– Initiative de la Speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, permettant de recueillir des mots des élèves victimes de violence
Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, la Boîte aux lettres La Colombe a été lancée. Elle est inspirée de la Boîte aux lettres Papillons, en France, qui permet aux élèves d’y déposer un petit mot s’ils sont victimes de harcèlement scolaire ou de violence de toute forme. Ce concept sera appliqué sur une base pilote dans quelques écoles dès l’année prochaine.
La Boîte aux lettres Papillons a été lancée en France, il y a quelques années, à la suite des cas de suicide liés au harcèlement scolaire. Face à la montée de la violence à Maurice, Shirin Aumeeruddy-Cziffra a proposé au ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, d’appliquer un modèle similaire, baptisé Boîte aux lettres La Colombe.
S’exprimant sur cette démarche, Shirin Aumeeruddy-Cziffra a expliqué : « l’enfant, qui est victime, n’a pas le courage d’aller raconter aux adultes. » D’où la nécessité de leur donner un moyen de s’exprimer. Elle a ainsi livré un récit dans lequel une petite fille avait déposé un mot dans une boîte, disant que son grand-père l’avait touchée à certains endroits. « Le grand-père avait par la suite été arrêté. »
La Speaker de l’Assemblée nationale s’est dit consciente que tous les mots déposés dans la boîte ne seront pas nécessairement adaptés au sujet. « Peut-être que 80% ne voudront rien dire, mais qu’allons-nous faire des 20% ? Il faudra s’en occuper », propose-t-elle
Au sujet de la violence, Shirin Aumeeruddy-Cziffra a fait ressortir que « c’est un problème millénaire que nous continuons à transporter de génération en génération. On parle aujourd’hui de violence intergénérationnelle : les enfants apprennent la violence à travers leurs parents. Quand un père bat la mère, les garçons vont imiter. 20% des garçons reproduisent la violence domestique et 20% de filles seront victimes de violence domestique, parce qu’elles ont vu leurs mamans en subir. Elles ont intégré que c’est normal. »
Elle a ainsi mis l’accent sur l’amour, qui mérite d’être cultivé. « Qu’est-ce que c’est que cet amour, qui est violent ? Combien de temps encore faudra-t-il attendre pour comprendre ? D’autant qu’aujourd’hui, il y a des mariages d’amour. Ce ne sont plus des mariages arrangés, comme avant. L’amour doit se cultiver, même si ce n’est pas toujours facile dans un couple », fait-elle ressortir.
Revenant à la Boîte aux lettres La Colombe, elle a indiqué la confier au ministre de l’Éducation, qui en définira les modalités de sa mise en pratique.
Pour sa part, le ministre Gungapersad s’est réjoui que la boîte porte le nom de La Colombe, symbole de paix et d’amour. Il est d’avis qu’il faut chercher des moyens de briser le cercle vicieux de la violence sous ses différentes formes. « Nous voulons protéger notre société et nos enfants en sont les plus vulnérables », trouve-t-il.
Un projet pilote sera ainsi lancé dans quelques écoles, l’année prochaine. Cependant, a fait ressortir le ministre, la violence ne se limite pas à l’école. « Le bullying ne commence pas à 8h30 et se termine à 14h30. Parfois, le harcèlement a lieu aussi dans la famille », trouve-t-il.
Le combat contre la violence et la criminalité, a-t-il ajouté, passe par l’éducation. Dans ce contexte, le Blue Print qui sera présenté en février de l’année prochaine apportera des éléments de réponse. Il a également mis l’accent sur la violence numérique.
pour cette initiative et émis le souhait que « nous apprenions tous le respect envers l’autre, même s’il s’agit de notre adversaire ».

