La Financial Crimes Commission (FCC) se retrouve face à un travail de titan concernant les allégations de blanchiment d’argent visant l’homme d’affaires malgache Maminiaina (Mamy) Ravatomanga. L’enquête cible principalement ses entreprises enregistrées à Maurice sous le régime du Global Business Company (GBC) et opérant dans l’offshore.
Les enquêteurs ont jusqu’ici constaté que plusieurs sociétés détiennent des participations croisées dans ces entités, elles-mêmes contrôlées par d’autres compagnies basées à l’étranger. « C’est une véritable toile d’araignée », a confié un enquêteur de la Commission. La FCC soupçonne, en effet, la mise en place de sociétés-écrans destinées à dissimuler la traçabilité des flux financiers. L’un des principaux obstacles rencontrés par les officiers a trait à l’obtention des documents nécessaires, plusieurs sociétés affiliées aux entreprises mauriciennes étant enregistrées à l’étranger.
À titre d’exemple, la FCC a confirmé qu’une Global Business Company enregistrée à Maurice mène des activités offshore. La compagnie A (nom fictif) détient des comptes dans deux banques locales. Cette société est elle-même contrôlée par une compagnie B, enregistrée aux Seychelles, laquelle est détenue par une compagnie C, également basée aux Seychelles. Enfin, la compagnie C serait, selon les enquêteurs, placée sous le contrôle d’une holding company qui pourrait être enregistrée à Maurice. Ce type de montage rend la traçabilité des flux financiers extrêmement difficile. La FCC n’écarte pas la possibilité que des entités aient été créées uniquement pour diluer la provenance des fonds.
Pour vérifier les allégations de détournement de fonds, la FCC doit examiner l’ensemble des entreprises impliquées afin d’analyser leurs bilans financiers. Les enquêteurs disposent toutefois d’informations selon lesquelles une financial services company, basée au Caudan, aurait géré les dossiers d’une des sociétés subsidiaires de ce réseau. Ils espèrent ainsi obtenir des renseignements sur les mouvements de fonds à travers cette structure.
Cependant, comme plusieurs sociétés sont enregistrées dans des juridictions étrangères, la marge de manœuvre de la FCC reste limitée. Une perquisition effectuée récemment chez deux proches de Mamy Ravatomanga, au Réduit Triangle, s’est soldée par un échec : les officiers sont repartis bredouilles.
Le temps presse, car le Criminal Attachment Order visant les comptes bancaires de Mamy Ravatomanga, de son épouse et de ses sociétés à Maurice va expirer dans les prochains jours.
Il est, par ailleurs, fort probable que l’équipe légale de l’homme d’affaires conteste cet ordre devant la Cour suprême. La FCC devra donc présenter des éléments solides devant un juge en chambre pour maintenir cette mesure.
En interne, les enquêteurs travaillent de concert avec le département légal afin d’examiner la possibilité d’obtenir une ordonnance judiciaire contraignant les deux banques locales à remettre les documents bancaires relatifs aux entreprises de Mamy Ravatomanga.
Parallèlement, ils étudient les pièces transmises par Fanirisoa Ernaivo, envoyée spéciale du gouvernement de transition malgache, ainsi que celles fournies la semaine dernière par Me Siddhartha Hawoldar, avocat de Mamy Ravatomanga. Ces deux sources ont livré des versions contrastées, mais susceptibles de faire avancer l’enquête.