Une affaire pour le moins troublante, mêlant séquestration alléguée et diffusion d’une vidéo intime, a été rapportée, mardi, aux postes de police de police de Montagne-Longue et Pamplemousses. Deux plaintes distinctes impliquent un technicien de 32 ans de Crève-Cœur et un habitant (36 ans) de Notre-Dame.
Selon le technicien, l’incident s’est produit vers 15h15, alors qu’il se trouvait à un arrêt d’autobus près de la gare de Montagne-Longue. Il a affirmé qu’un fourgon de couleur grenat, de marque Isuzu, s’est arrêté à sa hauteur. Quatre hommes y sont descendus pour l’agresser physiquement et le forcer à monter dans le véhicule. Le technicien raconte qu’il a été conduit en direction du terrain de jeu de Crève-Cœur, puis sur un sentier de canne isolé près de Bassin-Loulou, où il aurait de nouveau été agressé physiquement au visage, à la tête et à l’épaule. Ses agresseurs lui auraient reproché d’avoir harcelé son ex-compagne, une femme domiciliée à Notre-Dame.
Après cet épisode, le groupe l’aurait finalement conduit au poste de police de Montagne-Longue, avec l’intention de déposer une plainte contre lui. Selon le technicien, les policiers sur place auraient discuté avec le groupe avant de le laisser partir. Blessé à l’épaule droite et souffrant de douleurs corporelles, il s’est ensuite rendu à l’hôpital SSR pour des soins.
Ce trentenaire a tenté, dans la soirée, de faire enregistrer une plainte officielle pour séquestration et agression, mais selon le rapport interne, sa déclaration n’a pas été immédiatement consignée. Les registres de la police de Montagne-Longue indiquent qu’il a appelé le poste à 18h29 pour demander un formulaire médical, puis de nouveau à 19h38 pour insister sur l’enregistrement de sa déposition.
Agacé par la demande des policiers qui lui ont demandé de patienter, il aurait menacé de porter plainte auprès de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC). C’est au poste de police de Pamplemousses qu’il a fait sa déclaration.
Quelques heures plus tôt, vers 12h55, un habitant de Notre-Dame, âgé de 36 ans, employé dans une société parapublique, avait déposé une plainte pour violation de l’Information and Communication Technologies Act (ICTA). Il a dit avoir reçu sur son téléphone portable, via une application de messagerie, une vidéo à caractère sexuel impliquant sa belle-sœur et un homme présenté comme le même technicien de 32 ans de Crève-Cœur.
La vidéo, qui circulerait déjà sur les réseaux sociaux, aurait été partagée initialement par un ami de cet habitant de Notre-Dame, qui a été informé du contenu avant que ne lui soit transmise la séquence. Selon sa déposition, la jeune femme concernée – âgée d’une trentaine d’années et domiciliée à Notre-Dame – a reconnu avoir entretenu par le passé une relation intime consentie avec le technicien, mais a affirmé ignorer l’existence d’un enregistrement vidéo de nature sexuelle.
Le plaignant a aussi soutenu que le numéro de téléphone de son épouse apparaissait dans la vidéo, ce qui a fait que cette dernière a reçu des appels indésirables de plusieurs inconnus, provoquant chez elle un état de choc. Une clé USB contenant la vidéo devait être remise aux enquêteurs pour les besoins de l’enquête.
Les deux dossiers, enregistrés à quelques heures d’intervalle, sont étroitement liés. D’un côté, un technicien se dit victime de séquestration et d’agression motivées par une dispute sentimentale.
De l’autre, un membre de la famille de son ex-compagne dénonce la diffusion non consentie d’une vidéo intime, infraction passible de poursuites sous l’ICTA.
Les enquêteurs devront désormais déterminer les responsabilités dans cette affaire, où vie privée, vengeance personnelle et atteinte à la dignité semblent s’entremêler. La présence de caméras dans la zone de Crève-Cœur et la traçabilité numérique du contenu partagé sur les réseaux sociaux devraient aider la police à faire la lumière sur les circonstances exactes de ces événements.

