Égalité salariale entre enseignants du primaire et du secondaire : une question de justice éducative
Le débat sur la disparité des salaires entre les enseignants du primaire et ceux du secondaire à Maurice persiste depuis plusieurs décennies. Il soulève une question essentielle de justice, d’équité et de reconnaissance professionnelle. Les éducateurs du primaire jouent un rôle décisif dans la formation intellectuelle et émotionnelle des enfants, mais leur rémunération demeure inférieure à celle des enseignants du secondaire, malgré la nature tout aussi exigeante de leur travail.
Les enseignants du primaire initient les élèves à la lecture, à l’écriture, au calcul et aux compétences de base de la vie quotidienne. Ils sont les premiers guides qui éveillent la curiosité, développent la discipline et inculquent les habitudes d’apprentissage qui accompagnent les enfants tout au long de leur parcours scolaire. Cette mission requiert une grande patience, une pédagogie raffinée et un engagement émotionnel constant. Les enseignants du secondaire, pour leur part, poursuivent cette œuvre sur les fondations déjà posées. Les deux niveaux sont donc complémentaires et indispensables, et toute hiérarchie salariale entre eux crée un déséquilibre structurel injustifié.
L’argument en faveur de l’égalité salariale n’est pas seulement moral : il repose aussi sur des principes économiques et politiques solides. Les enseignants des deux cycles suivent des formations reconnues, participent au perfectionnement professionnel et contribuent directement aux résultats éducatifs du pays. Maintenir des salaires inégaux envoie un message de dévalorisation aux enseignants du primaire, entraînant démotivation, baisse du recrutement et affaiblissement de la qualité de l’éducation de base.
De plus, l’égalité salariale est conforme aux recommandations internationales, notamment la Recommandation de l’UNESCO de 1966 sur la condition des enseignants, qui plaide pour une rémunération équitable pour un travail d’égale valeur sociale.
En conclusion, instaurer la parité salariale entre enseignants du primaire et du secondaire permettrait de rétablir la justice, de renforcer la dignité professionnelle et de garantir un système éducatif plus cohérent et performant. Valoriser tous les enseignants à la même hauteur, c’est investir dans l’avenir éducatif et social de la nation mauricienne.
Suttyhudeo Tengur
Négociateur GHTU
5 novembre 2025
