Dagotière district council hall : Le MTUC plaide pour l’immunité des syndicalistes

Le Mauritius Trade Union Congress (MTUC) vient d’organiser un atelier au Dagotière District Council Hall sur le thème “Agenda du travail décent”, auquel ont participé environ 75 délégués des affiliés de la MTUC. Le ministre du Travail, Reza Uteem, et le Deputy Chief Whip Pynivel Venkatasami étaient présents pour l’occasion.  Dans son discours, Adeel Moniaruch, secrétaire général de la MTUC, a plaidé pour que l’immunité soit accordée aux syndicalistes, car ces derniers sont souvent appelés à traiter avec des employeurs hostiles et peu coopératifs, ce qui entraînait souvent des affrontements sur le lieu de travail. Il a par ailleurs demandé que les dirigeants syndicaux « authentiquement reconnus » obtiennent du ministère un laissez-passer officiel leur permettant d’exercer leurs fonctions dans les locaux des entreprises sans entraves.
Le président du MTUC, Dewan Quedou, a, lui, expliqué qu’une délégation a rencontré le ministre, avec qui une discussion « intéressante et fructueuse » sur d’importantes questions de travail a été engagée. Il a noté avec satisfaction que certaines de leurs propositions ont été mises en œuvre, comme de donner plus de possibilités aux deux sexes ainsi qu’aux jeunes dans les conseils et autres commissions.
Le MTUC, présent à l’atelier des Assises du travail, explique avoir fait des propositions, affirmant que certains points de vue étaient partagés par d’autres confédérations, principalement concernant la création d’une Parastatal Bodies Service Commission, afin de traiter des conditions d’emploi et des recrutements dans les organismes publics. Le président Quedou a déclaré que la loi sur les relations de travail « ne définit pas clairement le rôle des confédérations, alors que les fédérations sont dûment reconnues et sont appelées à participer plus souvent aux négociations dans les comités tripartites ». Ainsi, selon lui, « il est temps que les fonctions des confédérations soient bien établies ».

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Conseil des syndicats

Un conseil central réunissant toutes les confédérations syndicales est impératif, dit Dewan Quedou, d’autant plus que l’OIT a recommandé et aidé à mettre en place le Conseil des syndicats. « Malheureusement, l’ego et l’hypocrisie de certains syndicalistes ont grandement entravé le fonctionnement du CDS. Aujourd’hui, le CDS compte cinq confédérations, tandis qu’une nouvelle plateforme a vu le jour avec certains syndicalistes voulant délibérément fermer le CDS. Ce conseil, qui est toujours enregistré selon la loi sur l’enregistrement des associations, devra être aligné d’urgence en vertu de l’ERA », soutient le président du MTUC.
Dewan Quedou a aussi évoqué « le triste sort de nombreux travailleurs étrangers » à Maurice, qui sont « exploités par certains employeurs et souvent traités de manière inhumaine ». Il poursuit : « Ces travailleurs étrangers sont amenés à Maurice pour remplacer nos travailleurs locaux, qui refusent d’effectuer certaines tâches dans des secteurs comme l’agriculture, la boulangerie, la fabrication et le textile, la construction, et même le tourisme. Par contre, nos travailleurs qualifiés quittent le pays pour aller travailler à l’étranger pour de meilleurs salaires. »
Le MTUC demande que ces travailleurs étrangers soient avisés de rentrer dans leur pays d’origine une fois leur contrat expiré. « Maurice étant un petit pays, nous ne pouvons pas accueillir une trop grande population de travailleurs migrants, ce qui peut entraîner des problèmes d’adaptation, comme c’est le cas dans de nombreux pays développés. Le gouvernement actuel a condamné le dernier régime, qui avait utilisé des travailleurs étrangers pour voter aux élections générales. Le MTUC est définitivement contre le droit de vote accordé aux travailleurs étrangers une fois qu’ils ont vécu au pays pendant au moins deux ans. »
Le président développe : « Prenons l’exemple des Mauriciens détenteurs de cartes OCI en provenance de l’Inde, et qui n’ont pas le droit de vote en Inde. » Dewan Quedou a insisté sur le fait que les travailleurs étrangers ne détenant pas de passeports mauriciens devraient être empêchés de voter, et ce, « par le biais des amendements nécessaires à nos lois ».
Il a également expliqué que le MTUC n’est pas satisfait de la façon dont le Trade Union Trust Fund accorde des subventions aux fédérations et confédérations, car ces dernières sont rarement contactées en cas d’approbation. Le MTUC a informé le ministre que les subventions sont accordées « de façon irrationnelle et discriminatoire », et lui a donc demandé de revoir d’urgence le fonctionnement et la composition du conseil d’administration du TUTF.

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Siège général

Le président du MTUC explique avoir demandé un terrain pour construire un quartier général pour les travailleurs. Demande qui a été faite trois fois, précise-t-il.
« Alors que les terres de l’État ont été et continuent d’être distribuées à des organisations socioculturelles d’origine communautaire, les organisations de travailleurs, elles, se voient refuser de telles installations », fait-il remarquer.
Dans les récentes propositions budgétaires du MTUC, la confédération a ainsi sollicité à plusieurs reprises la construction d’un siège général pour les travailleurs. « Les syndicats ont besoin d’urgence d’un tel bâtiment, où les travailleurs peuvent organiser librement des séminaires, des formations, des réunions, des conférences de presse sur les questions du travail… Et elle doit relever du ministère du Travail lui-même, et être située dans un endroit central, comme à Côte-d’Or. » Le MTUC a également proposé que tous les conseils d’administration comprennent au moins un syndicaliste qualifié, « et qui agirait comme chien de garde et représenterait la voix des travailleurs ».
Le ministre Uteem a pris note des demandes formulées par le MTUC, avant d’indiquer que certaines d’entre elles feront l’objet de discussions ultérieures, tandis que d’autres « prendront du temps ». Il a ensuite expliqué dans quelles circonstances les travailleurs étrangers ont été autorisés à voter, puisque la loi sur cette question remonte aux années 1960, « lorsque notre pays faisait partie du Commonwealth ».
En ce qui concerne la création d’une Parastatal Bodies Service Commission, le ministre Uteem s’est dit d’accord pour qu’un syndicaliste qualifié puisse être considéré comme membre de conseils d’administration… « Cela pourrait contribuer à accroître la transparence dans le fonctionnement de ces conseils », dit-il.
Le ministre a ensuite procédé à la distribution de Shields à des syndicalistes méritants ayant contribué aux activités des travailleurs par le biais d’initiatives du MTUC, à savoir le Dr Mohun Prasadsing Odit (décédé), Ramesh Ramnarain, Nundeo Chacoory, Vishnu Ramasawmy, G. Narsimooloo, Ajay Lachman, Azlam Damry. Sept autres jeunes syndicalistes ont pour leur part reçu des médailles du MTUC pour leur engagement dans la participation syndicale.
Le président du syndicat a enfin annoncé qu’un atelier sur le thème “Genre et développement” sera organisé pour les femmes syndicalistes et les dirigeantes d’ONG le 6 novembre avec la ministre de l’Égalité des genres en tant qu’invitée principale.

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