L’heure est très grave. Les pertes de vies humaines dans les accidents de la route constituent déjà un drame insoutenable, avec des augmentations régulières chaque année. Quand à cela vient s’ajouter l’élément de conduite en état d’ivresse, et phénomène “à la mode”, hélas !, sous influence de drogues, il est plus que temps pour une levée de boucliers. Gouvernement, agences privées et publiques, société civile et population doivent, dans un sursaut commun, joindre leurs actions. Il faut, bien entendu, que l’Etat, de prime abord, donne le la.
Le Mouvement pour la Sécurité et Justice Routière organise, aujourd’hui, samedi 22, une marche pacifique à Rose-Hill. Cette plateforme citoyenne s’est constituée dans le sillage des accidents de la route ayant coûté la vie à quatre citoyens; le petit Kelyan Alfred (3 ans), Laeticia Ramkalawon (25 ans), Amrita Luchmun (69 ans) et Muzzamil Hossenbocus (30 ans). Sa démarche a un but majeur : que, justement, les autorités concernées prennent, vite et bien, des sanctions concrètes contre ces fous du volant qui se fichent littéralement de la vie des autres et n’ont cure des drames et des souffrances humaines qu’ils infligent par leur total manque de respect ! Car trop d’innocents tombent sans qu’aucune vraie justice ne leur soit rendue.
Les animateurs de ce collectif ont mis en avant un point très important : dans bon nombre (trop ?) de cas, les conducteurs qui causent ces accidents mortels s’en sortent, au final, avec un cas d’homicide involontaire. Cependant, tant ces parents de victimes, que le ministre des Transports, lui-même, Osman Mahomed, et d’autres observateurs de la société, dont Me Rama Valayden, l’ont fait remarquer : qu’est-ce qu’il y a d’involontaire quand un conducteur consomme, en âme et conscience, de l’alcool ou des stupéfiants avant de prendre le volant ?
Actionner la clé d’un véhicule, c’est prendre conscience de la responsabilité des vies que cela engage pour le conducteur. Tant pour celles qu’il transporte, la sienne et autant ces vies qui vont croiser sa route ! Parce que nos lois ne sont pas suffisamment fermes, des centaines de familles pleurent et deviennent aigries car n’ayant pas le sentiment que justice leur a été rendue. Comment accepter le vide laissé par un membre de la famille qui a été fauché dans un accident, quand les coupables s’en sortent avec peu ou pas de sanctions ? Quelle logique appliquer dans de tels cas ? Comment reprendre goût à la vie? Où puiser la force ?
Les propositions du Mouvement pour la Sécurité et la Justice Routière sont très plausibles et réalistes. D’abord, en ce qui concerne le durcissement des lois pour punir ceux trouvés coupables de conduite en état d’ivresse ou d’influences de drogues. Et idem pour la création d’une unité spéciale au sein de la police, qui quadrillerait les routes durant la nuit, veillant ainsi au grain. Et soutenue par une équipe de secouristes pouvant intervenir rapidement, permettant de sauver des vies. Le durcissement des peines, ajouté à la réintroduction (enfin !) du permis à points, très prochainement, et d’autres mesures aideraient certainement. Parallèment, une collaboration efficace et coordonnée entre police, bureau du DPP et la justice serait la bienvenue pour éviter le faux pas commis dans le cas de Muzzamil Hossenbocus.
Les circonstances sont propices pour faire évoluer les organismes d’Etat comme la toute nouvelle mais déjà très décriée National Agency for Drug Control (NADC) de concert avec ses autres agences et organisations de la société civile. L’idée étant d’avoir, simultanément, des campagnes de prévention intensives et agressives, et des efforts coordonnés sur le terrain. Sensibiliser, dès le primaire pour le cadre scolaire, dans la communauté et sur le lieu du travail, et agir, par le biais des policiers et de la justice, pour donner des exemples.
Depuis des années, Le Mauricien attire l’attention et tire la sonnette d’alarme sur les répercussions néfastes de la prolifération des drogues, autres que sur les consommateurs. Parmi les plus mortels, les attaques sur les personnes âgées, les parents des toxicomanes, et la consommation des stupéfiants au volant. Beaucoup de choses auraient dû être faites, en amont, pour ne pas en arriver là. Et pourtant…
Des réactions sensées, couplées à une synergie collective sont attendues pour que ne meurent plus des innocents à cause des drogues.
Husna Ramjanally

