À Cap Tamarin : Les contours d’un parc public se dessinent

  Kian Jhuboo (Managing director de Trimetys) : « Notre vision, c’était de ramener dans le village les qualités de l’urbain »

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Connecter l’ouest au reste de l’île et surtout reconnecter les Tamarinois à l’identité profonde de leur village. Tel est le pari audacieux du groupe Trimetys, porteur du projet Cap Tamarin Smart & Happy Village. Loin des grands bâtiments de la capitale ou des grands centres financiers des hauts, le projet Cap Tamarin veut redessiner les contours de ce village balnéaire, conciliant modernité, héritage historique, respect de l’environnement et surtout cohésion sociale. Nous avons rencontré Kian Jhuboo, Managing Director de Trimetys. Entre terre et mer, ce grand amoureux de son île, et de son village natal, nous a fait visiter un des points pivaux du projet, soit le parc public de Cap Tamarin, niché au cœur de l’écoquartier en devenir. Reportage.

Accéder à la côte ouest de l’île n’est pas une mince affaire, entre les embouteillages et la chaleur ! Un tracas, en passe d’être résolu avec le By-Pass de Flic-en-Flac, nous confie d’emblée Kian Jhuboo, que nous avons rencontré à Cap Tamarin pour une visite du futur parc public, si cher au groupe Trimetys et aux frères Jhuboo qui y ont grandi. «Avant, personne ne voulait habiter à Tamarin pour de multiples raisons et au fil des années, il y a eu majoritairement des morcellements à Tamarin. Nous, on a eu la chance d’avoir nos terrains à l’entrée du village», dit-il. «Avec mon frère aîné, on s’est demandé : que faire de nos terrains? On aurait pu vendre ou construire un morcellement classique, avec de grands murs. Mais on voulait créer de la valeur, pas seulement pour nous, mais pour le village.»

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C’est ainsi qu’est née, petit à petit, ou«tipa tipa», comme nous le dit Kian Jhuboo, l’idée d’un aménagement urbain global, guidé par une vision de long terme, à travers Cap Tamarin. Si le projet tombe officiellement sous le Smart City Scheme, le groupe Trimetys rassure que ce ne sera pas un énième projet de bétonage, mais un projet d’aménagement et d’urbanisation intelligente comme le nom l’indique. Kian Jhuboo nous raconte qu’il y a plus de 20 ans, les premiers jalons de ce projet sont d’ailleurs posés avec l’école Paul et Virginie, ouverte sur un terrain loué à bail, à des amis qui venaient d’aménager à Tamarin. Puis quelques années plus tard, Riverland, un espace de sports et de loisirs est inauguré. Un modèle inédit à l’époque, explique-t-il, car Riverland est avant tout un club ouvert, pensé pour la communauté, fonctionnant sur un principe de membership, mais sans barrières.

«Notre vision, c’était de ramener dans le village les qualités de l’urbain avec l’éducation, la santé, les loisirs. D’ailleurs, comme dans tous les cœurs urbains, c’est la proximité piétonne qui prime», explique Kian Jhuboo. À mesure que les infrastructures se développent, école, clinique vétérinaire, commerces, parcs, la vie s’organise autour d’un principe simple où tout doit être accessible en dix minutes à pied. Mais au-delà des infrastructures, le groupe Trimetys a surtout voulu préserver l’âme de Tamarin, qui est un village balnéaire empreint d’histoire.

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Les concepteurs insistent ainsi sur la construction d’espaces publics de qualité. «Un des angles les plus importants de ce projet, c’est les espaces publics de qualité. On veut créer un environnement ouvert à tous. Et la vision c’est que si l’on veut de la densité urbaine, et qui est paradoxalement le plus écologique, car c’est compact et cela réduit le déplacement, le développement du tissu social et économique est plus important», dit-il.

Il nous explique que la loi du Smart City Scheme impose d’ailleurs qu’au moins 50 % de la surface soit dédiée à des activités non résidentielles, parce que c’est cela qui va créer de l’activité. Kian Jhuboo nous confie que l’école Paul et Virginie a, à elle seule, transformé le quotidien de nombreux habitants. «Elle a créé des emplois, des vocations. Un ancien chauffeur de taxi pour un hôtel de la région a aujourd’hui cinq vans pour transporter les élèves. Une anecdote parmi d’autres qui illustre comment l’économie locale s’est structurée autour de ces nouvelles activités.»Et ajoute qu’«un morcellement, ça crée des emplois seulement pendant la période de construction, et peut-être plus tard quelques petits emplois. Là, on crée un écosystème.»

Bien conscient de la frayeur et réticence que les Mauriciens pourraient avoir à l’égard des Smart Cities, le Managing Director de Trimetys se veut rassurant. D’ailleurs, face au projet de Smart City de Cap Tamarin, il nous confie que «bien sûr, tout le monde n’a pas accueilli le changement avec enthousiasme. Certains habitants historiques se sont montrés réticents, craignant de voir disparaître l’âme du village, en voyant les grands supermarchés, etc. Mais avec le temps, les infrastructures et les espaces publics se sont imposés comme des atouts partagés. Ce sont des facilités que tout le monde utilise.»Après quelques minutes de marche, nous arrivons dans le parc. À l’abri des arbres centenaires, des employés du coin mangent leur«tifin»,avec vue sur rivière.

En effet, au centre du projet d’aménagement urbain de Cap Tamarin, se trouve un parc public de plusieurs arpents, conçu comme un pivot entre le quartier historique, la baie et Cap Tamarin «qui est un quartier en devenir de Tamarin/Rivière-Noire.»Un amphithéâtre de plein air y a été aménagé il y a deux ans, entouré de buttes paysagères et d’arbres endémiques et exotiques. «Mon frère aîné et mon petit frère sont tous les deux pointilleux s’agissant des plantes endémiques, etc. Moi, je ne m’y connais pas trop», nous lance-t-il avec un large sourire.

Le lieu est ouvert, gratuit et entretenu. «Ça reste un parc public. On veut qu’il reste vivant, un peu “rough”, pas trop lisse. C’est un lieu pour les familles, les enfants, les pique-niques.»Si le parc n’est pas tout à fait prêt, Kian Jhuboo nous dit que quatre terrains de pétanque et une future rampe de skate pour les enfants seront bientôt installés. «Que vous ayez Rs 100 ou Rs 100000 en poche, cela ne change rien. Vous pourrez jouer à la pétanque ensemble. C’est ça, un espace public de qualité.»Il indique qu’éventuellement le parc pourrait être privatisé pour des événements culturels.

Le parc se prolonge jusqu’à la rivière, où les gens pourront peut-être péché leur tilapia, avec leur canne, un dimanche après-midi… Avec les river reservesde 16 mètres, les berges sont régulièrement nettoyées et préservées, favorisant à la fois l’écologie et la promenade. Pour lui, la valeur d’un lieu ne se mesure pas seulement à l’immobilier. «Mettre de côté un terrain pour en faire un espace public, cela peut paraître insensé pour beaucoup, c’est renoncer à un gain immédiat. Mais c’est créer une richesse collective, sociale, environnementale, durable. C’est ce que nous avons voulu faire.»De plus, Kian Jhuboo et ses frères ont souhaité ainsi partager une partie de leur enfance sur ces terres qui les ont vu grandir. «Nous ne détruisons rien, nous ne changeons rien. Il y avait des craintes de part et d’autre, d’amis pêcheurs, etc., mais nous ne touchons pas à ce qui est déjà là. Ce sont des biens communs et précieux que nous devons préserver.»

Très soucieux de l’environnement, Kian Jhuboo nous indique qu’il y a quelques années un bassin de traitement des eaux pluviales a été construit dans le parc justement, remplaçant l’ancien open drain en béton allant directement a la rivière. «Dans la vision d’aménagement, on a installé un bassin débourbeur-déshuileur en amont et en aval, qui protège la rivière et la baie.»Par ailleurs, la prochaine fois que vous passerez par Cap Tamarin, levez les yeux au ciel… aucun câble ne traverse le ciel : tout est enterré ! L’objectif, nous dit Kian Jhuboo, c’est de promouvoir un développement harmonieux, intégré au paysage.

«On veut que ce soit un quartier où il fait bon vivre, mais aussi un espace qui préserve ce qui fait le charme de l’ouest avec la mer, la rivière, les gorges, ce coastal lifestyle qui attire tant de gens.»Il ajoute par ailleurs que « le projet a commencé bien avant la loi sur les Smart Cities. La législation a simplement donné un cadre légal à notre vision. Ce qu’on fait, c’est de l’aménagement du territoire à long terme. » Ainsi, à titre d’exemple, le centre commercial Super U, souvent perçu comme massif, répond à un besoin réel. «Certains amoureux de Tamarin trouvent ça trop grand. Mais le centre-ville ne peut exister sans commerces et services de proximité.»

Une proximité qui reste au cœur de l’aménagement urbain pensé et imaginé par Trimetys. Ainsi, les premiers plans d’urbanisme, dessinés en 2006 par une architecte visaient déjà à créer un centre-ville piétonnier. Or, la route nationale traversait le cœur du village. D’où le projet de la dévier pour dégager un espace apaisé, propice à la marche et à la vie de quartier. À terme et «tipa tipa», Kian Jhuboo nous explique qu’une nouvelle connexion reliera la rue de l’église de Tamarin aux anciennes piles du pont de Tamarin, permettant de relier les deux rives. Le parc deviendra ainsi le point de rencontre entre les différentes zones et sera un lieu d’activités, de culture et de lien social.

Le projet qui s’inscrit sur une centaine d’arpents, dont près de 80 % déjà développés en non-résidentiel a ainsi pour vocation de faire Cap Tamarin le centre-ville de Tamarin. «Quand on observe la région de Tamarin–Rivière Noire, la couronne autour de la Tourelle, on se rend compte qu’il n’y a plus de vraie séparation. Le statut de ville, on va y arriver», assure-t-il. En attendant que l’ouest s’urbanise et que Cap Tamarin s’épanouisse davantage, les Tamarinois, eux, continuent de vivre en dilettante…

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