À force d’avoir entendu que la caisse est vide, qu’aucune largesse n’était possible et que le moindre écart budgétaire n’était envisageable, les salariés et leurs porte-parole avaient fini par se résigner à l’austérité totale. Or, que ce soit pour la compensation salariale ou pour le Pay Research Bureau, ils ont fini par se sentir presque soulagés.
Et cela, en dépit des déclarations faussement outrées de quelques syndicalistes, surtout ceux qui croient que, plus ils se répandent dans les médias, plus ils poussent leurs demandes, plus ils deviennent populaires. Heureusement que dans ce concert dont les partitions étaient écrites à l’avance et où chacun croit qu’il sera plus audible s’il crie plus fort, quelques voix ont émergé pour exprimer un point de vue bien plus mesuré et responsable.
La compensation de Rs 635, ce sera à partir de janvier pour tous ceux qui touchent moins de Rs 50,000, et une augmentation de la pension universelle non-contributive à hauteur de 3,7% selon le calcul officiel du taux d’inflation.
Entre les entreprises qui multiplient les milliards et qui sont tout à fait capables de revaloriser les conditions salariales de tous leurs employés et la foule des petites et moyennes entreprises qui doivent se battre pour survivre face à des importations généralisées et à bas coût, c’est la théorie du juste milieu qui a prévalu et c’est d’ailleurs ce qu’imposait la situation.
Pour revenir au rapport du PRB qui coûtera près de Rs 11 milliards, là aussi, le gouvernement a réussi à naviguer entre impératifs budgétaires et obligations contractuelles et sociales. Pas de rétroactivité, une moitié de la nouvelle grille dès janvier prochain et la totalité des recommandations appliquées en janvier 2027.
C’est un scénario qui semble tabler sur une croissance un peu plus élevée que les 3,2% de 2025 avec des chiffres provisoires indiquant une progression légèrement supérieure pour 2026 et 2027 bien que les plus optimistes espèrent un taux se chiffrant à 4%. Il est probablement aussi prévu que de nouveaux contribuables entreront dans les filets de l’imposition, ce qui devrait donner un peu de marge à la trésorerie de l’État. La TVA devant naturellement faire le reste.
Si dans l’idéal, tous auraient souhaité que l’écart entre les salaires se referme, ce qui n’est pas le principal marqueur du rapport 2025, la réalité est que le service civil doit aussi pouvoir accueillir et retenir les cadres les plus qualifiés et les plus performants, sinon ils fileraient tous dans le privé, ici ou ailleurs, là où ils ont la possibilité de négocier leur package, rémunération et autres avantages. C’est dire que dans toutes ces équations compliquées, il y a des équilibres délicats à respecter.
Si l’on veut additionner ce qui peut être considéré comme de bonnes nouvelles en cette fin 2025, on peut aussi citer la deuxième vague de produits subventionnés qui touchent cette fois les protéines de bonne qualité et abordables comme les petits poissons, le maquereau et la sardine autrement plus nutritifs que les produits ultra-transformés et nocifs que sont les fast-food, les subsides de Rs 50 sur les couches pour adultes et un montant similaire sur les boîtes de médicaments contre l’hypertension, le diabète et les problèmes cardio-vasculaires. Il ne manque là curieusement que le cholestérol.
La National Agency for Drug Control, organisme qui, il faut le rappeler, n’a pas vocation à suppléer à l’ADSU mais qui, en fait, remplace la NATRESA, qui fut sommairement liquidée par le gouvernement post-2014, devrait connaître une nouvelle impulsion avec le changement à la présidence de l’organisme.
Le night market de fin d’année marche bien, ne serait-ce que dans la capitale où, si l’exercice doit se répéter, il sera désormais impératif d’avoir un meilleur encadrement des activités et une hygiène irréprochable des lieux qui y sont dédiés. Pour ne pas devenir une nuisance pour les commerces légaux et pérennes, les résidents avoisinants et les autres usagers de ces espaces publics. C’est déjà pas si mal ce qui a été mis en place et qui attire un bon nombre de visiteurs. Cela donne tort à ceux qui tous les jours prédisaient un échec de l’opération.
Quelques occurrences réjouissantes dans une conjoncture difficile, c’est toujours bon à prendre, même si ce n’est pas comme si le père Noel était déjà passé. Si l’année 2025 se termine sur une note un peu détendue, que l’on ne s’y trompe pas, les chantiers restent immenses.
La police a un urgent besoin de se réinventer et de redevenir ce corps de métier jadis respecté. Les incidents où des policiers sont impliqués sont trop nombreux et trop scabreux pour que le public leur accorde la confiance. Ce qui est en même temps regrettable dans la mesure où il y a des policiers qui font correctement leur travail et qui sont vraiment au service de la société.
Les prisons sont, elles, devenues incontrôlables parce qu’il y a trop de simples justiciables qui sont en attente de la fin des enquêtes ou de leur procès. Petits délinquants côtoient grands caïds jusqu’à devenir eux-mêmes des criminels endurcis. La réhabilitation est encore bien trop timide.
Le problème vient aussi de la qualité des personnes appelées à travailler dans ce secteur. Comment téléphones, drogues et autres produits interdits arrivent-ils à pénétrer dans des établissements présentés comme des lieux de haute sécurité avec scanners corporels et caméras de surveillance ?
Tout cela ne peut se produire qu’avec la complicité des gardes de prison eux-mêmes et des policiers qui assurent le transfert des détenus entre lieux d’incarcération et tribunaux. S’ils ne réussissent pas toujours à introduire des produits prohibés dans les centres de détention, il leur arrive de prendre la poudre d’escampette, alors qu’ils sont supposées être sous bonne garde policière.
Passée la première année de grâce et de tolérance vis-à-vis des premiers pas et faux pas du gouvernement du changement, la deuxième, celle de 2026 s’annonce autrement plus scrutée avec des attentes de résultats devenant plus pressantes. Tous les défis, eau, électricité, sont encore bien là.
JOSIE LEBRASSE

