À travers son premier roman, Rose délavée, Melissa Rivet Deweer explique le chaos intérieur de son personnage Rose. L’écriture ciselée et précise de Melissa Rivet Deweer qui plonge sa plume dans le chaos des sentiments avec un sens parfait du rythme du récit. Pour cette artiste-peintre qui troque ses pinceaux pour l’écriture, la démarche est réussie. Le lancement a eu lieu mardi dernier au Hennessy Park Hotel avec un beau dialogue entre l’auteure et Anouchka Sooriamoorthy, praticienne de philosophie en entreprise.

Rose délavée, un titre de roman qui interpelle et qui intrigue de par la couleur de la couverture. Pour mieux comprendre ce personnage complexe, il faudrait effeuiller les pages de ce roman et entrer dans la tête de Rose. On voit aussi que l’auteure a écrit un petit « d » dans délavée pour que cela ne se lise pas comme un surnom… histoire de donner le ton à son personnage. Cette approche très subtile de Melissa Rivet Deweer, auteure, artiste-peintre qui a su emprunter ce mot « délavé » dans le domaine du dessin qui désigne cette couleur blafarde pour donner voix au chaos intérieur de Rose, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin sa place, sa lumière.
Melissa Rivet Deweer aime bien le trait de plume de Virginia Woolf, qui explore la conscience féminine. Elle aussi dans son premier roman illustre dans son style cette complexité psychologique de Rose, son personnage principal, tout en maintenant ce côté émotionnel qui fait la force de son histoire. Comme tout artiste, Melissa Rivet Deweer a aussi cette hypersensibilité dont elle ne se cache pas. Son principal trait de caractère repose sur sa spontanéité. Ce qui facilite son approche avec l’être humain dont elle se sent toujours connectée. Curieuse de la vie, elle est en parfait vibrato avec la nature qui l’entoure. « Je suis avant tout une passionnée de la vie qui aime explorer la psychologie de l’être humain.»
Fibre artistique
Fille de Jacques et de Jacqueline Rivet, Melissa Rivet Deweer a hérité de sa mère cette fibre artistique et de son père l’amour des mots. Cette mère de trois enfants sait aussi mettre des mots sur les maux de la vie. Pour elle, la peinture devient récit et le texte naît de l’imaginaire. Sans fioriture, Melissa Rivet Deweer annonce la couleur de son roman : « C’est une fiction. Rose doit retrouver ses couleurs en captant tout se qui se passe autour d’elle. J’ai exploré un thème qu’on retrouve dans toutes les dynamiques familiales pour rendre ce personnage de Rose vivant. Rose a grandi entre les échos du passé et l’emprise de sa mère dont les reproches l’étouffent. Elle porte en elle cette sensibilité et malgré ce chaos qui l’envahit, elle retrouve sa part de lumière. » Melissa Rivet Deweer indique que son roman porte sur la mémoire, la résilience et cette douceur qu’on cultive au cœur des blessures.

Un premier roman qui touche aux émotions qui nous rendent humains, c’est ainsi que Melissa Rivet Deweer, sous sa plume alerte, fait virevolter Rose dans ce fracas de mots et de sentiments tourmentés. « Je veux que les personnes qui me lisent aient ce même plaisir de lecture que moi j’ai eu en écrivant ce roman. Ma démarche est de provoquer des émotions chez le lecteur. »
Rencontre intimiste entre l’auteure et ses lecteurs
De l’émotion, il y en avait dans cette salle du Henessy Park Hotel, mardi soir devant la famille, les amis, les invités. Une rencontre intimiste. Dans une conversation à bâtons rompus entre Melissa Rivet Deweer et Anouchka Sooriamoorthy, la lecture du livre est devenue plus fluide. Il y a d’abord ce mot « hystérie » qui revient en leitmotiv souligné par Anouchka pour dépeindre ce chaos intérieur qu’incarne Rose délavée. Melissa Rivet Deweer, elle, répond que cette démarche est volontaire, car Rose est sujette à un débordement émotionnel et pense être fragile face aux constants reproches de sa mère. Melissa Rivet Deweer a aussi observé le comportement de l’être humain avant de définir le caractère de son héroïne « On se rend compte qu’on porte son passé toute sa vie et pour moi écrivaine, il y avait dans l’écriture de ce roman une distance à prendre entre la fiction et la réalité. J’ai voulu explorer Rose en quête de son identité. C’est aussi un voyage intérieur vu ma sensibilité par rapport aux gens. Il y a aussi la famille qui peut nous former ou nous détruire, et ce choix de Rose à la fin de s’affranchir sans crainte. Il est aussi question de cette estime de soi retrouvée par Rose pour enfin exister pour elle et non en rapport aux autres. »
L’auteure touche un point sensible à l’effet qu’on passe sa vie à se réparer, à nourrir ses insécurités, à chasser sa vulnérabilité. Melissa Rivet Deweer trouve refuge dans l’écriture, son exutoire, car, dit-elle, quand elle écrit, elle ressent les émotions qui font écho et qui lui permettent de poser ses mots en filigrane, tout en explorant librement le déroulé de la vie de son personnage, qui au final a fini par l’habiter.
Pour sa première sortie littéraire, Melissa Rivet Deweer s’en sort avec élégance. Une plume immersive qui met en exergue la puissance des émotions, rendant le récit profondément humain. Un livre à lire, à offrir et qui devrait être un beau cadeau dans la hotte du Père Noël.
Corinne Maunick




