Un développement inattendu est survenu dans le processus de ratification du traité sur les îles Chagos au Royaume-Uni. Le projet de loi visant à entériner l’accord, qui prévoit le transfert de la souveraineté de l’Archipel des Chagos (territoire britannique de l’océan Indien) à l’île Maurice, a été mis en suspens par le gouvernement travailliste suite à la menace d’une défaite à la Chambre des Lords.
Le traité, signé par le Premier ministre en mai, stipule que le Royaume-Uni abandonnerait sa souveraineté sur le territoire et verserait à Maurice £30 milliards sur 99 ans.
La décision de mettre le projet de loi en pause, initialement prévu pour l’étape de la commission aux Lords ce mardi matin, fait suite au dépôt d’un amendement par un pair conservateur, Lord Callanan. Cet amendement exige que le gouvernement consulte les Chagossiens britanniques avant de procéder à la ratification de l’accord.
Le gouvernement, ne disposant pas de la majorité à la Chambre des Lords et craignant que les Libéraux-Démocrates ne votent avec les Conservateurs, a préféré retirer temporairement le texte pour éviter une défaite sur la question de la consultation. Pour les ministres, l’enjeu était d’éviter d’être contraints de consulter les Chagossiens.
Le report de la législation met en lumière la division et le dilemme autour de la communauté chagossienne. Déplacés de force de Diego Garcia et des autres îles entre 1968 et 1973, de nombreux Chagossiens ne souhaitent pas que l’archipel soit rétrocédé à Maurice.
Christopher Howarth, du Centre for Better Britain, un groupe faisant campagne sur la question, a salué le délai. Il a déclaré que le gouvernement avait « poussé la cession des îles Chagos au Parlement contrairement au manifeste travailliste et contre la volonté du peuple chagossien qui ne veut pas que les îles soient cédées. » Il espère que le gouvernement abandonnera complètement le projet de loi.
Le « deal Chagos » a également soulevé d’importantes critiques au sein du Parti conservateur et du parti Reform, qui le considèrent comme un accord de « capitulation » mettant en péril la sécurité britannique. La base militaire stratégique de Diego Garcia, utilisée pour des opérations dans le Moyen-Orient et des renseignements, est au cœur des préoccupations.
Les critiques ont exprimé des craintes quant aux liens étroits de Maurice avec la Russie et la Chine, qui pourraient compromettre l’avenir de Diego Garcia. Le Foreign Office britannique a cependant affirmé que l’accord Chagos comprendrait des clauses visant à empêcher la Chine et la Russie d’établir des bases d’espionnage sur les îles voisines.
Le récent accord a d’ailleurs été salué par la Chine comme une « réalisation majeure ». L’ambassadeur de Pékin à Maurice a confirmé que la nation rejoindrait prochainement l’initiative chinoise de la « Nouvelle Route de la Soie » (Belt and Road initiative).
Le gouvernement n’a pas encore annoncé ses prochaines étapes. Toute modification apportée par la Chambre des Lords pourrait cependant être renversée par la Chambre des Communes, où le gouvernement détient la majorité. Le projet de loi avait été adopté par les députés le mois dernier par 320 voix contre 171.
Source : The Telegraph

