L’annonce de la fin du Free Pre-Primary Education Scheme, qui assurait la gratuité pour les enfants de trois à cinq ans inscrits en maternelle, provoque une vive inquiétude chez les acteurs du secteur. Si le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad affirme rester ouvert au dialogue, comme il l’a déclaré la semaine dernière à Week-End, la CTSP prévoit une manifestation pacifique le 8 novembre à Port-Louis.
À compter de janvier 2026, les écoles privées ne bénéficieront plus du remboursement intégral de leurs frais de fonctionnement. Annoncé dans le dernier budget, l’État versera désormais une subvention fixe de Rs 2 750 par enfant, le reste étant à la charge des parents. Si par exemple, une école facture Rs 10 000 mensuellement, les parents devront s’acquitter de la différence. Les 42 unités publiques rattachées à des écoles primaires ou aux conseils locaux conserveront, elles, la gratuité totale.
Durant la semaine, la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) a réuni plus de 300 éducatrices et directrices d’écoles à Rose-Hill pour exprimer leurs colères et inquiétudes. « Avec Rs 2 750 par élève, une école de dix enfants touche Rs 27 500. Un seul salaire coûte presque Rs 20 000. C’est intenable », souligne la CTSP. Jane Ragoo de la CTSP a pour sa part alerté sur les conséquences sociales de cette mesure. « Des centaines d’emplois sont menacés, et les enfants des familles modestes risquent d’être exclus. » Une lettre a été envoyée au Premier ministre pour réclamer une rencontre urgente. Faute de réponse, une manifestation est prévue à Port-Louis le 8 novembre. « Nous ne cherchons pas la confrontation, mais le dialogue. L’éducation préscolaire est le socle de tout apprentissage, il faut la protéger », plaide la syndicaliste.
Par ailleurs, pour Reeaz Chuttoo, président de la CTSP, cette réforme marque « un recul social ». Il rappelle que les salaires des enseignants avaient déjà été réduits en 2020 avant d’être rétablis sous pression syndicale. « On parle d’économie budgétaire, mais à quel prix ? Si envoyer un enfant de trois ans à l’école devient un luxe, alors l’égalité des chances n’existe plus », a-t-il déploré. Il estime que la subvention ne couvre pas les coûts réels.
Face à la grogne, le ministère de l’Éducation tente d’apaiser les tensions. Une réunion avec les syndicats et gestionnaires d’écoles est prévue dans les prochaines semaines, tandis qu’un rapport technique évaluera l’impact financier de la réforme. Dans une déclaration à Week-end la semaine dernière, le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, avait déclaré que « J’ai transmis leurs doléances à mes collègues du Conseil des ministres ainsi qu’au Deputy Prime Minister Paul Bérenger, que je remercie d’ailleurs. Nous avons décidé de tout faire pour trouver un terrain d’entente dans l’intérêt de nos enfants. Il s’agit d’une étape cruciale, soit d’écouter ce que les acteurs du secteur ont à nous dire. Il y a eu trop d’abus dans le système d’avant, avec la prolifération d’écoles préscolaires un peu partout. Ce n’était pas idéal pour nos enfants. »

