La baisse de Rs 2.75 sur le litre d’essence est insuffisante, estime Jayen Chellum, de l’Association des Consommateurs de l’Ile Maurice (ACIM). De plus, cela fait presque deux mois que les consommateurs attendent une nouvelle liste de produits subventionnés, comme promis par le gouvernement. Jayen Chellum s’interroge sur ce blocage et se demande s’il y a un lobby du secteur privé.
L’ACIM accueille la baisse de Rs 2.75 sur le litre d’essence, décidée par le Petroleum Pricing Committee, cette semaine. Jayen Chellum se félicite du combat constant mené par l’association sur ce dossier. Il affirme que pas plus tard que le 10 octobre, une correspondance en ce sens avait été adressée au ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen. De plus, une réunion de travail a eu lieu avec le secrétaire financier et d’autres officiers du ministère des Finances, jeudi dernier.
Cependant, l’association estime que la baisse de Rs 2.75 est nettement insuffisante vu le profit accumulé sur la vente de l’essence. « De 2023 à ce jour, la STC a fait des profits de Rs 1,8 milliard sur la vente de l’essence.
Cela, en raison de la baisse sur le marché mondial. À notre avis, une baisse de Rs 5 sur le litre d’essence aurait été plus raisonnable. Espérons que d’ici à Noël, il y aura une nouvelle baisse de Rs 2.25 », fait-il comprendre.
Jayen Chellum avance qu’il y a une grande frustration des consommateurs dans le pays et que le gouvernement en est bien conscient. « Comme nous l’avons déjà démontré, nous sommes le pays où l’essence et le diesel sont vendus plus chers par rapport au salaire moyen. En Australie par exemple, le salaire moyen est de Rs 164 186 et le litre d’essence coûte Rs 45.58, contre Rs 20.37 pour le diesel. À Trinidad et Tobago, le salaire moyen est de Rs 41 197, avec le litre d’essence à Rs 51.68 et le litre de diesel à Rs 29.40. À Maurice, le salaire moyen est de Rs 43 488, le litre d’essence est à Rs 55.98 et le litre de diesel à Rs 57.99 », dit-il.
Le secrétaire général de l’ACIM relève également que pour économiser Rs 100, suivant la nouvelle baisse, un automobiliste devra dépenser au moins Rs 2 500. « Koumadir pe donn 1 kwiyer delo pou apez ou laswaf… » Jayen Chellum avance que la contribution sur certains items composant le calcul du prix du carburant aurait pu être revue à la baisse. Ce qui aurait eu un impact sur le prix de l’essence et du diesel. « Il y a des gens qui utilisent la farine et le gaz subventionnés pour faire du commerce. Nous savons tous qu’il y a des restaurants qui utilisent le gaz ménager et que le dholl puri, pizza et autres gâteaux sont concoctés à partir de la farine subventionnée. Est-ce normal que la population paie pour que d’autres engrangent des profits? »se demande-t-il.
Il affirme avoir déjà évoqué cette question avec le ministre Sik Yuen – qui a affirmé que le ministère est en train d’enquêter. « Nous aimerions bien que les retombées de ces enquêtes soient communiquées. Le public aimerait bien savoir ce qui se passe », poursuit-il.
Par ailleurs, Jayen Chellum dit demeurer dans l’attente de la deuxième liste de prix de produits essentiels subventionnés. Comme on le sait, le gouvernement a octroyé une enveloppe de Rs 10 milliards sur cinq ans pour un Price Stabilisation Fund, soit Rs 2 milliards par an. Une première liste de produits a été présentée en septembre dernier. Elle concerne cinq produits, soit le lait en poudre, l’huile de soja, le lait pour bébé, les couches et le fromage. La deuxième liste devrait couvrir les grains secs, couches pour adultes et boîtes de conserve, entre autres. Un comité interministériel présidé par le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, travaille dessus.
Toutefois, Jayen Chellum fait ressortir que cela fait presque deux mois que cette liste est attendue. Il se demande s’il y a un blocage à ce niveau. « Lors de la première réunion tripartite que nous avions eue à ce sujet, nous avions noté que le secteur privé est réticent, comme d’habitude. La question que je me pose : le lobby du secteur privé est-il trop fort pour ce gouvernement ? » estime-t-il.
Il ajoute que l’ACIM a fait des propositions pour que de nouveaux produits soient ajoutés à la liste des produits subventionnés. Mais à ce jour, il n’y a aucune indication, car la réunion tripartite a été remplacée par un comité ministériel. « Même lorsqu’il y avait la réunion tripartite, nous étions étonnés d’apprendre par la suite qu’il y a eu une subvention accordée aux boulangers, alors que cela n’avait pas été discuté…», dit-il.
Il dénonce cette situation vu que seul le pain maison est contrôlé et que les boulangers commercialisent plusieurs types de pains spéciaux, dont les prix ne font pas l’objet de contrôle.

