Malgré une pluie persistante, le public mauricien a répondu présent samedi soir au Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC), où le légendaire groupe sud-africain Ladysmith Black Mambazo a offert un concert d’une rare intensité. Organisé par Immedia, l’événement, bien que non complet, a séduit par la puissance vocale et l’authenticité de ses interprètes. Un moment vibrant de culture et d’émotion qui restera longtemps gravé dans les mémoires.
La soirée, prévue à 19h30, a débuté avec environ 25 minutes de retard en raison d’un accident de la route ayant perturbé l’arrivée du public. Ce contretemps n’a toutefois pas entamé la bonne humeur ni l’enthousiasme des spectateurs, bien décidés à profiter d’un moment musical d’exception.
« Mo pase larivier Taniers, mo zwenn enn vie granmama, mo dir li ki li fer la, li dir mwa li lapes kabo. » C’est sur les notes de cette berceuse traditionnelle créole que le groupe Select Singers, emmené par Sophie Némorin, a ouvert le bal de la première partie. Leur interprétation sensible et soignée de La Rivière Taniers, tirée du célèbre Prince du séga Serge Lebrasse, a immédiatement conquis le public.
Le groupe a ensuite enchaîné avec Dodo Baba, Amani, Upendo et Umoja, des chansons porteuses de messages de paix, d’amour et d’unité. Leur performance, sincère et maîtrisée, a été chaleureusement applaudie.
La salle a ensuite eu droit à une belle prestation de Katrin Caine, montée sur scène aux côtés de The Island Voices et du Children’s Rainbow Choir. Ensemble, ils ont livré une série de morceaux d’une grande justesse, dont une excellente version de Chante l’amour de Kaya, suivie de Mauritius, My Lovely Island, Bring Me a Little Water, Silvy et Drunken Sailor. Leur interprétation, alliant puissance vocale et douceur harmonieuse, a su créer un véritable moment de communion avec le public, qui reprenait volontiers les refrains en chœur. L’ensemble de cette première partie, assurée par The Mauritian Voices, a véritablement charmé l’audience par ses harmonies chaleureuses et son énergie communicative, installant une atmosphère conviviale et festive avant l’entrée en scène des invités d’honneur.
Un hymne à la paix et l’harmonie
Lorsque les membres de Ladysmith Black Mambazo, vêtus de leurs tenues traditionnelles africaines colorées, ont fait leur entrée sur la scène du SVICC, une vague d’émotion a immédiatement parcouru la salle. Ce n’est pas tous les jours qu’un groupe récompensé par cinq Grammy Awards se produit à Maurice. Pour leur première venue dans l’île, ils ont offert une prestation mémorable, mêlant intensité vocale, finesse harmonique et chaleur communicative.
Le groupe ne se contente pas de chanter : il raconte une histoire, celle d’un peuple, d’une culture et d’une humanité tournée vers l’unité. Leur style isicathamiya, héritage des chants zoulous traditionnels, s’est mêlé à des messages universels de paix et de fraternité.
Dès les premières notes, le public a été transporté par la pureté de leurs chants a cappella, exécutés avec une maîtrise exceptionnelle. Les harmonies flottantes, les gestes synchronisés et les sourires des chanteurs ont créé une atmosphère chaleureuse et captivante. Le public, conquis, a accompagné les artistes en frappant dans les mains et en reprenant certains refrains.
Au fil de la soirée, le groupe a alterné passages contemplatifs et rythmes entraînants. Les chants traditionnels et les chorégraphies légères ont invité le public à partager pleinement l’expérience, tandis que certains spectateurs ont été invités à monter sur scène, créant des moments de complicité spontanés. L’un des temps forts a été l’hommage rendu à Joseph Shabalala, fondateur du groupe, décédé en 2020. Dans une lumière tamisée, les chanteurs ont interprété un de ses titres emblématiques, dans une prestation à la fois solennelle et émouvante.
Tout au long du concert, Ladysmith Black Mambazo a su faire vibrer la salle, mêlant puissance, douceur et énergie communicative. À la fin, les applaudissements nourris témoignaient de l’impact immédiat de leur musique : une célébration de la culture, de la fraternité et de l’humanité. L’ambiance, à la fois festive et spirituelle, a rappelé pourquoi Ladysmith Black Mambazo reste, depuis six décennies, un symbole vivant de la culture sud-africaine. En quittant la scène, le groupe a laissé derrière lui un souvenir impérissable, prouvant que la musique peut rassembler, émouvoir et inspirer, au‑delà des mots et des frontières.
Une escale mauricienne unique
Cette escale mauricienne ne se limitait pas à un simple concert. Quelques jours avant l’événement, Ladysmith Black Mambazo avait animé une Masterclass au Caudan Arts Centre, rassemblant une cinquantaine de participants venus découvrir les secrets du chant isicathamiya et échanger avec ces véritables ambassadeurs de la culture sud-africaine. Malgré le temps pluvieux et l’absence de salle comble, l’atmosphère était électrique.
Le public, composé de toutes les générations, a répondu présent : frappant dans les mains, reprenant les refrains et se laissant emporter par les harmonies puissantes et les rythmes envoûtants du groupe. Chaque chanson, qu’elle soit contemplative ou entraînante, offrait aux spectateurs un moment de joie, de communion et d’émotion, transformant la salle en un véritable festival de voix et de vibrations.
La soirée a également été marquée par la présence de personnalités de premier plan, témoignant de l’importance culturelle et diplomatique de l’événement. Parmi elles figuraient Ashok Subron, ministre de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, la haute-commissaire d’Afrique du Sud, Hlamalani Nelly Manzini, le Dr Anne-Marie Ancia, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, Lisa Simrique Singh, coordinatrice résidente des Nations Unies à Maurice et aux Seychelles, ainsi que Paul Brummell, haut-commissaire britannique à Maurice.
ENCART
Rama Poonoosamy appelle
à une rénovation urgente du SVICC
Avant la prestation de Ladysmith Black Mambazo, Rama Poonoosamy, directeur d’Immedia, a pris la parole pour souligner l’importance du Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC) et la nécessité de sa modernisation. « Le SVICC nécessite une maintenance, une rénovation approfondie, ainsi qu’une modernisation complète », a-t-il déclaré en s’adressant au ministre Ashok Subron.
Ouvert en 2005, le SVICC est l’un des plus grands lieux d’événements à Maurice, accueillant concerts, conférences, salons et manifestations culturelles depuis près de 20 ans. Selon Rama Poonoosamy, après deux décennies d’utilisation, le centre mérite un rajeunissement complet afin de rester attractif et fonctionnel pour tous les types d’événements. « Il est crucial que le SVICC puisse accueillir davantage d’événements à un coût de location plus abordable, tout en offrant des infrastructures modernes et adaptées aux standards internationaux », a ajouté le directeur d’Immedia, pointant également du doigt la gestion actuelle par Landscope Mauritius Ltd, qu’il juge non satisfaisante.
Pour le directeur d’Immedia, ce lieu emblématique doit retrouver tout son potentiel culturel et événementiel, permettant à Maurice de continuer à organiser des spectacles et des événements de grande envergure, tout en offrant au public et aux artistes un cadre moderne et agréable.
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