Marche du Mouvement pour la sécurité et la justice routière samedi — « Nous ne voulons plus d’autres victimes ! »

Les parents des victimes Keylan Alfred, Laetitia Ramkalawon, Amrita Luchmun et Muzzamil Hossenbocus réclament « des lois plus sévères » et qu’on « ne parle pas d’homicide involontaire, mais bien de “manslaughter” » dans ce genre de cas

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Ce 22 novembre, le Mouvement pour la sécurité et la justice routière invite les Mauriciens à une marche pacifique et apolitique. Lieu de rencontre : la cour du Plaza, à Rose-Hill. La marche démarrera à 10h30.

« Sa bann dernye aksidan kinn arive ek kinn pran lavi nou bann fami-la, na pa kapav les pase ankor. Nous nous sommes regroupés en une plateforme citoyenne commune et apolitique pour faire pression sur le gouvernement ainsi que ses agences, dont la police. Car plusieurs éléments troublants viennent prouver qu’il y a une justice à deux vitesses ! » affirment ceux qui sont derrière cette initiative.

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Le mouvement s’est constitué autour des parents et proches de quatre victimes d’accidents de la route, nommément le petit Kelyan Alfred (3 ans), Laeticia Ramkalawon (25 ans), Amrita Luchmun (69 ans) et Muzzamil Hossenbocus (30 ans). « Nous serons là pour toutes les victimes d’accidents de la route où sont impliqués des conducteurs testés positifs à l’alcool et aux drogues par la police. Cette démarche vise à faire pression sur le gouvernement et les autorités pour que les Mauriciens ne meurent plus comme ont péri ces quatre victimes », a indiqué Ishtiyaq Caunhye, porte-parole du mouvement.

Il dit souhaiter la création d’une Road Safety Night Squad et d’une Emergency Response Team pour être présentes la nuit sur les routes, et ce, afin de contrôler les chauffards qui n’ont aucun respect pour la vie d’autrui et qui détruisent des familles par leur irresponsabilité. Mais aussi pour intervenir, car dans les cas qui les concernent, il aura fallu près de 40 minutes au Samu et 20 minutes à la police pour arriver sur place… « Dans plusieurs cas, ce sont des volontaires qui ont porté secours aux victimes pour les emmener à l’hôpital… Sa li na pa bon ditou. Durant ces minutes perdues, la vie de nos proches et amis sont en jeu ! »

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De son côté, I. Caunhye appuie la demande des parents des victimes pour que, dans la loi, ces cas d’accidents de la route, où des conducteurs sont trouvés positifs à l’alcool ou aux drogues, ne bénéficient pas d’une « simple » accusation d’homicide involontaire. « Ki ena ki involonter ladan ? Sa bann sofar-la bien konsian kan zot pe konsom lalkol ou ladrog ek pran volant : apel involonter sa ? Nous demandons au ministre de la Justice de plancher rapidement sur cet aspect et que ces conducteurs soient désormais passibles de Manslaughter. Cela existe déjà dans les lois de plusieurs pays du monde ! »

Sanjeev Mewasing, également membre du mouvement, a abondé dans le même sens.

Les animateurs de la plateforme ont aussi dénoncé les manquements de certains officiers de police. « Dans plusieurs cas, nous avons appris que les magistrats siégeant en Cour ou le DPP – notamment de manière flagrante dans le cas de M. Hossenbocus – ont omis de mentionner que les conducteurs impliqués dans ces accidents avaient des précédents. C’est totalement inadmissible. Le cas de Muzzamil Hossenbocus est venu confirmer cela quand le DPP a émis un communiqué officiel pour déplorer que la police n’ait pas communiqué les bonnes informations à son équipe ! Be ki ete sa ? Kifer fer sa kalite-la ? »

Dans ce registre, le collectif demande au Premier ministre d’agir rapidement sur ces cas et de demander que le commissaire de police prenne des mesures.

« Trop, c’est trop ! Nou pe dir gouvernma pran kont akoz nou pa kone kan kapav ariv derapaz ek sityasion dezenere » I. Caunhye et S. Mewasing ont par ailleurs attiré l’attention sur le fait que « si des lois sont plus sévères contre les conducteurs, ceux qui ne réfléchissent pas et ne réalisent pas qu’ils mettent en péril la vie d’innocents quand ils prennent ces substances y réfléchiront à deux fois ».

HT

Paroles de souffrances et détresses…

Marie Anne Alfred, arrière-grand-mère du petit Keylan, Beverly Philibert, sœur de Laeticia Ramkalawon, Sachidanand Luchmun, frère d’Amrita, et Arshad Hossenbocus, frère de Muzzamil, ont, tour à tour, lancé des appels poignants et vibrants aux Mauriciens pour venir soutenir leur démarche ce samedi à Rose-Hill.

Marie Anne Alfred

« Bizin arete ek sa zafer liber lor parol-la »

« La justice n’est pas assez sévère ! Il y a trop de conducteurs sous influence d’alcool ou de drogues. Nou demann gouvernman vinn pli sever ek amenn enn lalwa ki donn koreksion. Bizin arete ek sa zafer libere lor parol-la, alor kinn touy zanfan dimounn ! Ce n’est pas acceptable. Notre chagrin et nos souffrances d’avoir perdu Kelyan, seuls ceux qui passent dans le même calvaire les connaissent. Nous sommes là pour que ces accidents n’arrivent plus. Nous ne voulons plus que d’autres innocents meurent. »

Beverly Philibert

« L’image de Maurice aussi ternie à l’étranger »

« Ma sœur a laissé son bébé de huit mois, qui pleure sans cesse… Baba-la na pa arete rod so mama. Kouma ou pou fer li konpran zame so mama pou retourne ? Cet enfant ne boit plus depuis que ma sœur est morte, car il buvait uniquement avec elle… Je demande aussi aux employeurs de ma sœur de nous aider et de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Nous avons appris que la direction de cet hôtel, pour lequel Laeticia travaillait, avait ce soir-là, donné à un skipper les clés d’un véhicule qui transportait ces passagers… Après Laeticia, cet accident a fait une deuxième victime : une touriste. Voilà, l’image de Maurice sera ternie à l’étranger aussi. »

Sachidanand Luchmun

« Les responsables doivent payer »

« Mes frères sont venus de l’étranger pour voir le cadavre de leur sœur. Le jour de l’accident, la police ne nous a pas aidés du tout ! Au contraire, c’est au conducteur fautif qu’elle a accordé davantage d’aide. Je remets en question les circonstances et conditions dans lesquelles le Statement du conducteur a été enregistré par la police. Et je me demande si c’est vraiment lui qui est venu en personne ou si ce n’est pas quelqu’un d’autre qui l’a fait à sa place… Nou finn avway demann biro DPP pou reouver sa lanket-la. Il faut que les vrais responsables paient ! »

Arshad Hossenbocus

« Ces chauffards  ne commettent pas d’erreurs, mais des crimes »

« Mo leker pe bat for… Nul ne sait à quel point notre famille souffre. Quand j’ai appris que ceux qui ont tué mon frère m’ont calmement parlé et tenté de me faire croire que d’autres personnes étaient responsables de sa mort, je me suis posé une question : eski sa bann dimounn-la pann deza fer sa ek enn lot fami ? Concernant ces conducteurs qui prennent le volant sous l’influence de l’alcool ou de drogues, et commettent des accidents, ce ne sont pas des erreurs, mais des crimes ! Nous demandons aux Mauriciens de venir en nombre samedi, car nous ne voulons plus d’autres morts. »

HT 2

Le coup de sang d’Ishtiyaq Caunhye

« Mama tou sa bann problem-la, se la drog ! Tou kalite ladrog pe sirkile dan Moris… Ki lapolis pe fer ? Je suis un travailleur social et je suis sur le terrain tous les jours. Il ne s’en passe pas un sans qu’un parent ou un proche vienne me voir et me raconte sa détresse parce qu’un membre de sa famille a sombré dans la drogue. Quand ces personnes consomment des drogues, surtout synthétiques, elles font des choses innomables : attaquer des vieilles personnes, tuer, voler, violer… Mais aussi prendre le volant et tuer des innocents. Le gouvernement a dit que la drogue est une de ses priorités, alors je lui demande d’agir vite et bien. »

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