Période festive : Temu, toujours le choix des Mauriciens ?

La période des fêtes approche à grands pas et, comme chaque année, les Mauriciens se lancent dans leurs achats. Cette fois encore, les plateformes de vente en ligne attirent les foules : le e-commerce gagne du terrain, et Temu s’impose comme l’un des acteurs les plus prisés. La plateforme, qui propose une vaste gamme de produits, à des prix particulièrement bas, revendique plus de 416,5 millions d’utilisateurs actifs dans le monde, parmi lesquels figurent de nombreux Mauriciens.

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De plus en plus de consommateurs locaux choisissent Temu pour leurs emplettes de fin d’année, au moment où les commerçants du pays tentent de composer avec la montée du shopping en ligne.

Aurore Laviolette, habituée de l’e-commerce, a opté pour Temu pour ses achats festifs. Pour elle, l’équation est simple. Les prix y sont nettement plus attractifs que sur le marché local. Elle évoque notamment l’écart constaté sur certaines catégories de produits,  « Les prix sur Temu sont trois fois moins chers, surtout en ce qui concerne les accessoires éducatifs et sportifs », dit-elle.

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L’accès à une offre indisponible localement pèse aussi dans sa décision. Aurore souligne qu’elle trouve sur la plateforme des articles introuvables à Maurice, ce qui, selon elle, justifie pleinement son choix. Mais elle reconnaît également que cette politique de prix bas représente une menace pour les petits commerces. Ces derniers, obligés de dégager des marges pour survivre, peinent à concurrencer Temu. Cependant, la consommatrice nuance, « Je n’hésiterai pas à soutenir le marché local si je vois que leurs produits sont de bonne qualité et se vendent à un prix à leur juste valeur », ajoute-t-elle.

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Yoan Francis, lui aussi, fait ses achats de fin d’année sur Temu. Il rappelle que les magasins mauriciens ne peuvent s’aligner sur les prix de la plateforme, en raison de charges supplémentaires comme l’importation ou les loyers. Mais Yoan reconnaît un revers : les produits reçus ne correspondent pas toujours aux photos. Une qualité parfois décevante. Pour trouver un équilibre entre prix et fiabilité, il répartit ses achats entre boutiques locales et e-commerce. « Ça me fait plaisir de soutenir les Mauriciens. Mais parfois, la différence de prix est tellement grande que tout le monde ne peut pas suivre », dit-il. Cette année, il achètera ses cadeaux de Noël sur Temu. « Temu aide à acheter plusieurs vêtements ou des petits cadeaux sans se ruiner. » Pour lui, la plateforme permet de faire plaisir à sa famille sans dépasser son budget.

Keshilya Seeloyee partage, elle aussi, une expérience positive avec Temu. Elle met en avant la rapidité de livraison et des prix compétitifs, notamment pour les vêtements. « Je reçois ma commande en deux semaines », affirme-t-elle, estimant le service meilleur que sur d’autres plateformes. Son panier est surtout composé d’articles vestimentaires,  « J’achète surtout des vêtements sur Temu, car c’est bon marché et il y a un grand choix, pour toutes les tailles ». Elle insiste même sur la qualité, affirmant n’avoir « jamais été déçue ». Les nombreuses réductions renforcent sa fidélité. Concernant l’achat local, Keshilya regrette les prix élevés,  « Mo kapav soutenir komers lokal, mais zot pri extra for ».

Un avis partagé par Pravish et Ravisha Tooree, qui se tournent également vers Temu pour leurs achats de fin d’année. Selon eux, la plateforme propose « des produits de bonne qualité à prix bas ». Ils se disent prêts à acheter local uniquement pour les produits de première nécessité, ou si la qualité est nettement supérieure. « Pena bel diferans ant ban prodwi-la so kalite, akoz sa mem mo prefer aste lor Temu. Mo gagn li dan enn bon pri tou », explique Pravish.  Ils sont d’avis que  Temu reste « plus économique » pour les cadeaux et décorations de Noël, avec en prime un large choix adapté aux festivités.

Yasiira Rosin, 25 ans, vient à peine de découvrir la plateforme. Elle a commencé par commander quelques articles bon marché pour tester le service. Convaincue par la livraison sécurisée et la qualité des produits, elle est rapidement devenue une cliente régulière. « J’achète local quand cela m’arrange, mais souvent je ne trouve pas ce que je cherche », dit-elle.

Du côté des commerçants, la tendance inquiète.


Zaahid Musthan, installé à William Newton Street, remarque une baisse de fréquentation. Pour rester compétitif, il mise sur une révision des prix, un meilleur accueil et un contact humain, des atouts selon lui absents de Temu. « Nou fer nou mie pou donn zot bann pri pli cheap ki Temu », assure-t-il, soulignant que son commerce valorise le shopping traditionnel.

Sheila, vendeuse saisonnière, dresse un constat similaire. Temu grignote sa clientèle. L’activité de cette fin d’année est nettement plus lente. La perte de clients est tangible, bien plus marquée que l’an dernier. « Mwa desam inn komanse, travay pankor », déplore-t-elle, contrainte désormais d’attendre les rares clients qui passent.

 

Yohann Lanfray, coach en finance personnelle, passe en revue les risques financiers liés à une utilisation excessive des plateformes d’achat en ligne comme Temu et propose des pistes concrètes pour mieux en garder le contrôle.

Quels sont les principaux risques financiers liés à une utilisation excessive de plateformes comme Temu ?

  • L’échelle, et la gravité, des dommages financiers pour le consommateur qui se laisse prendre varie. A petite échelle les dommages sont se retrouver avec des achats imprévus et inutiles. A moyenne échelle se serait se laissé duper par des publicités qui cachent des couts plus conséquents que le prix affiché ou une qualité inferieure des produits. A grande échelle se trouve la cultivation des troubles de comportements financiers qui affectent la santé mentale et physique du consommateur, et celles de ceux qui l’entourent : l’achat compulsif est l’exemple le plus populaire mais il y en a d’autres tels que le trouble de thésaurisation, la dépendance financière, ou le déni financier. Important de souligner que tout dommage implique un gaspillage de « capital/ressource/argent » du consommateur.
  • Ces dommages déjà répertoriés par de nombreux consommateurs à travers le monde sont les principaux risques liés à une utilisation excessive de ces plateformes.

À partir de quel moment un consommateur doit-il considérer qu’il dépasse un seuil raisonnable et dire stop?

  • De ma perspective, seuls les achats planifier en dehors de ces plateformes peuvent être considérés comme raisonnable. Pour l’individu financièrement sain, les plateformes d’achats en ligne sont perçues comme des outils d’exécution à des achats préétablis, qui eux-mêmes découlent de besoins qui ont été identifiés dans la vie de tous les jours.
  • Je dirai qu’un certain seuil de raison a été dépassé si le consommateur considère la plateforme comme un loisir ou divertissement, et a développé une habitude fréquente de passer du temps sur ces plateformes. Les achats qui arrivent comme une surprise au consommateur lui-même sont aussi des indications d’abus, encore plus si on réalise que les achats ont été motivé par la plateforme plutôt que nos besoins au quotidien.

Quels consommateurs peuvent-ils adopter pour mieux contrôler leurs dépenses sur Temu et éviter les dérives ?

  • Pour éviter les dérives le consommateur devrait adopter les principes et pratiques de la gestion financière et de la gestion du temps. Sur le plan financier ces pratiques comportent : Faire une revue régulière des dépenses passés et une planification régulière des dépenses futurs. Analyser si nos dépenses dépassent régulièrement ce qu’on avait planifier.
    Sur le plan du temps elles comportent : Mesurer et contrôler le nombre de fois, et de temps, passé sur les plateformes de shopping.

 

Doovesha Tooree et Erica Douglas

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