« Le Federal Bureau of Investigation et d’autres autorités d’enquête étrangères impliqués »
Le rapport sur l’atterrissage du jet privé déposé sur la table de l’Assemblée nationale, hier, par le chef du gouvernement
L’atterrissage du jet privé en provenance de Madagascar a dominé la première partie des travaux parlementaires d’hier avec l’arrivée d’une Private Notice Question concoctée par le leader de l’opposition, Joe Lesjongard. Ce dernier voulait être en présence des noms de passagers et des membres d’équipage à bord et le nombre de valises en leur possession ; les motifs de l’arrestation de trois personnes par la Financial Crimes Commission (FCC) ; les conclusions du rapport d’enquête sur les circonstances de l’incident, en indiquant les mesures prises et si le rapport sera rendu public. Le Premier ministre a fait comprendre que l’enquête en cours comporte des ramifications internationales, et le Federal Bureau of Investigation a déjà envoyé une demande d’information et a offert son aide dans l’enquête concernant la vente à l’Iran de cinq Boeing 777 en violation de l’embargo imposé par les États-Unis. Le Premier ministre a aussi annoncé son intention d’avoir recours aux services du Federal Bureau of Investigation et d’autres autorités d’enquête étrangères internationales pour aider à l’enquête. Par ailleurs, le Premier ministre a rendu publics le rapport et la conclusion de l’enquête sur les circonstances de l’atterrissage du jet privé.
Le Leader of the House a indiqué que le 12 octobre 2025, à la suite d’une demande formulée par Jet Prime Ltd, une filiale d’Airport Holdings Ltd, au nom de Trans Ocean Airways, d’abord pour une évacuation sanitaire, puis à des fins touristiques et enfin pour une pénurie de carburant – et conformément aux pratiques recommandées par l’aviation civile internationale – le Département de l’aviation civile a autorisé l’avion à atterrir.
L’avion, un Cessna citation 560XL immatriculé 5RHMR, a atterri le 12 octobre 2025 à 00 h 44. Il y avait cinq passagers, à savoir Ravatomanga Ramy Nivo, Haingonirina Ravatomanga Maminiaina ; Ravatomanga Ramy Mialy Tiana ; NTSAY, Louis Christian ; Ravatomanga Aina Fenosoa ; et deux membres d’équipage : Ramanantsoa Mijarizaka Raollison (Commandant de bord) et Hasiniavo Zuzie Raymond. Deux hauts fonctionnaires du Département des douanes de l’Autorité fiscale de Maurice se sont rendus à Jet Prime Ltd à 0 h 45 et ont donné l’autorisation d’atterrir aux cinq passagers et aux deux membres d’équipage. Neuf bagages et six sacs à main ont été scannés et dégagés pour les passagers. Deux sacs à main ont été scannés et dégagés pour les membres de l’équipage.
Les cinq passagers ont déclaré qu’ils avaient en leur possession un total de 10 000 euros, ce qui est dans le seuil autorisé (500 000 roupies par passager).
Le Premier ministre a observé que le 13 octobre 2025 à 14 h, le Département des douanes de la Mauritius Revenue Authority a procédé à une fouille de l’avion en présence du commandant de bord. Rien de compromettant n’a été trouvé, à l’exception d’un sac en forme de valise. Le capitaine a expliqué que le sac appartenait à Maminiaina Ravatomanga. Le sac était sécurisé et n’a pas été ouvert. Un rendez-vous a été fixé le 14 octobre 2025 pour un examen en présence de son propriétaire, Maminiaina Ravatomanga. Le sac a été ouvert et ne contenait qu’un accessoire de toit ouvrant de voiture. Ce sac ressemblant à une valise faisait partie des sacs qui ont été scannés et dédouanés le 12 octobre 2025, mais le propriétaire a demandé à ce qu’il soit rendu à bord car il n’en aurait pas besoin pendant son séjour à Maurice.
Navin Ramgoolam a mis en avant qu’il est de notoriété publique que l’arrestation d’une personne par la FCC, comme toute autre autorité chargée de l’enquête, est fondée sur des soupçons raisonnables qu’une infraction a été commise par cette personne.
« Je crois également comprendre que la FCC a demandé l’avis du directeur des poursuites pénales avant l’arrestation. Les trois personnes ont été arrêtées en raison de leur implication présumée dans l’infraction de blanchiment d’argent. L’enquête est en cours au niveau de la FCC. Ce dernier a déjà communiqué officiellement sur son site internet à ce sujet », a dit Navin Ramgoolam.
Par ailleurs, à la demande du Conseil National de Défense de la Transition, Fanirisoa Ernaivo et Anthelme Ramparany ont été autorisés à entrer à Maurice le 17 octobre 2025 pour fournir des informations et coordonner les actions concernant les investigations impliquant Maminiaina Ravatomanga.
Navin Ramgoolam a précisé que conformément à la politique de son gouvernement d’être transparent et responsable dans les affaires publiques, contrairement au gouvernement précédent, il dépose une copie du rapport, y compris les conclusions de celui-ci.
« Cette enquête a des ramifications internationales, et le Federal Bureau of Investigation a déjà envoyé une demande d’information et a offert son aide dans l’enquête concernant la vente à l’Iran de cinq Boeing 777 en violation de l’embargo imposé par les États-Unis. Je propose de faire appel aux services du FBI et d’autres autorités d’enquête étrangères internationales pour aider à l’enquête », s’est appesanti le Premier ministre.
Joe Lesjongard : Ce scandale, avec beaucoup de ramifications, a débuté depuis le premier jour et implique de nombreuses institutions très importantes de notre pays, ainsi que des nominés politiques du gouvernement actuel.
Le Premier ministre peut-il informer la Chambre pourquoi le Premier ministre suppléant n’a pas été informé de la demande pour ce jet d’atterrir ? Ne pensez-vous pas qu’il aurait dû être mis au courant ?
Navin Ramgoolam : J’en suis certain. He should have been made aware.
JL : Pourquoi, alors, n’a-t-il pas été informé ?
NR : Vous verrez dans le rapport. Je vais le déposer. (Le PM brandit le rapport.) Je peux le déposer maintenant. Ils ont suivi les procédures dures. Peut-être qu’ils n’ont pas regardé les implications politiques, et ils ont permis à l’avion d’atterrir. Ce qu’ils ont vérifié sur le World Check, sur tous ces vols internationaux… Ils ne font pas tous les contrôles, malheureusement.
Je ne vais pas venir à la Chambre pour dire qu’ils n’ont pas vérifié. Mais ils ont suivi toutes les procédures. Ils n’ont rien vu contre ces personnes et les ont autorisées à atterrir à l’aéroport.
JL : Dans sa lettre de démission, Madame la Présidente, l’ancien membre du Board d’Airport Holdings Ltd et de Jet Prime Ltd, a affirmé que la direction de Jet Prime avait participé personnellement à l’évacuation d’une personne en difficulté à partir de Madagascar.
Pouvons-nous comprendre que les raisons données par le pilote pour l’atterrissage d’urgence n’étaient pas correctes, et que les autorités locales à l’aéroport étaient bien conscientes de cette situation ? Peut-on dire que les raisons avancées par le pilote pour l’atterrissage d’urgence n’étaient pas exactes ?
NR : Je ne peux pas dire qu’ils étaient bien informés. Lorsqu’on regarde le rapport, on a l’impression qu’ils s’étaient préparés. D’abord, ils ont mis de l’avant des raisons médicales ; ensuite, ils ont parlé de raisons touristiques ; et finalement, ils ont affirmé qu’ils étaient à court de carburant.
Évidemment, il y a beaucoup de choses. Jet Prime aura à répondre à ces questions et à expliquer quelles étaient ses implications. Il me semble qu’il y a eu préméditation.
JL : Monsieur le Premier ministre, voulez-vous dire que personne n’a été informé au niveau du PMO ?
NR : L’Aviation civile et le Passport and Immigration Office font partie de mon bureau.
JL : En relation avec l’enquête en cours de la Financial Crimes Commission, le Premier ministre peut-il informer la Chambre si la démission du commissaire J. F. a un rapport avec l’enquête actuelle ? Peut-on savoir si des mesures seront prises contre lui ?
NR : Comme je l’ai toujours dit, Madame la Présidente, we will leave no stone unturned. Quiconque est impliqué devra répondre de ses actes. J’ai vu dans les journaux qu’il a donné sa démission pour des raisons personnelles, mais une enquête est en cours. Il sera convoqué, j’en suis sûr, s’il ne l’a pas déjà été.
JL : Madame la Présidente, le Premier ministre doit être conscient des très sérieuses allégations formulées contre des officiers de la FCC, y compris le Acting Director General, concernant un éventuel trafic d’influence. Peut-il assurer que, s’il y a une enquête visant un officier de la FCC, ce ne sera pas la FCC elle-même qui mènera cette enquête, et que les décisions nécessaires seront prises pour assurer le bon fonctionnement de l’institution ?
NR : Nous ne vivons plus à l’époque du MSM.
JL : Vous êtes au pouvoir maintenant, je suis sûr que vous pouvez nous dire…
NR : Ce monsieur aurait été autorisé à quitter Maurice tranquillement, rien ne se serait passé, mais l’argent aurait circulé sous la table. Ce n’est pas le cas ici. Personne ne sera épargné. Et d’ailleurs, the proof of the pudding is in the eating. Que se passe-t-il maintenant ? Des personnes sont arrêtées, interrogées, personne n’est épargné.
JL : Madame la Présidente, il y a aussi des allégations concernant une réunion qui aurait eu lieu à Quatre-Bornes, en présence de M. J. F. et d’autres personnes. Le Premier ministre peut-il informer la Chambre s’il est au courant de cette réunion et confirmer si J. M. L., président du Central Electricity Board, y était également présent ?
Je suis tenté de me référer…
Speaker : Ne soyez pas tenté…
JL : Je pourrais également dire que j’apprends, par la presse, que des personnes proches de la direction du MSM seraient aussi impliquées. Mais je ne suis pas enquêteur. Laissons la FCC faire son travail. Ils vont interroger tout le monde.
JL : Est-il conscient que, pendant cette réunion, il y aurait eu une conversation téléphonique avec un membre de son gouvernement ?
NR : Comment pourrais-je le savoir ? Laissons l’enquête déterminer les faits.
JL : Madame la Présidente, nous savons que Madagascar a été suspendue par l’Union africaine. Est-ce que le Premier ministre est conscient que le député Premier ministre a déclaré aux médias que le gouvernement avait de très bonnes relations avec le nouveau président et le nouveau régime ? Est-il conscient que le gouvernement reconnaît le nouveau président de Madagascar ?
NR : Le député n’a pas d’expérience en matière diplomatique, c’est clair. Il n’a pas d’expérience. Il y a eu un takeover. Ce n’est pas vraiment un coup d’État militaire, comme certains le disent. Il y a eu une révolte à Madagascar. Cela aurait été différent si les militaires étaient venus et avaient fait un coup d’État. C’est différent. Mais ils ont pris le pouvoir. L’ancien président a quitté le pays.
Ce que nous voulons, c’est que Madagascar revienne à un gouvernement civil par des élections. C’est ce que nous essayons de faire.
JL : Le Premier ministre peut-il dire quelle est la position de la SADC ?
NR : La SADC s’est rendue là-bas, mais nous ne savons pas ce qui s’est passé ensuite.
JL : Le Premier ministre a-t-il informé la Chambre si lui-même ou le Premier ministre adjoint ont été en communication avec l’ancien président de Madagascar lorsqu’il a quitté le pays ?
NR : Je n’en sais rien. Aucun d’entre nous n’a été en contact.
JL : Le pilote a donné plusieurs raisons pour justifier l’atterrissage du jet : la première étant médicale. Est-ce que le ministère de la Santé était au courant ?
NR : Tout d’abord, ils ont dit qu’il s’agissait d’une évacuation médicale. Deuxièmement, de tourisme. Troisièmement, d’un manque de carburant à l’aéroport. Donc, trois raisons différentes le même jour, à la même heure. Le principal accusé est maintenant en prison.
Il est trop facile pour quelqu’un d’aller à la clinique et de dire qu’il a un problème cardiaque. On doit envoyer des policiers, des agents du ministère de la Santé, pour vérifier si c’est vrai ou pas. Il faut vérifier.
JL : Pourquoi le pilote a-t-il été autorisé à partir ?
NR : Il y avait deux pilotes. Ils ont été examinés, et comme il n’y avait rien contre eux, ils ont été autorisés à partir. Un nouveau système sera introduit.
JL : Est-ce que le jet privé s’est approvisionné en carburant avant de partir ?
NR : L’enquête examinera tout cela. Le capitaine a dit qu’il n’y avait pas assez de carburant, et ils ont été autorisés à partir.
JL : Quel type de passeports les voyageurs détenaient-ils ?
NR : Je ne sais pas. L’enquête en cours se penchera sur cette question.
JL : Le Premier ministre adjoint a déclaré en conférence de presse qu’il n’était pas au courant de l’incident, tandis que le directeur exécutif de Jet Prime affirme avoir informé le Premier ministre à tout moment.
NR : Il ment.
JL : L’actuel Premier ministre a également exprimé sa déception que les deux vols à destination de Madagascar aient été annulés à ce moment-là. Le directeur d’Air Mauritius a répondu que c’était pour des raisons de sécurité.
JL : Pouvez-vous demander à l’actuel Premier ministre si cela a été clarifié ?
NR : Je ne comprends pas la question. La question porte sur cet avion. Vous parlez maintenant d’autres avions.
Adrien Duval : Concernant les allégations de blanchiment d’argent : est-ce que le Premier ministre révélera les noms des banques, des compagnies et des promoteurs immobiliers à Maurice qui ont aidé cette personne à accumuler autant d’argent, contrairement aux règlements de la FATF ? Est-ce que des mesures seront prises pour protéger le secteur des services financiers et l’intégrité économique ?
NR : Je me souviens que votre père était ministre des Finances alors que tout cela se produisait sous le gouvernement du MSM. No stone will be left unturned.
AD : (Revenant à la charge) Mais concernant les noms ?
NR : Ce n’est pas à moi de révéler les noms. Une enquête est en cours.

