FCC — Opération Sov Lapo : Mamy Ravatomanga interrogé pour blanchiment et trafic d’influence

L’homme d’affaires malgache traduit devant la Cour de Port-Louis aujourd’hui, après une nouvelle séance d’interrogatoire

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Douze jours après son arrestation par la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre de l’opération Sov Lapo, Maminiaina (Mamy) Ravatomanga, âgé de 56 ans, a été conduit hier au Réduit Triangle pour sa première séance d’interrogatoire. L’exercice portait principalement sur des soupçons de blanchiment d’argent et de trafic d’influence. Toujours sous suivi médical, l’homme d’affaires – qui a pris connaissance des faits qui lui sont reprochés – les a niés en bloc. Il n’a toutefois pas encore livré sa version détaillée, laquelle sera enregistrée dans les jours à venir.

Dans un premier temps, la Financial Crimes Commission a informé Mamy Ravatomanga que son téléphone portable, actuellement sous scellé, sera examiné dans le cadre de l’enquête. Les enquêteurs soupçonnent que l’appareil pourrait contenir des éléments importants, notamment des communications liées à la rencontre de Quatre-Bornes, le 14 octobre dernier. Cette vérification se fera en sa présence afin d’éviter toute appréhension quant au professionnalisme des informaticiens de la Commission.

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La Financial Crimes Commission a ensuite indiqué qu’elle soupçonne Mamy Ravatomanga d’être en possession de sommes issues de Proceeds of Criminal Activities. Elle le suspecte également d’avoir procédé à des opérations de blanchiment d’argent à travers des sociétés offshore enregistrées à Maurice. Le montant évoqué s’élèverait à Rs 6,4 milliards au sein de différentes entreprises, ainsi qu’à Rs 858,4 millions sur ses comptes bancaires personnels. Cet argent serait lié à des activités criminelles présumées commises à Madagascar et dans d’autres juridictions.
Mamy Ravatomanga a rejeté toutes ces accusations et a indiqué qu’il fournira des explications détaillées concernant les sommes mentionnées. Pour l’heure, il a renvoyé la Financial Crimes Commission à son affidavit, dans lequel il affirme avoir déjà clarifié plusieurs points.

Par ailleurs, la rencontre « secrète » de Quatre Bornes a été brièvement abordée lors du second volet de l’enquête. L’homme d’affaires a confirmé y avoir été présent, mais n’a pas pu s’étendre davantage sur le sujet. Conformément à l’accord conclu avec son équipe médicale et légale, son interrogatoire ne devait pas excéder quatre heures pour des raisons de santé. L’exercice reprendra ce jeudi.

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Cette rencontre avait eu lieu dans la soirée du 14 octobre, au domicile d’un proche de Junaid Fakim, alors que ce dernier occupait encore le poste de commissaire de la FCC. Dans le sillage de ces allégations de trafic d’influence, la FCC a procédé à l’arrestation de Junaid Fakim, de l’activiste politique Nasser Osman Bheeky, et de Christian Thomas, un employé de Mamy Ravatomanga. Tous trois sont toujours détenus… dans des cliniques.
Il est par ailleurs fort probable que le milliardaire soit provisoirement inculpé devant le tribunal de Port-Louis ce jeudi. La Financial Crimes Commission a informé ses avocats de cette éventualité, laquelle interviendra après la deuxième séance d’interrogatoire. Reste à savoir si les enquêteurs s’opposeront à une éventuelle libération sous caution.

C’est vers 9 h 30 hier, une équipe de la FCC, assistée par la police, s’est rendue à la clinique Premium Care de Phoenix pour récupérer Mamy Ravatomanga. Ce dernier était accompagné de Me Khushal Lobine, qui veillait au respect des procédures et rassurait du même coup sa garde rapprochée. L’homme d’affaires a été conduit en ambulance, sous escorte policière, jusqu’au Réduit Triangle. Sur place, il a été accueilli par Mes Siddhartha, Senior Counsel, et Nirakar Hawoldar.
L’équipe légale est montée dans la salle d’interrogatoire avec son client, tandis que le personnel médical se tenait prêt dans une autre pièce, en cas de nécessité.

À l’issue de cette première séance de quatre heures, Mamy Ravatomanga a été reconduit à la clinique en ambulance. Sur place, la police et deux officiers de la Financial Crimes Commission montent la garde 24h/24, et nul n’est autorisé à le rencontrer sans l’approbation du Director of Inquiry de la FCC. Par ailleurs, sur le parking de Premium Care, une escouade de la Special Support Unit (SSU) assure également une présence “round the clock”.

 

Me Siddhartha Hawoldar : « Nou klian anvi korpere »

Me Siddhartha Hawoldar affirme que Mamy Ravatomanga souhaite pleinement coopérer avec la Financial Crimes Commission afin de faire toute la lumière sur les allégations portées contre lui.
« Nou pou travay dan la transparans », a-t-il déclaré, précisant que l’interrogatoire de son client n’a débuté que douze jours après son arrestation, car « li gagn enn pepin de sante ».
L’avocat a ajouté que, pour des raisons médicales, Mamy Ravatomanga ne sera interrogé qu’un maximum de quatre heures par séance. « Par la suite, il retournera en clinique », a-t-il précisé.
Me Siddhartha Hawoldar a également salué le professionnalisme des officiers de la FCC : « Nou gagn enn akey korek ek enn anbians de travay korek ».
Et ce, avant de conclure : « mo klian, dan enn bon eta dam, inn donn so version. »

 

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