Un atelier multisectoriel de formation de formateurs, intitulé “Consolidating a Survivor-Centred Gender-Based Violence (GBV) Response in Mauritius”, s’est ouvert ce lundi 1er décembre à The Docks, Port-Louis. Étalé sur cinq jours, jusqu’au 5 décembre, ce workshop vise à doter les professionnel(le)s et acteur(rice)s des secteurs clés de la santé, des services sociaux, de la justice et de la police des compétences nécessaires pour devenir formateurs de l’Executive Package et assurer la pérennité de l’approche centrée sur les survivantes à travers l’île. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des 16 Jours d’activisme contre les VBG et du Workplan annuel 2025 de United Nations Population Fund (UNFPA).
Organisé par le ministère de l’Égalité du Genre et du Bien-être de la Famille, avec le soutien de l’UNFPA Maurice/Seychelles, de l’UNFPA ESARO et de l’UNODC ROSA, cet atelier propose pendant cinq jours un programme intensif mêlant présentations interactives, études de cas, mises en situation, travaux de groupe et exercices de simulation, animé par des expert(e)s de l’UNFPA et de l’UNODC. Cette approche combine les meilleures pratiques internationales avec les réalités locales, permettant aux participant·e·s d’acquérir des compétences concrètes et directement applicables dans le contexte mauricien.
À l’issue de la formation, les participant(e)s seront capables de mettre en pratique l’approche trauma-informed et centrée sur les survivantes, d’acquérir des compétences spécialisées adaptées à leur secteur, de renforcer la coordination multisectorielle et de diffuser efficacement la formation au sein de leurs institutions, garantissant ainsi la pérennité de l’approche centrée sur les survivantes à l’échelle nationale.
L’ouverture officielle s’est tenue en présence de la ministre Arianne Navarre-Marie, de la représentante de l’OMS à Maurice et porte-parole de la Coordinatrice Résidente des Nations Unies pour Maurice et les Seychelles, Dr Anne-Marie Ancia; du Directeur des Poursuites Publiques, Rashid Ahmine, Senior Counsel, ainsi que de l’Ombudsperson for Children, Aneeta Ghoorah.
La ministre Arianne Navarre-Marie a souligné l’importance de la résilience, de la collaboration et du renforcement continu des compétences, insistant sur le fait qu’une approche multisectorielle et coordonnée est la seule capable de produire un réel changement. « Cette formation peut faire une différence. Et elle le fera », a-t-elle déclaré, tout en indiquant que l’objectif était de former des formatrices et formateurs capables de mettre en œuvre une approche cohérente, humaine et centrée sur les survivantes. Elle a également salué la collaboration entre le ministère, l’UNFPA Maurice/Seychelles, l’UNFPA ESARO et l’UNODC ROSA, précisant qu’aucune institution ne pouvait, seule, lutter contre les VBG et que c’est dans l’union de leurs efforts que réside l’efficacité.
Elle est revenue sur le rôle de la formation dans le développement de compétences en écoute, empathie et accompagnement de personnes traumatisées, afin de préparer les participant(e)s à intervenir efficacement dans leurs fonctions au sein des Family Support Services. « La formation permettrait aux professionnel(le)s de la santé, de la justice, de la police et des services sociaux de maîtriser le trauma-informed, survivor-centered approach , de renforcer la communication interinstitutionnelle et de diffuser leurs nouvelles compétences au sein de leurs équipes, assurant ainsi la pérennité de l’approche centrée sur les survivantes », a-t-elle ajouté.
De plus, Arianne-Navarre Marie a indiqué que, malgré le renforcement des lois, services et mécanismes de protection, ce sont les professionnel(le)s formé(e)s, engagé(e)s et coordonné(e)s qui font réellement la différence. « À partir d’aujourd’hui, vous êtes les ambassadeurs de cette transformation. Empathie, courage et détermination doivent guider chacun de vos gestes. Car chaque fois qu’une femme ou un enfant vient vous voir, ils comptent sur nous. Parfois sans même le savoir », a-t-elle affirmé.
Pour sa part, Dr Anne-Marie Ancia a souligné la montée rapide des violences basées sur le genre dans le contexte numérique et la nécessité pour les systèmes nationaux de s’adapter en conséquence. Elle a mis en avant que la VBG reste une préoccupation majeure à Maurice, touchant une femme sur quatre, tout en notant l’engagement fort des services sociaux, du secteur des technologies de l’information et de la communication, des forces de l’ordre, du système judiciaire et de la société civile.
Dr Ancia a mis en avant le travail récent de l’UNFPA visant à revoir et harmoniser les procédures opérationnelles standard (SOP) entre les différents secteurs impliqués dans la prévention et la prise en charge des VBG, offrant à Maurice un cadre moderne centré sur les survivantes et conforme aux standards internationaux. Malgré ces avancées, elle a souligné que l’expérience des survivantes reste encore inégale, notamment face à la montée du harcèlement en ligne, de la diffusion d’images ou de l’usurpation d’identité.
Le programme de formation de formateurs vise à renforcer la coordination intersectorielle et à garantir un accompagnement plus cohérent des survivantes, qu’il s’agisse de violences en ligne ou hors ligne. Selon Dr Ancia, la feuille de route multisectorielle à élaborer, ainsi que les discussions autour d’un Comité national de pilotage sur la VBG, permettront de consolider la collaboration à long terme. Elle a enfin réaffirmé l’engagement des Nations Unies à fournir un appui technique et a évoqué que Maurice dispose de tous les éléments nécessaires pour bâtir un système de réponse aux VBG solide et tourné vers l’avenir.
Affaire de la fillette à Barkly
Face au drame survenu récemment à Cité-Barkly, où une fillette de six ans a été agressée à son domicile, la ministre de l’Égalité du Genre et du Bien‑Être de la Famille, Arianne Navarre‑Marie, a exprimé sa consternation et assuré que son ministère suit le dossier de près. Elle a souligné que la fillette, ainsi que son frère de 14 ans, qui est intervenu pour la protéger, bénéficient d’un accompagnement médical, psychologique et social complet.
« Depuis le 24 novembre, les officiers concernés suivent de près le dossier et accompagnent la famille, en particulier la petite fille et son frère, en leur fournissant tous les services et soutiens nécessaires. J’ai personnellement rassuré la famille que toutes les mesures requises seront prises et que nous ferons ce qu’il faut », a déclaré la ministre, réaffirmant l’engagement de son ministère à assurer une prise en charge coordonnée et efficace dans ce type de situation critique.

