Opération Maradiva, Lakaz Mama – Sezon II  : Money Trail sur les bénéficiaires des Rs 470 M de la SBM 

La Financial Crimes Commission (FCC) compte entamer un exercice de Money Trail pour établir comment les Rs 470 millions accordées par la State Bank of Mauritius (SBM) à Dhyanavartam Ltd ont été dépensées et surtout qui sont ceux ou celles qui en ont été les bénéficiaires. Cette éventualité » donne une nouvelle dimension à l’opération Maradiva, Lakaz Mama – Sezon II avec des rebondissements potentiels. Cette transaction s’est déroulée à quatre mois seulement des dernières élections générales de novembre 2024.

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Le High Profile Bank Customer avait justifié cette demande, affirmant que des travaux de rénovation étaient en cours au Maradiva Resorts. Les enquêteurs veulent savoir si cette somme colossale a bien été utilisée pour la mise à exécution des travaux ou si une partie a pu être détournée à d’autres fins, dont l’organisation de White Parties avec des mannequins étrangers de passage.

Les limiers de la Financial Crimes Commission s’interrogent également au sujet de l’intégralité de cette somme payée à Dhyanavartam Ltd au lieu d’un système par Instalments. « Kan enn Layman pran loan pou renov lakaz, la banq check avanse travo avan debours trans Loan », indique-t-on du côté de la FCC. L’investigation devrait déterminer si le même système a été appliqué dans le cas de Dhyanavartam Ltd. du clan Jugnauth/Ramdenee. Les enquêteurs attendent des documents bancaires à ce sujet.
Durant la semaine écoulée, deux protagonistes centraux du dossier ont été rattrapés par la relance de cette enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) : Sanjiv Ramdanee, beau-frère de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth et ancien Chief Executive Officer de Dhyanavartam Ltd, et Premchand Mungur, ex-Chief Executive Officer (CEO) de la State Bank of Mauritius (SBM). qu est parti de la SBM Tower en disgrâce professionnelle. Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir orchestré, ensemble, un stratagème pour obtenir l’aval bancaire d’un financement devenu un Toxic Loan.

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La FCC a frappé une première fois mardi dernier en appréhendant Sanjiv Ramdanee, 60 ans. L’homme d’affaires est interpellé au terme d’un interrogatoire Under Warning au Réduit Triangle. Il est ensuite conduit au centre de détention de Moka, où il passe la nuit avant d’être présenté devant la cour de Port-Louis le lendemain. Une accusation provisoire de complot est retenue contre lui, accusation qu’il rejette catégoriquement.

Selon les enquêteurs, Sanjiv Ramdanee aurait joué un rôle décisif dans l’éaboration et la présentation du Business Plan ayant servi à justifier le prêt de Rs 470 millions. Ce dossier, défendu avec toute la rigueur administrative requise, reposait principalement sur la valorisation des villas du Maradiva Resort sur la côte Ouest à Wolmar. La FCC estime toutefois que les estimations fournies à la banque étaient nettement surévaluées, et que Dhyanavartam Ltd se trouvait déjà, à l’époque, dans une situation de détresse financière , notamment dans l’après-pandémie.

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La liberté conditionnelle de Sanjiv Ramdanee est accordée sans objection de la FCC, mais elle s’accompagne des garanties suivantes : Rs 1,4 million de caution et une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. La présence d’une délégation de VVIPS du MSM, flanquée de gros bras, malmenant des membres de la presse aux abords du tribunal, témoigne de la charge politique du dossier.

Quelques heures plus tard, la FCC est passée encore à l’action. Premchand Mungur, ancien CEO de la SBM et déjà arrêté une première fois en juin, est de nouveau interpellé. Il est soupçonné non seulement d’avoir présenté au Management Credit Forum de la SBM des informations incomplètes ou inexactes concernant la situation réelle de Dhyanavartam Ltd, mais aussi d’avoir agi délibérément pour faciliter l’approbation d’un prêt que plusieurs experts internes estimaient risqué.

Pour la Financial Crimes Commission, le cœur du problème se situe dans la chaîne de décision car malgré les signaux alarmants concernant la solvabilité du groupe, la SBM a tout de même validé l’emprunt de Rs 470 millions en juillet 2024. Une décision qualifiée d’inexplicable, compte tenu de l’exposition déjà massive des institutions publiques envers Dhyanavartam Ltd.

Premchand Mungur est, lui aussi, sous le coup d’une accusation provisoire de complot. À l’instar de Sanjiv Ramdanee, il retrouve la liberté moyennant deux cautions de Rs 700 000 chacune et une reconnaissance de dette de Rs 5 millions, avec des conditions strictes : interdiction de contacter des témoins, obligation de se présenter trois fois par semaine au poste de police et disponibilité permanente pour toute convocation de la FCC.

Cette affaire commence avec Mauriplage Beach Resort Ltd, entreprise active dans l’hôtellerie à Flic-en-Flac. Le tournant s’opère en 2016, année où la société change de nom et adopte une nouvelle structure ambitieuse. Ce changement coïncide avec l’arrivée de Kobita Jugnauth, épouse de Pravind Jugnauth, à la présidence du conseil d’administration, tandis que son frère Sanjiv Ramdanee assume la direction exécutive.
L’entreprise se lance alors dans une série de projets haut de gamme comprenant rénovation des Resorts Maradiva et Sands, développement immobilier luxueux et certaines villas atteindront des prix faramineux. Mais cette expansion fulgurante repose sur un recours massif à l’endettement.

En 2022, la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC) injecte un premier financement de Rs 650 millions, suivi d’autres versements portant l’ensemble de son soutien financier à Rs 1,6 milliard, alors même que des rapports internes pointaient l’absence de revenus déclarés et des risques sévères pour la viabilité du groupe. Dans les banques publiques, l’exposition totale est estimée à plus de Rs 3,5 milliards, un chiffre qui circule dans les milieux financiers et qui alimente les inquiétudes depuis plusieurs années.
C’est dans ce contexte de croissance, soutenue par un endettement massif, que les doutes émergent. À mesure que les difficultés financières du groupe s’accumulent, les questions se multiplient : les fonds ont-ils été utilisés conformément aux objectifs annoncés ? Des informations cruciales ont-elles été volontairement occultées ? Des pressions politiques ont-elles facilité l’octroi de prêts hors normes ? Autant de questions sur lesquelles se penche la FCC.

Vers la fin de 2024, la FCC ouvre une enquête visant non seulement Dhyanavartam Ltd, mais aussi plusieurs sociétés satellites, dont Cittamekam Ltd et Westbymj Ltd, où Dhyanavartam Ltd détient la majorité des parts. Depuis début 2025, les enquêteurs ont saisi une montagne de documents – correspondances, états financiers, évaluations immobilières, rapports de Due Diligence – pour reconstituer le parcours de chaque roupie empruntée.

L’affaire bascule définitivement en zone rouge lorsque le prêt de Rs 470 millions est officiellement classé Toxic Loan, autrement dit, un financement dont les chances de remboursement sont quasi nulles.

Cependant, les arrestations successives de Sanjiv Ramdanee et Premchand Mungur ne marquent pas la fin du dossier, mais sans doute le début d’une nouvelle phase. Les enquêteurs cherchent désormais à établir l’existence ou non d’un pacte frauduleux, d’un possible abus de position, ou encore de faveur politique accordée à une entreprise intimement liée à l’entourage politique et d’affaires de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth.

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