« La protection de nos écosystèmes marins n’est pas seulement une nécessité environnementale, mais aussi une responsabilité collective pour assurer un avenir durable à notre île », a déclaré Arvin Boolell, ministre de l’Agro-industrie, de la Sécurité alimentaire, de l’Économie bleue et de la Pêche, lors du lancement d’un atelier de travail intitulé Blue Policy Strategy Forum : Science to Policy, organisé par l’Université des Mascareignes. Ce Workshop s’inscrit dans la démarche de l’UDM visant à renforcer le lien entre la recherche scientifique et les politiques publiques en matière de durabilité marine.
Le lancement officiel de l’événement s’est déroulé en présence de Kan Masahiro, ambassadeur du Japon à Maurice, et de Yasuo Suzuki, directeur général de Mitsui O.S.K. Lines Ltd (MOL) Mauritius, des Stakeholders, notamment des représentants d’organismes publics, du secteur privé et d’Ong.
Le ministre Boolell a réaffirmé l’engagement du gouvernement à prendre soin de l’océan, soulignant que « nous devons agir avec responsabilité, en commençant par nous-mêmes, car la mer est un patrimoine commun de l’humanité ». Il a également rappelé que la protection des océans est l’affaire de tous, insistant sur la nécessité de réduire la pollution marine. « Les déchets plastiques causent d’énormes dégâts à la vie marine. Il est urgent d’adopter des comportements plus respectueux de notre environnement, car préserver la biodiversité marine, c’est aussi assurer l’avenir durable de notre île et de ses générations futures », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le Dr Jay Doorga, responsable du projet, a souligné que « l’avenir de la résilience des zones côtières mauriciennes repose sur notre capacité collective à agir avec détermination ». Il ajoute que « cet atelier se veut un pont essentiel entre la science et l’action concrète sur le terrain ». Ainsi, selon lui, au-delà des rapports et des études, cette initiative met l’accent sur le développement de stratégies innovantes et la mise en œuvre de plans d’action fondés sur la recherche scientifique, et ce, afin de mieux préserver les écosystèmes côtiers tels que les herbiers marins, les récifs coralliens et les mangroves.
Le Dr Doorga est revenu sur l’importance de l’engagement collectif. « La participation de chacun est essentielle pour transformer les connaissances scientifiques en actions de conservation durables et efficaces. Plutôt que de livrer des conclusions figées, cet atelier se veut un espace de dialogue, d’apprentissage mutuel et de co-création d’idées, pour orienter les futures initiatives de protection du littoral mauricien », dit-il.
Quant au directeur général de MOL (Mauritius) Ltd, Yasuo Suzuki, il fait savoir qu’ « en tant que compagnie maritime, notre politique fondamentale en matière de préservation des milieux marins et de protection de la biodiversité repose sur deux engagements majeurs : reconnaître l’impact de nos activités sur l’environnement marin et les écosystèmes, ainsi qu’œuvrer de manière proactive à la réduction de tout impact négatif sur ces milieux. » Il laisse également entendre que sa compagnie mène plusieurs initiatives volontaires afin de limiter davantage les impacts environnementaux, et ce, « tout en collaborant étroitement avec les parties prenantes et en soutenant les efforts internationaux visant à protéger les écosystèmes marins ».
De plus, Yasuo Suzuki a insisté sur l’importance d’aligner la recherche sur les priorités nationales, afin que les politiques et les décisions soient cohérentes et efficaces. « Cela permettra de renforcer la collaboration entre l’industrie, les universités et le gouvernement, tout en garantissant la conformité des priorités nationales avec les standards et initiatives internationaux. Le développement de partenariats internationaux est également essentiel pour combler les lacunes en matière de connaissances, de technologies et d’innovation. » Ce partenariat illustre ainsi la volonté commune du secteur privé et du monde académique d’agir conjointement pour la protection du patrimoine marin mauricien, tout en promouvant une économie bleue durable et responsable.
Maurice fait face à une crise écologique silencieuse mais lourde de conséquences. Entre 2017 et 2025, plus de deux millions de mètres carrés d’herbiers marins – soit plus de 200 hectares – ont en effet disparu de nos lagons. Cette perte massive, confirmée par des données scientifiques, a de graves impacts sur la sécurité côtière, le stockage du carbone, et les bénéfices économiques liés à ces écosystèmes marins. La dégradation se concentre principalement dans les zones du sud-ouest et du nord-est de l’île, où la disparition de ces herbiers menace directement la résilience des côtes.
C’est dans ce contexte que le Workshop d’une journée a rassemblé scientifiques, décideurs et acteurs du secteur privé afin de réfléchir aux moyens de renforcer la résilience côtière grâce à la science, à la coopération régionale et à la mise en œuvre de politiques éclairées. Les discussions ont porté sur plusieurs thèmes essentiels, dont les herbiers marins, les récifs coralliens et les mangroves, en mettant en avant leur rôle crucial dans la protection naturelle des côtes.
Les intervenants ont également présenté des initiatives – telles que Coral and Mangrove Science: Informing Policy for Coastal Defense et Co-designing the Blue Resilience Strategy –, qui visent à intégrer les connaissances scientifiques dans les politiques publiques et à promouvoir des solutions fondées sur la nature. Ces échanges ont permis de tracer les grandes lignes d’une stratégie de résilience bleue, alliant recherche, innovation et gouvernance partagée pour préserver durablement nos écosystèmes marins.

