Le ministre du Commerce confirme une deuxième série de produits à des prix subventionnés dans les prochains jours
La hausse du coût de la vie et l’érosion du pouvoir d’achat ont été au cœur de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, adressée, hier, au ministre du Commerce, Michael Sik Yuen. Des éclaircissements étaient recherchés quant à l’utilisation des Rs 2 milliards injectées dans le Fonds de stabilisation des prix, mais aussi sur l’évolution attendue des prix des produits de première nécessité.
Face à ces interrogations, le ministre Michael Sik Yuen a livré une défense vigoureuse de la politique gouvernementale, tout en dressant un constat sévère de la situation économique léguée par l’administration précédente. D’emblée, le ministre a passé en revue les principaux paramètres légués, soit une dette publique en hausse de 43 % en cinq ans, dépassant 83 % du PIB à la mi-2024, un déficit budgétaire sous-estimé, révélé par un audit indépendant : 5,7 % du PIB contre 3,9 % annoncé et une « manipulation » d’indicateurs macroéconomiques, affectant la transparence et la confiance des marchés. Il a aussi fait état de l’évolution du taux de change de la roupie entre 2019 et 2024. « Ces pratiques douteuses ont réduit nos marges de manœuvre et contribué aux tensions inflationnistes », dénonce-t-il.
Pour répondre à l’urgence sociale et enrayer la spirale inflationniste, le gouvernement a créé un Fonds de stabilisation des prix doté de Rs 10 milliards, dont une somme de Rs 2 milliards a été engagée pour l’exercice 2025-26. La première phase, lancée le 26 août 2025, prend la forme d’une subvention fixe sur cinq produits de base : lait en poudre, lait infantile, pour bébés, fromage fondu, huile comestible.
De ce fait, l’État rembourse 60 % de l’écart entre le prix actuel et un prix de référence établi sur la période 2021–25, permettant des baisses en rayon estimées entre 18 % et 28 % dépendant des produits.
Le coût prévu pour les six premiers mois s’élève à Rs 492 millions, dont Rs 186 millions ont déjà été traitées entre août et octobre. Le ministère anticipe des décaissements additionnels de Rs 197 millions entre octobre et décembre. Le Fonds finance également des mesures de stabilisation des loyers, pour un coût de Rs 47 millions.
Michael Sik Yuen, avance que les interventions ont déjà permis de freiner l’inflation importée et d’alléger le panier des ménages : lait en poudre : –24,2 %, malgré un rebond récent des prix mondiaux, huile alimentaire : –5,8 %, lait pour nourrisson et couches pour bébé : –5,5 %, légumes surgelés : –9 %, suite à la suppression de la TVA.
Maurice compte actuellement 43 produits soumis à un contrôle strict des prix, contre 36 à Rodrigues. Un comité technique interministériel élabore un rapport d’étape afin d’ajuster le dispositif en cours de route.
Le ministère anticipe, à court terme, une stabilisation générale des prix des matières premières importées, soutenue par la baisse des cours du riz (–38 %), du blé (–10 %) et du sucre (–17 %).
Les produits déjà subventionnés ou exemptés de TVA devraient ainsi rester stables. Cependant, des hausses internationales pourraient se répercuter localement produits laitiers : +6,6 %, huiles comestibles : +10,5 %, viande : +9,7 %.
Le ministre prévient donc que des hausses modérées pourraient intervenir pour le bœuf, l’agneau, certains produits transformés, ainsi que le poulet et le yaourt. Il souligne que sans ces interventions, les ménages auraient subi une hausse sensible du coût de la vie, aggravée par la volatilité du dollar et l’augmentation des coûts de fret.
Le système de remboursement du Fonds de stabilisation sera élargi dans les mois à venir à de nouvelles catégories de produits, afin d’offrir des “réductions immédiates et visibles”
Au-delà des mesures de stabilisation, le ministre fait état de la prime de 14e mois pour les salariés gagnant jusqu’à Rs 50 000, de la compensation salariale de 2025, de la baisse des prix du diesel et du gaz ménager, de l’accès facilité ou gratuit à certains services essentiels (transport, internet, santé).
Selon lui, ces interventions produisent déjà des effets : inflation en décélération, roupie stabilisée, et un “allégement réel pour les familles”.
En conclusion, Michael Sik Yuen a réaffirmé que le gouvernement demeure mobilisé pour protéger les ménages dans un contexte international instable. Il a assuré que de nouvelles mesures seraient envisagées si la situation l’exige.
“Nous comprenons les difficultés des Mauriciens. Notre responsabilité est d’agir, et nous agissons”, s’appesantit le ministre, tout en reconnaissant que la reprise économique complète prendra du temps.
Lesjongard : Concernant l’argument avancé au sujet de la mauvaise gestion économique du gouvernement précédent, la population en a marre et souhaite voir des résultats, comme l’a déclaré le Deputy Prime Minister lui-même. Plusieurs mesures budgétaires, telles que la révision du seuil d’enregistrement des PME, la révision de l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension (BRP) et la suppression des allocations CSG ont un impact négatif sur les ménages mauriciens et ont contribué à une crise du coût de la vie. Pourriez-vous informer la Chambre si votre ministère a mené une évaluation ou une étude sur les impacts de ces mesures sur les ménages ? Dans la négative, pourriez-vous expliquer pourquoi une telle étude n’a pas été réalisée jusqu’à présent ?
Sik Yuen : Tout d’abord, permettez-moi de répondre à sa première question. Il a dit que les gens en ont marre… La vérité est qu’ils ont détruit l’économie. Nous sommes ici pour le reconstruire. Le ministère surveille en permanence les prix des produits de première nécessité. Nous y travaillons à temps plein.
JL : L’Assemblée ne doit pas oublier que ce gouvernement a été élu sur la promesse de faire baisser des prix. Êtes-vous conscients qu’aujourd’hui, aux caisses des supermarchés, des gens laissent des articles parce qu’ils ne sont pas en mesure de payer ?
MS : C’est pourquoi nous avons pris des mesures, notamment la suppression de la TVA dans certains cas. Nous avons opté pour un fonds de stabilisation des prix afin de soulager les plus démunis.
JL : En août, le gouvernement a pris la décision de subventionner le prix du lait. Cependant, le prix du lait continue à augmenter, y compris celui du lait pour nourrisson, comme vous l’avez mentionné. Pourriez-vous expliquer pourquoi le gouvernement a décidé d’utiliser des fonds publics pour subventionner les produits laitiers sans réduire les marges bénéficiaires ?
MS : Premièrement, il existe un Maximum Mark Up pour les produits de base comme le lait. Par ailleurs, il convient de noter que le prix du lait était bien inférieur lorsque le MSM était au pouvoir. Par exemple : Farmland, 1 kg est vendu à Rs 267. Et lorsque le MSM était au pouvoir, cela coûtait environ Rs 274. Snowy, 1 kg : Rs 237 aujourd’hui. Et lorsque le MSM était au pouvoir, c’était Rs 271. Anchor, 1 kg. Rs 254 aujourd’hui. Et lorsque le MSM était au pouvoir, c’était Rs 271.
JL : Le paragraphe 51 du programme du gouvernement fait référence à une nouvelle législation autorisant l’importation parallèle de produits pharmaceutiques, ce qui, comme indiqué, devrait permettre de rendre les prix plus compétitifs. Or, plus de dix mois se sont écoulés depuis cette annonce. Peut-il informer de l’état d’avancement de ce dossier concernant les produits pharmaceutiques ?
MS : Le leader de l’opposition n’a pas à s’en préoccuper. Nous y travaillons. Cela fait déjà un an que nous y travaillons. Ils ont été au pouvoir pendant 10 ans, ils n’ont rien fait.
JL : C’est pourquoi le Deputy-Prime Minister souhaite quitter le gouvernement. Puis-je demander au ministre d’informer la Chambre des mesures prises pour contrôler les prix des médicaments, notamment ceux qui ne sont pas disponibles dans les hôpitaux publics ?
MS : Il s’agit d’un produit réglementé.
JL : Les prix des aliments de base comme le dholl puri et le roti ont considérablement augmenté en raison des mesures draconiennes prises par ce gouvernement. Aujourd’hui, le prix du dholl puri a accusé une augmentation de Rs 10. Pourriez-vous nous indiquer quelles mesures correctives seront prises ?
MS : Tous les marchands de dholl puri ne vendent pas à ce prix. Il convient de comparer les prix. Si le consommateur estime qu’il n’obtient pas Value For Money, il ne faut pas l’acheter.
JL : On avait promis à la population une baisse de plus de Rs 20 sur les produits pétroliers. Un an après, le ministre est-il en mesure de dire si ce gouvernement respectera cet engagement pris envers la nation ? Car il a remporté les élections.
MS : Nous ferons de notre mieux.
JL : Avec la période cyclonique et estivale qui approche, nous savons que tôt ou tard, les prix des légumes flamberont. Je lui communiquerai les prix du marché aujourd’hui. Pourriez-vous informer l’Assemblée de la manière dont il compte maintenir des prix raisonnables des légumes à l’approche des fêtes et de la fin de l’année ?
MS : Pour les légumes, je connais les prix. Il s’agit de produits saisonniers. Or, le gouvernement actuel s’est occupé des légumes surgelés et en conserve. Voici quelques prix. (Réagissant à une remarque de la Speaker à l’effet que la question concerne les légumes frais.) Je crois qu’il parle de légumes frais. On peut aussi manger des légumes surgelés et des légumes en conserve. Et nous avons un mélange de produits. Aujourd’hui, il est vendu à Rs 78. Et lorsque MSM était au pouvoir, il coûtait Rs 143. Nos légumes mélangés, 400 grammes sont à Rs 57. Et quand le MSM était au pouvoir, le prix était de Rs 101.
JL : Pouvez-vous confirmer que les prix des produits suivants n’ont cessé d’augmenter depuis le début de l’année ? J’ai un tableau à l’appui de mes propos. Il s’agit du bœuf, du mouton et du poulet frais et congelés, du poisson La Perle, du poisson salé. Pourra-t-il indiquer les mesures qu’il compte prendre pour atténuer les difficultés d’accès à la nourriture que rencontre la population ? Car nous n’allons pas nous contenter que du lait dans ce pays.
MS : Il doit faire preuve de patience car une deuxième liste de produits subventionnés est à venir.
Stéphanie Anquetil : Le ministre peut-il indiquer à la Chambre le taux d’inflation en 2022 et 2023, ainsi que le taux d’inflation actuel ?
MS : L’inflation était très élevée lorsque le MSM était au pouvoir. Voici quelques exemples : en octobre 2022, ce taux était de 9,9 %. En novembre 2022, il était de 10,3 %. En décembre 2022, le taux était de 10,8 %. Et il se situait entre 11 et 12 % en 2023. Aujourd’hui, voici quelques exemples datant de juillet. Juillet 2025 : 3,1 %. Août 2025 : 3,3 %. Septembre 2025 : 3,4 %. Octobre 2025 : 3,5 %.
Adrien Duval : Toutes les promesses qui ont été faites ont été reniées. La seule promesse qui reste est la promesse finale de l’annonce du changement…
Speaker : Je viens de dire que nous avons besoin de questions. Nous n’avons pas besoin de commentaires. Je veux que vous posiez une question.
AD : La promesse phare a été bien sûr d’instaurer un fonds de stabilisation de Rs 10 milliards. Quand peut-on attendre ce fameux fonds de stabilisation à hauteur des 10 milliards ? Comme promis, surtout maintenant que le deal des Chagos est en question ? Quand ?
Speaker : Quand ? Je n’ai pas besoin de réponse. Le ministre a parlé pendant 20 minutes de la stabilisation. Nous n’avons pas besoin de réponse.
MS : Nous avons un mandat de cinq ans. Vous avez à faire preuve de patience.
JL : Je reviens au fonds de stabilisation des prix. Nous comprenons, d’après la réponse, que sur Rs 492 millions, seules Rs 73 millions ont été déboursées le MRA. Il a ensuite évoqué la deuxième liste. Puis-je être informé l’Assemblée de l’état d’avancement de la publication de cette deuxième liste de produits concernés par ce fonds ?
MS : En ce qui concerne les associations de protection des consommateurs, j’ai déjà approuvé cette liste il y a trois mois. J’ai rencontré les associations des consommateurs. Nous avons également réuni le comité technique interministériel avec le ministère des Finances. Le comité interministériel devra se réunir la semaine prochaine. Par la suite, nous irons pour des décisions en conseil des ministres.
Nominés politiques — Media Monitoring : Rs 1,2 M versés à Deven Annacootee
Le montant total versé par la Banque de Développement à Deven Annacootee de janvier 2021 à octobre 2024 s’élève à Rs 1 250 000 pour des services de Media Monitoring. En même temps, ce nominé politique était l’attaché de presse du ministre de la Pêche du gouvernement de Pravind Jugnauth.
C’est ce qu’a répondu le Premier ministre, Navin Ramgoolam, au député Ram Etwareea lors du QuestionTime d’hier.
La Development Bank of Mauritius (DBM) Ltd qui l’avait engagé à temps partiel en tant que Service Provider for Media Monitoring pour une période initiale de six mois, soit du 1er janvier 2021 au 30 juin 2021, moyennant une rémunération mensuelle de Rs 25 000.
Son contrat a ensuite été renouvelé à trois reprises, aux mêmes conditions et pour un montant mensuel identique de Rs 25 000: du 1er juillet 2021 au 31 décembre 2021; du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2022; et du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2023.
À la fin du mois de décembre 2023, un nouveau contrat, assorti de conditions révisées, a été signé avec Deven Annacootee en tant que consultant en communication à temps partiel, pour une durée d’un an, soit du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2024, pour un forfait mensuel de Rs 35 000.
Le contrat initial, ainsi que chacun des renouvellements ultérieurs, ont été approuvés par le conseil d’administration de la DBM Ltd de l’époque, sur recommandation de la direction.

