Depuis l’affaire des valises en balade lors d’un des vols d’Air Mauritius à destination de Gatwick, Londres, au lendemain de la défaite de Pravind Jugnauth aux dernières élections générales, il était dans le collimateur des autorités, notamment la Financial Crimes Commission. Mais, hier en fin de journée, après une première séance d’interrogatoire Under Warning en présence de son conseil légal, Me Raouf Gulbul, qui signe son Come-Back au QG de la Financial Crimes Commission, il a pu manœuvrer de manière in extremis pour éviter une première nuit en cellule policière. Avec la décision de la FCC de le placer en état d’arrestation, il a plaidé un problème de santé très grave avec des risques de malaise et s’est fait conduire à l’hôpital Jeetoo. Un scénario inépuisable pour les Gro Palto en délicatesse dans des enquêtes portant sur des délits de Money Laundering. Les exemples de ces nantis, épargnés de détention en cellule policière, ne font que se multiplier.
Lui, ce n’est pas n’importe qui, mais un des principaux protagonistes dans l’opération Gro Palto Lakaz Mama. Abdul Sattar Hajee Abdoula, âgé de 66 ans, directeur d’un des plus importants cabinets d’experts-comptables à Maurice, avait été l’enfant gâté, pour ne pas dire pourri, de la finance sous le régime des Jugnauth, que ce soit pour l’opération Daylight Robbery avec le démantèlement de l’empire BAI de l’ancien Chairman Emeritus, Dawood Rawat, à la mise sous administration de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, sans oublier le Chairmanship de la SBM Holdings Ltd. Et depuis hier, ce Gro Palto sous Jugnauth, a chuté dramatiquement avec sa convocation formelle au QG de la Financial Crimes Commission pour répondre sur des zones d’ombre au terme d’une série de
Suspicious Financial Transactions.
Sattar Hajee Abdoula, connu de manière notoire pour son goût de bolides de luxe, les uns plus convoités que les autres, a été arrêté par la Financial Crimes Commission (FCC) hier dans le cadre d’une enquête pour le délit présumé de blanchiment d’argent. Son arrestation a été effectuée en vertu des sections 3(1)(b), 6 et 8 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, lues conjointement avec la section 44(1)(b) de la Interpretation and General Clauses Act.
Sur ce, le dénommé Sattar Hajee Abdoula, lui qui s’embarquait en première classe à bord des avions, comme bon lui semble, au même titre d’autres prendraient le bus du coin de la rue, se retrouve aujourd’hui sous le coup d’un contrôle judiciaire, avec son passeport sous séquestre. En effet, outre ce premier délit présumé de Money Laundering, celui qui brassait des milliards des fleurons parmi les corps parapublics devrait être confronté à une série de révélations les unes plus accablantes que les autres dans les jours ou semaines à venir avec des montants d’autant plus lourds. Dans l’immédiat, l’affaire porte sur un montant de Rs 3 696 000 versé en mars 2020 sur le compte de Grant Thornton (Advisory Services) Ltd, société dont il assurait alors la direction, auprès d’AfrAsia Bank à Ébène. Les enquêteurs de la FCC estiment que cette somme pourrait provenir, totalement ou partiellement, d’activités illicites et faisant ressortir que Sattar Hajee Abdoula avait des raisons valables de soupçonner l’origine criminelle des fonds. Des recoupements d’informations auprès des sources bien renseignées indiquent que Grant Thornton (Mauritius) n’aurait pas honoré en totalité un contrat auprès de Airmate Ltd, malgré qu’un paiement avait été effectué. La FCC avance qu’il s’agirait d’un cas présumé de blanchiment d’argent. Délit que le principal intéressé a nié.
Après cette arrestation, Sattar Hajee Abdoula a fait savoir à la FCC qu’il souffre d’une certaine maladie. Et que son état risque de se détériorer s’il n’a pas accès aux soins. Il a finalement été conduit à l’hôpital Jeetoo où il devrait passer la nuit sur place.
Les indications sont que la Financial Crimes Commission a convoqué Sattar Hajee Abdoula dans le cadre d’un premier dossier portant sur des services de conseil (« advisory services ») fournis par son entreprise, Grant Thornton Ltd, à Airmate Ltd, une filiale d’Airport Holdings Ltd. Les enquêteurs s’intéressent à un contrat d’une valeur de Rs 5 millions pour des services d’administration, couvrant la période d’avril 2020 à octobre 2021, alors que le pays a été placé à plusieurs reprises sous confinement en raison de la pandémie de Covid-19.
La FCC a confirmé qu’aucun appel d’offres n’a été lancé par Airmate Ltd pour ces services, ce qui rend le choix de Grant Thornton particulièrement suspect. Par ailleurs, elle soupçonne que les paiements auraient dépassé le montant initial de Rs 5 millions, la société de Sattar Hajee Abdoula ayant réclamé des sommes supplémentaires pouvant porter le total à Rs 15 millions. Il reste à déterminer si l’intégralité de ce montant a effectivement été versée.
Durant la période concernée, Airmate Ltd était une filiale d’Air Mauritius. Après que Sattar Hajee Abdoula a placé la compagnie nationale sous administration volontaire, Airmate Ltd s’est également retrouvée en difficultés, mettant près d’un millier d’employés en situation de risque quant à leurs salaires et à leurs emplois. Pendant ce temps, Sattar Hajee Abdoula a touché des allocations de Rs 141 millions pour son rôle d’administrateur d’Air Mauritius, tandis que Grant Thornton empochait une somme substantielle grâce à Airmate Ltd. « Li manz banan dan de-bout », a ironisé un enquêteur de la FCC. La commission entend approfondir son enquête afin de déterminer s’il y a eu conflit d’intérêts dans l’attribution des deux contrats, étant déjà convaincue de l’existence d’un délit allégué de blanchiment d’argent.
Lors de cette première séance d’interrogatoire, assisté de Me Raouf Gulbul, Sattar Hajee Abdoula a déclaré qu’il exerce la fonction d’ Advisory Partner au sein de Grant Thornton. Il a affirmé ne pas être intervenu dans les conseils fournis à Airmate Ltd pendant qu’il administrait Air Mauritius. Néanmoins, ses explications n’ont pas été jugées convaincantes.
Au sein du Réduit Triangle, des sources indiquent qu’il ne s’agirait que du premier dossier visant Sattar Hajee Abdoula, d’autres affaires devant suivre, notamment celle concernant le montant de Rs 141 millions réclamé pour son rôle d’administrateur d’Air Mauritius durant la pandémie. Il soutenait alors que la compagnie aérienne était dépourvue de liquidités et recommandait des licenciements ainsi que la vente de certains avions. Pourtant, une somme colossale aurait été mobilisée par l’ancien régime pour le rémunérer.

