Le coup d’envoi de la campagne des Seize jours d’activités contre la violence basée sur le genre s’est tenu, le 26 novembre, à la Harilal Vaghjee Hall, dans une ambiance très détendue, mais marquée par un message ferme du Premier ministre Navin Ramgoolam quant à la réforme électorale. Il a confirmé que le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, et lui-même iront « résolument de l’avant » avec la réforme électorale, incluant l’introduction de la représentation proportionnelle, ce qui permettra d’avoir une représentation adéquate des femmes à l’Assemblée nationale.
« Le DPM et moi irons de l’avant avec l’engagement que nous avons pris. La proportionnelle est nécessaire pour une représentation plus juste et plus équilibrée », a-t-il fait ressortir, devant un parterre composé de ministres, de ministres délégués, de parlementaires de la majorité, d’ONG, de membres du corps diplomatique, de représentants du système des Nations unies et d’acteurs de la société civile.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte où le gouvernement se trouve sous pression internationale concernant la participation des femmes à la vie publique, comme devait le souligner la représentante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Maurice, Alka Bhatia, dans son discours.
La Harilal Vaghjee Hall a pris, depuis le 26 novembre, des allures d’une salle d’exposition moderne où plusieurs artistes ont exprimé, à leur manière, leur vision de la violence basée sur le genre, à travers des tableaux ou des vidéos. Au milieu de la salle se trouve un arbre sur lequel les visiteurs sont invités à s’exprimer contre la violence basée sur le genre, en particulier envers les femmes et les enfants, sous forme de feuilles déposées sur les branches. L’exposition multimédia interactive a été montée en partenariat avec le PNUD.
Dans son intervention, Navin Ramgoolam a abordé la nécessité de politiques solides et coordonnées pour réduire ou éliminer la violence de genre. « Tout gouvernement responsable doit mettre en place des politiques fortes et efficaces pour combattre ce fléau », a-t-il affirmé, indiquant que Maurice fut l’un des premiers pays au monde à créer un ministère spécifiquement dédié à l’égalité de genre. Il a toutefois prévenu que l’action institutionnelle ne pourra pas suffire. « La violence basée sur le genre touche à toutes les communautés et toutes les couches sociales. Le gouvernement seul ne peut y mettre fin. Chaque citoyen doit s’engager », ajoute-t-il.
Pour sa part, Paul Bérenger a salué l’initiative du Gender Caucus de l’Assemblée nationale, présidé par Shirin Aumeeruddy-Cziffra, tout en abordant un constat alarmant : la violence de genre est en hausse partout dans le monde. Selon lui, la réponse la plus durable réside dans la prévention. « Il faut enseigner dès le plus jeune âge le respect, l’égalité et la dignité humaine. C’est ainsi que nous pourrons briser le cycle », indique-t-il. Il a appelé parents, enseignants, institutions et fonctionnaires à unir leurs efforts pour faire de Maurice un modèle en matière de lutte contre la violence de genre.
Pour la ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, Arianne Navarre-Marie, une prise de conscience collective est nécessaire. Elle a mis l’accent sur notamment l’inauguration récente d’un centre d’accueil pour femmes et enfants vulnérables, signe que les besoins sont urgents et réels. « Il n’y a pas encore une prise de conscience suffisante. La violence basée sur le genre n’est pas une affaire privée : c’est une cause nationale », a-t-elle martelé. Son message : briser le silence, soutenir les victimes et construire une société où les femmes et les jeunes filles peuvent « vivre sans peur et reprendre leur destin en main ».
La Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, a recherché, elle, une implication du public. L’exposition, qui transforme l’Assemblée nationale en espace citoyen durant 16 jours, invite la population à écrire, témoigner, réfléchir, mais surtout à ressentir. « Nous voulons une participation active. Le Parlement doit redevenir la maison du peuple », a-t-elle déclaré. Pour elle, l’exposition met en scène œuvres d’art, installations interactives, réalité virtuelle, messages sur l’Arbre de la Dignité et projections de courts films : « Nous ne voulons pas seulement que les visiteurs admirent les tableaux : nous voulons qu’ils ressentent, qu’ils comprennent, qu’ils écrivent, qu’ils participent », préconise-t-elle.
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, le DPM, Paul Bérenger, la ministre de l’égalité du genre, Arianne Navarre Marie, la représentante du PNUD, Alka Bhatia, ainsi que des ministres et des personnalités présentes ont ensuite procédé à la signature d’un Pledge contre la violence basée sur le genre.
L’exposition – qui est ouverte au public – sera visible jusqu’au 10 décembre .

