Après plusieurs mois de tensions, de menaces voilées et de mesures disciplinaires controversées, la National Human Rights Commission (NHRC) a, hier, rendu son rapport – un document envoyé directement au Premier ministre – qui remet les pendules à l’heure et recadre sevèrement Kishore Beegoo et la direction d’Air Mauritius.
Kishore Beegoo avait annoncé dans la presse qu’il allait désormais « agir comme un militaire ». Une phrase qui, loin d’être anodine, annonçait une gestion autoritaire destinée à instaurer un climat de crainte parmi les employés. Quelques jours plus tard, des sanctions ciblées sont tombées, notamment la suspension brutale des privilèges de voyage pour les employés et ex-employés ayant engagé une action judiciaire contre la compagnie. Face à ces dérives, l’Air Mauritius Retirees Association (AMRA) a immédiatement saisi la NHRC pour dénoncer ce qui s’apparentait clairement à une punition économique contre des employés cherchant simplement à faire valoir leurs droits.
Après avoir étudié le dossier, le NHRC a rendu son rapport hier directement au PM. La NHRC estime que la décision d’Air Mauritius de suspendre des privilèges de voyage à ses anciens employés qui avaient saisi la justice était « une sanction économique déguisée » destinée à décourager tout recours légal, constituait une atteinte grave au droit d’accès à la justice, et crée un chilling effect : une atmosphère de peur pour ceux qui ont engagé ou envisageaient d’engager une action en justice. Se référant à une jurisprudence, la Commission rappelle qu’un procès équitable exige que chaque partie dispose des mêmes moyens pour faire entendre sa cause, sans intimidation ni représailles indirectes. Air Mauritius, en prenant ces sanctions, a clairement rompu cet équilibre. Pour conclure, la Commission rappelle qu’aucun employeur ne peut punir, intimider ou victimiser un employé pour avoir fait appel à la justice.
Ce rapport constitue un désaveu cinglant pour ceux qui pensaient pouvoir instaurer une culture de peur en agissant « comme un militaire ». L’AMRA, en portant l’affaire devant les autorités compétentes, a démontré que des citoyens organisés peuvent encore faire respecter l’État de droit.
Raj Ramlagun :« Un communiqué de la NHRC qui ménage la chèvre et le chou ! »
« Le recours à la NHRC par les retraités de MK a été positif car la direction, en particulier Beegoo et son Board, ont eu à faire un rétropédalage. La rapport a confirmé que la démarche de MK sous Beegoo était a priori anticonstitutionnelle. Certes, l’intervention de la NHRC a porté ses fruits, mais on peut trouver que le communiqué signé par le Président de la NHCR utilise un langage qui tend à ménager la chèvre et le chou. Pas un mot pour rappeler la direction de MK et Beegoo à l’ordre, et leur rappeler sans ambiguïté que l’acte d’user d’une telle mesure est anticonstitutionnelle et ne doit pas être répétée. Comme dans le Communiqué envoyé initialement par MK pour rétablir les employés et retraités dans leurs droits et privilèges, le ton employé par la NHRC donne trop de crédit à MK d’avoir fait rétropédalage, non pour atteinte à un droit constitutionnel, mais plus par geste de conciliation et d’humanité ! Pourquoi les chefs de nos institutions n’ont pas ce courage d’appeler a spade a spade, et ainsi rappeler à l’ordre sans ambiguïté ceux qui agissent contre les droits constitutionnels d’un citoyen ou employé/ retraité ? Dans ce cas, Air Mauritius et Beegoo. Espérons que le Board et la direction ont eu une copie de ce Communiqué de la NHRC pour en tirer les leçons pour l’avenir. »

