Le jeudi 13 novembre, alors que je fais ma marche quotidienne avec mon époux, deux jeunes filles s’approchent de nous, sourire aux lèvres :
« Bon après-midi. Aujourd’hui c’est le World Kindness Day. Voilà un petit mot pour vous. »
Elles nous tendent alors quelques papiers colorés, chacun porteur d’un message, et nous invitent à en choisir un chacun.
Nous choisissons notre « carte » et, curieux, lisons ce qui est écrit sur ces petits bouts de papier :
Pour lui : Believe in yourself.
Pour moi : The world is better because you are in it.
Bingo : pari gagné.
À l’instant même, cela nous met du baume au cœur.
De plus, c’était tellement inattendu que, quelques mètres plus loin, presque malgré nous et simultanément, mon mari et moi nous sommes retournés pour vérifier qu’elles étaient bien réelles. Et elles, comme deux éclats de lumière tranquilles à l’heure où le soleil se décline, continuaient leur chemin en tendant leurs morceaux de papier colorés aux passants.
Imaginez un instant : si, aujourd’hui, chaque lecteur de ce carnet préparait cinq messages d’encouragement et les offrait à des inconnus qu’il croise, en leur demandant de les transmettre à leur tour…
Un petit geste, simple, et pourtant suffisant pour déplacer quelque chose chez l’autre.
Idéaliste, je le conçois, mais dans ce monde de violence, de désaveu, de règlements de comptes et de harcèlement, des journées de bienveillance comme celles-là, ces mains discrètement tendues deviennent des respirations nécessaires, des espaces qui nous rappellent que la vie mérite d’être vécue pleinement.
Imaginez cette veuve sortie le cœur lourd qui reçoit ce mot ; ce père qui trime et s’inquiète pour l’avenir de ses enfants ; cette mère au bord de l’épuisement ; cette personne âgée rongée par la solitude ; cette adolescente harcelée par ses pairs ; cette femme battue ; ce jeune noyé dans la drogue ; cet homme en burn-out ; ce couple qui se déchire ; ce mendiant invisible ; ce malade qui doute mais qui tient bon…
Tant de personnes ont besoin de messages de bienveillance, de réconfort, d’encouragement et d’un rappel pour leur dire qu’elles sont importantes et aimées. Qu’elles existent aux yeux de quelqu’un.
Et chacun de ceux-là rentrerait chez lui pansé, avec un cœur capable de se tourner vers les autres et non meurtri par les sempiternelles inquiétudes.
Ce jeudi-là, après une marche pourtant banale, je suis retournée au sein de mon cocon familial, silencieuse, tenant entre mes mains une lumière dont j’avais désormais la responsabilité.
Alors, j’ai décidé de faire circuler les deux petits mots, pour qu’ils ne restent pas inutiles sur ma table à manger, mais qu’ils continuent à vivre et à réjouir ailleurs.
La première personne à qui j’ai donné le papier — une femme âgée d’une soixantaine d’années — a été perplexe, avant de sourire puis de me remercier. La seconde personne, un garçon dans la vingtaine, a été, dès le début, souriant, heureux, réceptif à ce geste inhabituel et surtout agréablement étonné.
Et toi qui me lis, tu n’es peut-être pas encore convaincu des bienfaits de ce geste anodin. Tu ne sais pas encore quoi écrire, mais moi, je sais déjà ce que tu devrais transmettre.
Écoute, tout en lisant la suite.
Il y a, dans chaque couloir que tu traverses, dans chaque regard que tu croises, dans chaque silence qui semble lourd, une brèche où la lumière peut entrer.
Pas une lumière qui éblouit, mais une lumière qui réchauffe, qui relève, qui murmure : « Tu comptes. Maintenant. Encore. Toujours. Même si tu crois que non. »
Écris cela !
Écris-le pour toi d’abord, puis pour ceux qui ne l’entendront jamais autrement que par toi.
Écris-le pour celui qui rit trop fort ou qui ne sourit jamais ; pour celle qui marche la tête baissée ou le regard trop fier ; écris-le pour tous ceux qui traversent la vie seuls comme un couloir vide et froid.
Écris des mots qui passent de main en main, comme une flamme fragile que chacun protège.
Parce que oui, la lumière se partage.
Elle ne s’éteint pas — elle se multiplie. Sans cesse. Sans se lasser. Sans perdre de son intensité.
Ce que tu poses sur ce petit bout de papier n’a pas besoin d’être parfait.
Juste vrai.
Juste bienveillant.
Juste courageux. Encourageant.
Juste. Tout simplement !
Et si un seul de tes mots allume une étincelle, alors tu auras fait bien plus que tu ne peux l’imaginer.
Vas-y.
Écris.
Et laisse la lumière passer — à travers toi.
Passe la bonté à ceux qui t’entourent.
