Le Black Friday s’installe à nouveau à Maurice, attirant des foules en quête de bonnes affaires. Les grandes enseignes multiplient les offres, particulièrement sur l’électroménager, l’électronique, les vêtements ou encore les articles pour la maison. Les promotions sont annoncées jusqu’à la fin du week-end, aussi bien en magasin qu’en ligne, où les commerçants misent sur la croissance des achats numériques.
Mais derrière les rabais alléchants, la réalité n’est pas toujours celle affichée. Plusieurs promotions présentées comme exceptionnelles ne correspondent pas forcément à de véritables baisses de prix. Et c’est précisément ce que souligne Jayen Chellum, de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), qui appelle à la prudence.
Selon lui, cette période peut fragiliser encore davantage des budgets déjà tendus, « Même si le Black Friday coïncide avec la paie, il faut éviter les achats impulsifs. Les dépenses fixes d’un foyer notamment les factures, l’alimentation, doivent être prioritaires ». La vraie question, rappelle-t-il, est de savoir si l’article en promotion répond à un besoin réel ou si c’est seulement l’étiquette rouge qui convainc d’acheter.
Dans les rues et les centres commerciaux, les consommateurs réagissent différemment à cette avalanche d’offres. Dev, habitant de Highlands et père de famille, soutient pour sa part que son budget reste centré sur les besoins essentiels. « Beaucoup d’achats finissent oubliés dans un coin. Sa fer boukou depans inutii, ek sa fer bien lour lor bidze », explique-t-il, estimant que les promotions peuvent facilement devenir un piège.
Même prudence du côté de Kate, maman de trois enfants, qui préfère éviter la foule des centres commerciaux. Pour elle, le temps passé dans les embouteillages ou à chercher un parking serait mieux utilisé en famille. « Mo travay pou nouri mo lafami ek fer ekonomi pou mwa Desam. Zanvie enn long mwa. Wi, nou gagn 13ᵉ mwa, me bizin depans intelizaman », avance-t-elle, soulignant que le Black Friday ne doit pas être une excuse pour s’endetter ou négliger les priorités.
Pour certains, toutefois, cette période reste une opportunité à condition d’être vigilants. Deeshna,amoureuse des produits cosmétiques, reconnaît qu’elle profite des « promotions », mais raconte avoir déjà découvert des articles soldés alors que la date était dépassée, ainsi un ancien stock remis discrètement en rayon.
Elle insiste donc sur l’importance de vérifier chaque détail, « Ce n’est pas parce qu’un article est en promotion qu’il faut le mettre directement dans le caddie. Kan monn lir mo finn trouv dat-dexpirasion ti fini pase ».
Au-delà des comportements d’achat, c’est aussi la transparence des commerçants qui pose question. Selon Jayen Chellum, certaines pratiques sont trompeuses, notamment des prix barrés remplacés par des “prix promotionnels” qui ne reflètent pas toujours une vraie réduction. Pourtant, rappelle-t-il, la loi est explicite, « un prix ne peut pas être artificiellement gonflé avant d’être présenté comme une promotion. Le montant de référence devrait être celui affiché au début du mois ». Une règle que, selon lui, plusieurs commerces ne respectent pas.

