Face à la crise climatique à la conférence AUB–UNESCO : Rajesh Bhagwan salue le rôle essentiel de la presse

• Les journalites loués  pour être la « voix de nos réalités insulaires », capables de « transformer la conscience en action ».
Le ministre de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique, Rajesh Anand Bhagwan, a livré un message fort, lundi 27 octobre, à l’ouverture de la conférence AUB–UNESCO sur le changement climatique et la réduction des risques de catastrophes pour les petits États insulaires africains (SIDS). Devant les représentants de l’Union africaine de radiodiffusion, de l’UNESCO, du système des Nations unies et des médias, le ministre a salué le rôle essentiel des journalistes, « voix de nos réalités insulaires », capables de « transformer la conscience en action ».
Rajesh Bhagwan a dressé un tableau précis des menaces auxquelles Maurice est confrontée :depuis les années 1950, la température moyenne y a augmenté de 1,39 °C, soit davantage que la moyenne mondiale de 1,1 °C. Les précipitations ont chuté de 8 %, tandis que le niveau de la mer s’élève plus rapidement qu’ailleurs, aggravant l’érosion côtière, le blanchissement des coraux et les dégâts sur les infrastructures littorales.
Une étude récente prévoit un recul du littoral mauricien et rodriguais de 5 à 50 m d’ici 2050, mettant en péril les moyens de subsistance, le tourisme et la sécurité alimentaire. À cela s’ajoute une baisse prévue de 13 % des ressources en eau et jusqu’à 30 % de la production agricole. « Pour nous, les SIDS africains, le changement climatique n’est pas une théorie lointaine. C’est une marée montante », a déclaré le ministre.
Adaptation, planification et solutions fondées sur la nature
Face à cette urgence, Maurice s’apprête à lancer la préparation de son Plan national d’adaptation avec le soutien du Fonds vert pour le climat. Ce plan visera les principaux secteurs prioritaires et s’appuiera sur une approche intégrée, axée sur les solutions fondées sur la nature.
Le ministre a également évoqué la collaboration avec le UNEP Copenhagen Climate Centre, qui accompagne les autorités mauriciennes dans le renforcement des capacités locales et la mise en œuvre de projets pilotes à Grand Sable et à Port-Louis. Ces initiatives combinent réhabilitation côtière et gestion des pertes et dommages dans les zones les plus vulnérables.
Au total, 33 sites côtiers érodés, représentant environ 31 km de littoral, seront réhabilités d’ici 2027 pour renforcer la résilience des communautés côtières.
Une contribution nationale ambitieuse
Rajesh Bhagwan a par ailleurs rappelé la récente soumission du NDC 3.0 mauricien au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le 29 septembre 2025, conformément aux obligations de l’Accord de Paris.
Le pays s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2035 par rapport au scénario “business as usual”. Ce plan repose essentiellement sur le secteur énergétique, responsable de plus de 75 % des émissions, et fixe comme objectif d’atteindre 60 % d’énergies renouvelables dans le mix national, tout en supprimant totalement le charbon.
Dans une lettre officielle adressée au ministre, le secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, a salué une démarche « cohérente et ambitieuse », alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris et démontrant la « volonté de Maurice d’agir de manière responsable et exemplaire
Vers la COP30 : justice climatique et financement
Le ministre a confirmé que Maurice sera représentée à la COP30, en novembre à Belém, au Brésil, où la délégation nationale — menée par le ministre des Affaires étrangères Dhananjay Ramphul — plaidera pour un meilleur accès au financement international, notamment pour l’adaptation et la compensation des pertes et dommages.
« L’adaptation est pour nous une question de survie, pas un choix», a-t-il martelé, appelant les pays développés à honorer leurs engagements financiers et à reconnaître les besoins spécifiques des petits États insulaires.
Maurice y présentera également quatre vidéos de sensibilisation illustrant les défis et solutions locales, afin de porter un message visuel fort en faveur de la justice climatique et du partenariat mondial.
Les médias comme catalyseurs de changement
En conclusion, Rajesh Bhagwan a exhorté les journalistes à « raconter les histoires de résilience plutôt que celles de désespoir ». Pour lui, « les faits informent, mais les histoires transforment ».Il a rappelé la décision historique de la Cour internationale de justice en juillet 2025, reconnaissant la responsabilité des grands émetteurs face aux pertes subies par les petits États insulaires — une victoire due à la mobilisation d’étudiants du Pacifique soutenus par 132 pays, dont Maurice. « Les jeunes ont porté la plus grande cause du monde devant la plus haute cour internationale. À travers vos récits, faites entendre ces voix qui refusent la fatalité », a conclu le ministre, appelant à « montrer une Afrique insulaire debout, source de solutions, de courage et d’innovation ».
Hors-texte –
L’ONU salue l’ambition climatique de Maurice
Dans une lettre datée du 29 octobre 2025, le secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, a félicité le ministre Rajesh Bhagwan pour la soumission du NDC 3.0 mauricien.Il salue « un plan cohérent et ambitieux » visant à réduire les émissions de 40 % d’ici 2035, à porter les énergies renouvelables à 60 % et à supprimer totalement le charbon, en conformité avec l’Accord de Paris. Simon Stiell appelle enfin Maurice à « poursuivre son leadership » à l’approche de la COP 30 à Belém, rappelant que « l’action climatique ambitieuse ouvre de vastes opportunités économiques ».

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques