2026, dépasser l’effet tétanisant des stupéfiants

Si le Deputy Prime Minister et leader du MMM, Paul Bérenger, n’avait pas cité devant ses troupes, réunies à la veille de la nouvelle année, le fléau de la drogue parmi les Top-Three Most Priorities, non pas du gouvernement, mais de la nation mauricienne, pour la nouvelle année 2026, il aurait raté son rendez-vous. Car que ce soit dans l’opposition face à des tentatives autocratiques ou encore au Front Bench de tout gouvernement, dont il fait partie, et en déjouant des Vested Interests jusque dans les coutures, surtout politiques, il n’a pas fait preuve de tergiversations pour appeler un chat un chat à ce chapitre.

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L’illusion des saisies spectaculaires de cargaisons de drogues, dont la valeur marchande se chiffre dans les milliards, que ce soit en haute mer, au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport ou encore au port, n’a aucun effet sur le drame de ce qui se vit dans des foyers mauriciens, où se dissimulent des victimes en puissance du fléau de la drogue. Cette détresse se veut multiforme, du traumatisme invivable des proches, subissant la violence des exigences sans commune mesure de ceux qui sont en manque, à la dilapidation du plus simple bijou de la famille, soit la bonbonne de gaz. Le but est de se faire payer la dose de simik de l’heure.

Ces saisies spectaculaires, présentées officiellement comme des trophées des autorités dans la lutte contre la prolifération de la drogue, s’arrêtent là. Néanmoins, dans la majorité des cas, les cerveaux et les Ultimate Beneficiaries demeurent intouchables. Sauf dans de rares cas. Pourtant, la doctrine émasculée de la lutte contre la drogue avait été « nou pou kas lerin lamafia ». Et cela même pour concéder impunément que « cette même mafia avait infiltré les institutions ».

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L’héritage légué à la République est édifiant à plus d’un titre. Aucune agglomération n’est épargnée. Certes, il y a des quartiers irréductibles où règne la loi implacable du parrain de la mafia, avec en toile de fond un portrait de Pablo Escobar et une affiche du Parrain, film d’Al Pacino, comme pour bien marquer le territoire. Surtout, on y voit des toxicomanes faisant la queue, au vu et au su des environs, pour se procurer leurs doses. Sauf que pour cet épisode, qui a été porté ces jours-ci à l’édification du pouvoir politique – avec preuves indéniables à l’appui – aucune trace des 73 épisodes de 47 minutes de la série télévisée Un flic dans la mafia.

Toutefois, dans la conjoncture, la National Agency for Drug Control (NADC), avec la réputation d’être « the apex body for addressing drug use prevention and drug control issues in Mauritius », peut encore redonner espoir, même si les lignes de zombies du simik ne font que s’allonger dans certains quartiers. Du côté de la NADC, avec 2026 déjà derrière la porte, l’heure n’est plus aux discours. C’est la prévention qui doit dicter toute action.

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La prolifération de la drogue n’est pas l’apanage de la République de Maurice. Le directeur exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), Yury Fedotov, situant le rôle de la communauté, notamment le rôle déterminant de la famille et de l’école, à ce titre, ne propose-t-il pas un tremplin en affirmant que « l’usage de drogues est un problème mondial. La prévention devient une réalité dès lors que la communauté prend soin des personnes vulnérables et que les familles, les enseignants, les animateurs de groupes de jeunes et les mentors, notamment, sont associés au processus. Nous devons dans un premier temps réfléchir dans une perspective globale et agir localement pour juguler l’usage et le trafic de drogues. Ensemble, nous pouvons œuvrer à mettre en place des stratégies efficaces pour trouver des solutions, en apprenant aux communautés comment évaluer les problèmes locaux que pose l’usage de substances et élaborer un plan d’ensemble pour les combattre. »

La NADC, avec son nouveau patron, est attendue à ce tournant pour monter une mobilisation à toute épreuve, susceptible de faire comprendre aux parrains de la drogue que leurs jours en terrain conquis sont désormais comptés. Surtout pas avec des mesures cosmétiques auprès des jeunes, de sinistre mémoire, avec des pancartes BCBG. La NADC a un devoir urgent de compléter ce Missing Link avec un plan d’action de mobilisation tout terrain.

Ce ne sera pas suffisant pour conclure la mission d’éradication de la drogue. Les professionnels, complices dans la gestion des gains financiers mal acquis découlant du trafic de drogue, s’en sortent toujours avec élégance. Jusqu’ici, a-t-on vu les Law Enforcement Agencies (LEAs) faire usage de l’armada de mesures pour sanctionner le Warehousing de ces Proceeds, sans conteste et avérés, de Money Laundering ? Même pas un centime d’amende !

2026 sera décisive dans la lutte contre la prolifération de la drogue si et seulement si les institutions décident de transmettre le message que les saisies spectaculaires ne suffisent pas, mais qu’il faut un engagement sans compromis des membres de la communauté aux mains propres pour mettre hors d’état de nuire le réseau de trafiquants et ses complices en palto-kravat

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