— Alors tu as fini d’acheter tes cadeaux de Noël ? — Non, toi. Je n’ai pas acheté grand-chose jusqu’à présent. Toi, tu as déjà fini ? — Depuis longtemps, toi. Comme ça j’ai pris le temps de bien choisir et surtout de payer moins cher. Parce qu’en fin d’année tous les prix augmentent. — J’ai pas eu le temps, avec le travail ki pe donn balet les enfants en congé, qu’est-ce que je vais te dire. — Il faut que tu te dépêches, sinon tu vas tomber dans le rush des fêtes et les magasins vont être remplis. Sans compter les marchands ambulants… • Ayo, comme dit ma maman, ce sont des marchands ambulants qui bougent fixe ! Ils ont fini de squatter tous les trottoirs, toi. — Tu as raison : on peut à peine passer sur les trottoirs qui ont été transformés en rayons de magasin. À Rose-Hill on doit marcher sur la route même. — Ce n’est pas qu’à Rose-Hill que ça se passe comme ça. Il y a une bagarre entre politiciens et marchands ambulants à Port-Louis ! — J’ai vu ça dans les journaux, c’est pareil comme les années précédentes : malgré le changement, rien n’a changé. — Qu’est-ce que tu veux dire par là ? — Depuis des années, les politiciens disent qu’ils vont régler une fois pour toutes le problème des marchands ambulants qui bougent fixe. Et à la fin de l’année c’est la même chose : les centres-ville sont transformés en foire à ciel ouvert ! — Laisse-moi te dire que ce n’est pas que dans les villes que ça se passe comme ça. Va voir un coup à Flacq, Triolet ou Goodlands ! — Et plus chacun joue sa musique mari fort. Tu sors de là à moitié sourde je te dis. — Est-ce que la police ne devrait pas prendre des contraventions pour les marchands qui bloquent les trottoirs et tous ceux qui mettent leur musique au maximum ? — Tu ne sais que la spécialité de certains policiers c’est de ne rien voir, de ne rien entendre et de ne rien dire ? Il paraît que certains préfèrent la monnaie dite. — Qu’est-ce que c’est que ça encore ? — Tu n’es pas au courant ? C’est comme ça qu’on appelle le billet que tu mets dans ta licence quand un policier veut te donner une contravention. — Tu crois vrai même que c’est comme ça que ça se passe ? — Je ne dis pas qu’ils sont tous comme ça… Mais tout de même, toi, tu ne trouves pas extraordinaire que malgré tous ces policiers que l’on voit dans les rues, les marchands ambulants continuent de bloquer les trottoirs, obligeant les passants à marcher sur la route… —… sans compter, comme tu l’as dit, tous ceux qui jouent de la musique à tue-tête sans problème. — Et je ne te parle pas de ces voitures que l’on a transformées en disco-mobile et qui mettent le volume de leurs sonos au maximum ! C’est ça la magie de Noël ! ? — C’est surtout de la pollution sonore ! Que fait le ministre de l’Environnement ? Pourquoi il n’applique pas sa loi : to pollué to tassé ? — On me dit que le ministre est très, très occupé à barrer les goals. — Le ministre de l’Environnement s’occupe aussi de sport maintenant ? — Non, il barre les goals pour empêcher l’Alliance de casser. — Mais ton Polo n’avait pas dit que Navin avait réussi à le convaincre de rester au gouvernement ? — C’est pas Navin qui l’a convaincu, mais le fait que tous les ministres junior et senior MMM avaient fait savoir que « si Paul anvi ale, li pou al tousel ! — Mais s’il a été, comme tu le dis obligé de rester, pourquoi est-ce que le ministre de l’Environnement doit barrer des goals ? — Parce que tu connais le bezer karakterde Ton Polo ! Il est toujours en train de chercher lipou poul dan fes kok, comme on dit vulgairement ! — Qu’est-ce qu’il a encore fait, comme ça ? — Tu n’as pas vu comment au Parlement il a maltraité la députée Anquetil qui posait des questions à la ministre du Gender ? — Il l’a maltraitée en plein Parlement ? — Oui toi, et sur un ton ça je te dis ! — Je n’arrive pas à croire ça, toi. Et les ministres du gouvernement n’arrêtent pas de dire que l’Alliance du Changement a redonné à la démocratie parlementaire ses lettres de noblesse ! — En tout cas, lors des deux dernières séances, il y avait un tel wachi-waladans le Parlement que la Speaker, qui n’arrivait pas à contrôler la situation, a été obligée de suspendre la séance ! — Finalement, plus ça change, plus c’est la même chose ! Mais revenons à tes moutons, c’est-à-dire tes cadeaux ! — J’ai fini de savoir ce que je vais faire. — Quoi donc ? — Je vais donner de l’argent comme cadeau, comme ça chacun achètera ce qu’il voudra, et moi je n’aurai pas besoin de faire les magasins dans la chaleur, le bruit et la cohue. — Ayo, c’est pas pareil que quand on déchire le papier emballage pour découvrir son cadeau de Noël. — Mais c’est toujours un cadeau de Noël, non ? Et en plus il est écolo ! — Comment ça, il est écolo ? — Parce que mon cadeau n’a pas besoin de papier emballage, de colle, de ruban qu’on va jeter. Non seulement je respecte la tradition de Noël, mais en plus je protège l’environnement. Qui dit mieux ? J.-C.A.

