Environnement — Initiative d’Eco-Sud — Urgence climatique : pour une réponse collective selon la réalité du terrain

À l’initiative d’Eco-Sud, plusieurs associations se sont regroupées sous le projet Mycélium. Le but étant de faire le lien entre les crises environnementales et les crises sociales. Car selon les expériences et témoignages sur le terrain, les groupes les plus vulnérables sont souvent les plus impactés par les catastrophes. Après une année de travail en réseau, un atelier de travail a été organisé afin de partager les leçons apprises et de coconstruire une réponse collective, alignée sur la réalité du terrain.

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« Justice environnementale et sociale : vers une réponse collective fondée sur les données et la réalité de terrain. » Tel est le titre de l’atelier organisé par Eco-Sud, hier, sous le projet Mycélium. Celui-ci regroupe 13 associations, engagées dans les domaines social, droits humains, développement communautaire et éducation, entre autres. « Cela a démarré en 2023 et s’est concrétisé sous le projet Mycélium en 2024. Le but est de relier les points entre les crises environnementales et les crises sociales », explique Rachel Bhoyroo, responsable de plaidoyer d’Eco-Sud.

Elle ajoute qu’au départ, les associations n’étaient pas conscientes du lien entre le vécu de leurs bénéficiaires et l’urgence environnementale du jour. « Ce projet vise à créer des ponts, car les catastrophes environnementales viennent aggraver la fragilité et les inégalités. Nous avons vu comment les personnes vulnérables victimes des inondations, par exemple, perdent tout et doivent toujours recommencer », indique-t-elle.

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Elle cite aussi la situation dans l’éducation, où ceux qui sont déjà en difficultés scolaires sont fragilisés davantage lorsqu’ils sont en rupture scolaire, à cause des conditions climatiques. « Le but du projet Mycélium est de mettre la lumière sur ces fragilités, afin que les politiques publiques et environnementales agissent pour diminuer ces inégalités. Le projet permet aussi de rendre visibles ceux que nous ne voulons pas voir parfois », poursuit-elle.

Rachel Bhoyroo est d’avis qu’il y a une absence de données concernant les enjeux environnementaux sur le plan national. Raison pour laquelle l’atelier vise également à déterminer comment parvenir à une collecte d’information sur ce plan. « Nous ne pouvons faire des projets sans connaître la réalité du terrain », estime-t-elle.

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Elle indique qu’un projet pilote de collecte de données sur le lien entre les crises environnementales et sociales est en cours. « C’est un gros chantier et seules, en tant qu’associations, nous ne pourrons tout faire. Il nous faut l’aide de l’État pour une enquête au niveau national, avec des solutions concrètes », ajoute-t-elle.

Cet atelier a été marqué par la présence du Directeur des Poursuites Publiques, Rashid Ahmine, Senior Counsel, et du président de la National Human Rights Commission, Satyajit Boolell, Senior Counsel. Rachel Bhoyroo affirme à ce sujet : « cela nous rassure que des institutions comme le bureau du DPP et la NHRC sont là pour entendre ces expériences. C’est important pour la justice sociale et environnementale. Si demain il y a des personnes affectées qui veulent porter plainte, au moins elles seront au courant du problème. Les données que j’évoquais plus tôt constitueront également des outils pour le bureau du DPP. »

Lors de l’atelier, plusieurs ONG, ainsi que des bénéficiaires, ont témoigné des situations sur le terrain. Josique, de l’association Believe In, qui fait de l’art thérapie auprès des enfants de Tranquebar, témoigne que les événements comme les inondations sont traumatisants pour les enfants. « Quand il y a des pluies torrentielles, les enfants sont stressés, paniqués. Ils se demandent s’ils vont perdre leurs affaires, s’ils pourront retourner à l’école. Nous essayons de les rassurer en leur disant de ne pas s’inquiéter car nous allons les aider », confie-t-elle.

Elle a évoqué également les difficultés pour les enfants de quitter leurs maisons et se réfugier dans un centre. « J’ai déjà vu des parents prendre les enfants et les mettre sur la maison, pour les protéger des inondations. Lorsqu’ils doivent aller se réfugier dans le centre, ils doivent traverser un torrent de boue, car la rue est inondée. C’est un traumatisme pour eux. »

Hana Telvave, activiste trans, a parlé de la nécessité d’investir dans la recherche, afin de savoir comment les populations stigmatisées sont affectées par les problèmes environnementaux. « Est-ce que, en tant que personne trans, je suis en sécurité quand je mets les pieds dans un centre de refuge ? » s’est-elle demandé. Elle ajoute que le fait de subir des discriminations dans une situation d’urgence, où l’on ne sait où se réfugier et si l’on aura à manger, est d’autant plus éprouvant.

Tout perdre et tout recommencer

Lysie Tuyau, habitante de Poste-de-Flacq, mère d’un enfant en situation de handicap, a témoigné du stress vécu en périodes de grosses pluies. Elle indique qu’en sus de perdre toutes ses affaires, c’est très compliqué d’aller dans un centre de refuge avec un enfant handicapé.

Sandra, mère célibataire vivant près d’une rivière, témoigne qu’à chaque inondation, elle perd toutes ses affaires et doit recommencer de zéro. « Si en plus il se met à pleuvoir quand je suis au travail, je suis d’autant plus stressée. »
Marilène Sakir, de l’association Joie de vivre, Poste-de-Flacq, également présidente de son village, a insisté sur la nécessité de collaboration entre les autorités et les communautés. « Faites un geste et nous ferons le reste », a-t-elle dit. Selon elle, il y a un manque d’outils pour aider les citoyens à réagir en situation d’urgence. Elle a également souligné les difficultés liées aux centres de refuge. « Si vous mettez un enfant autiste dans un centre de refuge avec d’autres personnes, il risque de faire des crises. »

David Bablee, coordonnateur de la gestion des catastrophes à la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, a parlé de l’accès à l’information. Il a cité en exemple le Land Drainage Master Plan, précisant que beaucoup de personnes ignorent qu’elles vivent dans une zone inondable. Il a insisté sur la nécessité de trouver une formule pour que l’État et les citoyens, puissent travailler en synergie.

Outre les ONG, plusieurs départements du gouvernement étaient également représentés à cet atelier. Citons les ministères de l’Environnement, de l’Égalité des Genres, des Administrations régionales, la Météo, le National Disaster Risk Reduction and Management, ainsi que des District Councils.

 

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