, dont le montant dépend du nombre d’élèves.

À titre d’exemple, une école ayant entre 10 et 25 élèves a droit à une subvention annuelle de Rs 240 000. Celle avec 176 élèves et plus obtient une subvention annuelle de Rs 650 000. Cet argent couvre la scolarité, le matériel pédagogique, le loyer et autres dépenses.

Avec la nouvelle formule, une école avec 10 élèves aura droit à Rs 27 500 mensuellement, ce qui devra couvrir tous les frais, notamment la scolarité, les salaires et le loyer. Ce qui sera nettement insuffisant et les écoles devront faire payer les parents. Une préoccupation se situe également quant aux éventuelles pertes d’emploi.

Toutes ces craintes ont été exprimées lors de l’assemblée tenue à la CTSP, vendredi. Les employés du préscolaire ont ainsi pris la décision d’organiser une manifestation pacifique le 8 novembre prochain, à Rose-Hill, pour faire entendre leur voix. Pour Reeaz Chuttoo, de la CTSP, la décision du gouvernement est inacceptable, car elle touche au fondement de la société. « Un gouvernement qui exclut les enfants vulnérables d’une éducation de base n’est pas digne. On va se retrouver demain, dans une société avec seulement deux classes : les dominés et les dominants. La classe moyenne va disparaître. Il n’y aura que les très riches et les extrêmement pauvres. »

Le négociateur indique qu’après l’arrêt de la subvention des frais d’examen de School Certificate et de Higher School Certificate pour les repeaters, il s’agit d’une nouvelle attaque sur les plus vulnérables. « Le prétexte du registre social pour les frais d’examen ne tient pas la route, car beaucoup de ces enfants ne pourront même pas aller au collège, s’ils n’ont pas une éducation de base. »

Reeaz Chuttoo relève également l’arrêt de la subvention pour les enseignants du Special Education Needs (SEN) qui suivaient des cours à l’Université de Technologie de Maurice (UTM). De même, il y a des employés des écoles SEN qui n’ont pas perçu de salaires depuis quatre mois, tandis que ceux du Foyer Trochetia attendent toujours leurs « shift allowance ».

Depuis un an, dit-il, une demande de réunion a été faite au ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron. « On est en train d’organiser toutes sortes d’Assises. Pour l’Éducation, le Travail, l’Environnement… Je me demande s’il ne faut pas plutôt organiser des Assises de la politique, pour que la population vienne dire ce qu’elle pense de ce gouvernement. »

Dans la foulée, Reeaz Chuttoo déplore le changement de langage concernant les travailleurs étrangers : « Avant les élections, on avait manifesté pour réclamer un quota, mais aujourd’hui, il n’y a plus de quota et les permis sont pour dix ans. » Nos jeunes qui seront privés d’éducation, ajoute-t-il, se retrouveront comme des travailleurs manuels dans une compétition féroce avec les travailleurs étrangers.

Les écoles payantes avantagées ?

Les 130 écoles payantes ayant décidé de ne pas rejoindre le système national sont principalement celles dont la scolarité est très élevée et que le Grant-in-Aid ne pourrait couvrir. L’autre raison est qu’elles ont leurs propres programmes, différents de celui de l’ECCEA, qu’elles auraient dû suivre, si elles avaient accepté le GIA. Cependant, au moment de la mise en œuvre du préscolaire gratuit, il avait été décidé que ces écoles continueraient à bénéficier de la subvention de Rs 400 par élève, applicable avant la gratuité.

Si cette modalité est maintenue avec la nouvelle formule, cela voudra dire que les écoles payantes auront aussi droit à la subvention de Rs 2 750. Ce qui explique pourquoi certains affichent déjà la satisfaction devant la nouvelle donne. Il faut savoir que certaines écoles payantes réclament jusqu’à Rs 25 000 par mois.

Une décision politique mal planifiée

Ce n’est un secret pour personne que la gratuité au préscolaire était une décision politique en vue des élections générales de 2024. Toutefois, cela relève d’une certaine légitimité, car l’éducation était déjà gratuite du primaire au tertiaire. Sauf que le préscolaire, qui constitue la base même de l’éducation, avait été tant délaissé par les différents gouvernements qu’il a fallu des initiatives privées pour combler le vide. Si certaines sont de véritables machines à cash, d’autres sont des petites écoles de quartier qui ont permis à de nombreux Mauriciens d’avoir droit à une éducation de base.

Sauf qu’une mauvaise planification a donné lieu à des abus. C’est ainsi qu’on a vu les loyers exploser dans certains cas, dès que le gouvernement a commencé à assurer la prise en charge. D’autres ont profité du délai de quatre ans, accordé aux Managers, pour l’obtention d’un Diploma in Early Childhood, pour placer leurs proches. Le salaire assuré pour ce poste est de Rs 35 000.

L’une des options qui aurait pu être envisagée pour assurer le préscolaire gratuit, c’est d’augmenter le nombre d’écoles gérées par l’ECCEA. La population des écoles primaires est déjà en baisse constante et les salles de classe auraient pu être aménagées pour accueillir plus d’élèves du préscolaire. Mais on n’en est pas encore là.

Le feedback du SLO attendu

Après une nouvelle réunion au ministère de l’Éducation, hier, le syndicat se dit positif et souhaite qu’une solution soit dégagée très bientôt. Jane Ragoo explique : « On nous a fait comprendre que le contrat avec les écoles privées – qui couvre la période 2024-25 – est à l’étude au State Law Office. La situation actuelle ne justifie en aucun cas une résiliation selon les termes du contrat. À la lumière des recommandations du SLO, une nouvelle proposition sera faite et devra être validée par le cabinet. Nous restons positifs. Nous espérons qu’une solution sera dégagée rapidement. »

Jane Ragoo ajoute que les enregistrements pour la rentrée scolaire de 2026 sont en cours et les responsables des écoles sont dans le flou. Les parents se posent également beaucoup de questions. « S’il n’y a aucune solution, nous irons de l’avant avec notre manifestation du 8 novembre. Les procédures ont d’ailleurs déjà été enclenchées. »

La CTSP a également sollicité une rencontre avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam, également ministre des Finances, à ce sujet.

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