Sauvagement assassinée par son mari Brandon Malabar, le dimanche 12 octobre, Daana Malabar laisse derrière elle deux enfants de 5 et 3 ans. Après les avoir naturellement pris en charge, leur grand-mère, Vanessa Juhel, 44 ans, s’est engagée dans une course contre la montre pour obtenir leur garde légale et leur offrir un foyer stable. Mais entre les démarches administratives, les contraintes financières et le choc psychologique des petits, c’est un véritable combat du quotidien qui s’ouvre. Entre démarches judiciaires urgentes et ressources limitées, Vanessa Juhel se bat pour assurer la garde et la stabilité de ses deux petits-enfants.
Une fois l’horreur passée, lorsque les cris se sont tus et que le silence épais a envahi la maison, c’est un autre combat, plus long, plus invisible, qui a commencé pour Vanessa Juhel. Perdre sa fille est une déchirure qui ne se refermera pas. Mais voir les enfants livrés à l’incertitude aurait été une seconde blessure, plus insupportable encore. « Il est impensable pour moi d’imaginer devoir abandonner ces deux petits après ce qui s’est passé »,confie-t-elle à Week-End, la voix brisée mais tremblante de détermination.
Les deux enfants vivent aujourd’hui chez elle à Eau-Coulée. Leur quotidien s’est reconstitué autour d’eux : l’heure des repas, les habits préparés le matin, les bras prêts à rassurer au milieu de la nuit. Les jouets ont repris leur place dans la maison. Mais rien n’est encore stable. La garde doit être officialisée.
Un parcours du combattant semé d’obstacles financiers et légaux
Pour pouvoir inscrire les enfants à l’école, pour percevoir les aides auxquelles ils peuvent avoir droit, pour les accompagner dans leur suivi psychologique, Vanessa doit passer par la Cour de justice. Elle le sait. Elle a déjà engagé les démarches nécessaires. Mais cette procédure a un coût. Un coût juridique. Un coût administratif. Un coût humain. En attendant la grand-mère s’est déjà tournée vers la Sécurité sociale, espérant un répit.
Avec un salaire d’environ Rs 15 000, elle soutient déjà ses deux filles de 18 et 20 ans encore en études, ainsi qu’une nièce de 7 ans qu’elle élève déjà elle-même. Chaque décision, chaque déplacement, chaque papier à signer est un obstacle de plus, à franchir seule, dans l’ombre du deuil. « On m’a fait signer des documents, mais il me faudra quand même un ordre de la cour. Je ne peux pas avancer sans ça », explique-t-elle. Ajouter la responsabilité légale et morale de ses deux petits-enfants représente une charge colossale, un fardeau qui menace d’engloutir cette famille déjà éprouvée par le deuil.
Ce paradoxe la ronge : elle prend soin de ses petits-enfants au quotidien, mais administrativement et légalement, elle n’est que la grand-mère maternelle à l’autorité morale, mais rien n’existe encore sur le plan légal pour lui permettre d’en prendre soin avec le soutien matériel de l’État.
Le choc des enfants, le besoin d’accompagnement
Au-delà des démarches, il y a l’essentiel : les enfants et leur vie future. Le plus jeune, âgé de trois ans, aurait assisté à la scène. Depuis, certains mots, certains jeux, certaines phrases prononcées sans comprendre leur sens, reviennent comme des fissures dans le silence. La Children Development Unit (CDU) interviendra pour un accompagnement psychologique spécialisé. Un suivi nécessaire, peut-être pour des années. Vanessa n’a pas le choix, elle accepte de prendre ces traumatismes à gérer à son compte. Elle sait qu’il faudra du temps. Beaucoup de temps. Elle ne demande ni pitié, ni discours, ni promesses. Elle demande un soutien concret matériel et financier pour que ces enfants ne soient pas une nouvelle fois abandonnés à eux-mêmes.
Continuer à vivre, sans effacer
Dans la cour malgré les événements, la vie reprend son cours, les enfants recommencent à jouer. Parfois ils rient, parfois ils se taisent longtemps. La maison respire encore la douleur, mais aussi une volonté farouche de ne pas laisser la vie se défaire. « C’est mon rôle maintenant »,dit Vanessa. « Je dois veiller sur eux. Je dois les protéger de tout. » Et elle le dit sans héroïsme, sans colère, simplement comme on dit une vérité de sang. Comme une mère qui a perdu sa fille brutalement, mais qui se sent le devoir aujourd’hui d’assurer ce que la vie lui a enlevé.
Rappel des faits du meurtre de Daana Malabar par son mari Brandon
Le dimanche 12 octobre, une violente dispute, sur fond de jalousie et d’accusation d’adultère, éclate entre Daana Laeticia Malabar et son époux, Brandon Malabar, 31 ans, à Beau-Vallon. La jeune femme ne donne plus de nouvelles par la suite. Sa disparition est signalée. Le mercredi 15 octobre, son corps est retrouvé dans une maison abandonnée à Curepipe, portant une blessure mortelle au thorax causée par un couteau. Brandon Malabar est arrêté le même jour. Il reconnaît son implication. Une charge provisoire de meurtre est logée contre lui. Il demeure en détention préventive en attendant sa prochaine comparution, fixée au 29 octobre.

