Réunis pour le 2025 FIRST and AFRICACERT Symposium: Africa and Arab Regions, experts, décideurs et praticiens de la cybersécurité, ont affiché une ambition commune sous le thème When the Defenders Unite : faire front, ensemble, contre des menaces numériques qui transcendent désormais les frontières.
Avinash Ramtohul, ministre des Tic, a expliqué qu’autrefois le pays était bien placé sur la transformation digitale en Afrique, mais a reculé par la suite. « There was a time when Mauritius was the lighting for digital transformation in the region. Now, we have lost several positions, and we face it, and we accept it », regrette-t-il.
Mais cette situation est appelée à changer radicalement, selon lui, avec ce rebond attendu reposant sur la promesse du Blueprint. Structuré autour de quatre piliers — infrastructures publiques numériques, capital humain, réforme législative et durabilité digitale — ce plan place la cybersécurité au cœur de toute ambition de développement. « Cyber security is at the heart of each of those pillars », dit-il tout en soulignant que la stabilité économique et la stabilité sociale sont désormais indissociables de la stabilité numérique.
Plus qu’une question d’outils ou d’infrastructures, la cybersécurité concerne toute la société. « We are no longer protecting computers. We are protecting society », a-t-il déclaré, indiquant que l’ère de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux a profondément modifié la nature même des risques. Données personnelles, comportements en ligne, exposition des enfants et des groupes vulnérables : autant d’éléments qui font du cyberespace un enjeu sociétal à part entière.
Le ministre s’est attardé sur l’impact des réseaux sociaux à Maurice, évoquant des cas concrets et des statistiques alarmantes. Harcèlement en ligne, escroqueries, cyberintimidation : depuis février, 1 414 incidents liés au harcèlement en ligne ont été recensés, avec une majorité de victimes féminines. Les cas d’escroqueries et fraudes s’élèvent à 763. Pour la même période il y eu 165 cas de sextortion, 472 cas de vols d’identité, 51 cas de Cyberstalking, 39 cas de Phishing, 520 cas de Fake News, entre autres
Pour Avinash Ramtohul, il ne s’agit pas de diaboliser la technologie, mais de tirer la sonnette d’alarme sur ses usages incontrôlés. « If we do not have the right approach to social media management or governance, we will not be able to protect our children in the future », a-t-il prévenu, appelant à des mesures équilibrées, respectueuses des droits constitutionnels mais fermes face aux dérives.
Dans ce contexte, le ministre plaide pour une responsabilisation accrue des grandes plateformes internationales. Il ne cache pas son intention de voir des acteurs comme Meta s’engager davantage localement. « We say we want Facebook to come to Mauritius. We want them to be locally present. We want them to take accountability. We want them to be aware of the problems that we are facing because of their help. Our children are dying in this country. We’ve had several cases », a-t-il déclaré, estimant que les plateformes doivent comprendre les réalités sociales qu’elles contribuent à façonner.
Conscient toutefois du poids limité d’un petit État face à des géants mondiaux, Avinash Ramtohul appelle à une réponse collective. « If Mauritius is too small as a country, then we group ourselves as the African Union. We make one voice, one objective, one vision », a-t-il lancé, défendant une approche continentale pour imposer un dialogue et des standards communs.
Sur le plan institutionnel, le ministre a annoncé la volonté de créer une National Cyber Resilience and Cyber Security Agency, dotée d’un numéro d’appel unique pour les victimes de cybercrimes. Une initiative destinée à améliorer la prise en charge des plaintes, renforcer la coopération avec la police et assurer un meilleur suivi judiciaire, alors qu’une seule condamnation a été enregistrée ces dernières années malgré l’existence de textes comme l’ICT Act.
Cette nécessité de réactivité rejoint l’analyse d’Olivier Caleff, président de FIRST, pour qui la confiance et la rapidité sont essentielles. « Trust is, I would say, the cornerstone of everything when it comes to the cyber community », a-t-il expliqué, avant de faire comprendre que « time is a critical parameter when it comes to incident management ».
Plus une attaque est détectée tard, plus ses conséquences sont graves. Même appel au changement de paradigme du côté de Jean-Robert Hountomey, directeur d’Africacert. « Our commitment as Africans to the continent remains stronger than ever », a-t-il affirmé, plaidant pour « a shift from security as product to security as country » et pour une approche moins centrée sur la conformité formelle que sur l’exposition réelle aux risques.
Enfin, Abdul-Hakeem Ajijola, président du groupe d’experts en cybersécurité de l’Union aAricaine, a mis l’accent sur l’enjeu stratégique d’une action concertée : « Cybersecurity is a collective responsibility across borders » et « Africa must act as one ecosystem to be effective against global threats », estime-t-il.
Avinash Ramtohul a aussi évoqué la mise en place d’une AI Unit au sein de son ministère et la publication imminente d’une stratégie nationale en intelligence artificielle. Son objectif est clair : « tt is now time to convert potential into performance ».

