A l’occasion de la Coupe du monde 2019, le football féminin célébré à l’Unesco

La Coupe du monde de football féminine (7 juin-7 juillet) est un coup de projecteur sur l’accélération de l’émancipation des femmes, même s’il reste du chemin à parcourir, ont témoigné devant l’Unesco plusieurs joueuses et entraîneures professionnelles.

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Au siège de l’organisation mardi à Paris, Nadia Nadim, aujourd’hui au PSG (Paris), a ainsi rappelé comment son père, général afghan assassiné par les talibans, l’a initiée au football: « Dans une arrière-cour, derrière des murs, pour que personne ne nous voie »…

Réfugiée au Danemark à 10 ans, elle y intègre un club et découvre tout un monde inclusif : « Sur un terrain vous entrez et vous faites partie du jeu ».

« Dès que j’ai commencé à jouer, je suis devenue différente. Cela a changé ma vie », a abondé Houriya Al-Taheri, première femme entraîneure professionnelle dans le Golfe (aux Émirats Arabes Unis). Houriya aime les défis : « ils vous permettent de vous réaliser ».

Pour Chris-Ann Chambers, gardienne de but jamaïcaine, « quoi que vous vouliez accomplir, le sport est un véhicule important. Nous toutes, ici, représentons un rêve possible ». A elle, il lui a notamment permis d’intégrer l’université.

Pas de « championnes » à l’UEFA

Un rêve possible, mais loin d’être gagné. Les obstacles sont encore nombreux, dans un univers où on exalte les champions, pas les « championnes »… Pour leur tournoi UEFA, les footballeuses doivent se contenter d’une « Ligue féminine des champions », relève la journaliste sportive Anne-Laure Bonnet, modératrice du débat.

« La sémantique est très importante ! Dit-on sélectionneure, sélectionneuse ? défenseure, défenseuse ? », renchérit l’ex-footballeuse Candice Prévost, qui a filmé des footballeuses des cinq continents dans « Little Miss Soccer ».

Il y a aussi une bataille sur le front des poncifs et propos sexistes, comme l’a rappelé Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).

Une étude sur la féminisation du football, menée sous la houlette de l’Unesco, note que « nombre d’articles et de commentateurs évoquent les joueuses en se focalisant sur leur apparence physique, leur tenue, leur statut familial ou marital, plutôt que sur leurs performances sur le terrain ».

Mme Azoulay évoque, elle, les mosaïques de la Villa romaine du Casale, en Sicile, et les « représentations splendides de femmes s’entraînant aux haltères, au ballon, au lancer de disque » datant de l’antiquité romaine. « Mais ces mosaïques, de façon intéressante, ne sont pas connues sous l’appellation de femmes au gymnase ou de femmes à l’entraînement, mais de +femmes en bikini+ ! ». « Cela en dit long », a-t-elle lancé.

Président du club de réflexion Sport et démocratie, l’ex-journaliste français Sylvère-Henry Cissé insiste sur la nécessité « de faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de femmes dans la gouvernance » sportive : « Elles ne représentent que 0,17% de la gouvernance du foot européen ».

« À l’échelle internationale, seules six femmes, issues des confédérations, participent au Conseil de la Fifa » (Fédération internationale de football association), soit 16%, note l’étude sur la féminisation du foot.

Pas étonnant, peut-être, que Nadia Nadim juge « un peu vieux jeu » la façon dont la Fifa considère les filles…

« Si l’on veut arriver à l’égalité hommes-femmes, c’est sur l’éducation – la base – qu’il faut travailler », prône Jean-Marc « Jimmy » Adjovi-Boco, ancien capitaine de l’équipe du Bénin, directeur général de l’association Diambars qui veut « faire du foot un moteur d’éducation ».

L’éducation, c’est bien par cet angle que l’Unesco s’est emparé du sujet. « On a un plan d’action vraiment concret pour favoriser l’accès de tous. C’est le plan d’action Kazan (adopté en juillet 2017) qui réunit un très grand nombre de pays et c’est dans le cadre de ce plan d’action que nous préparons, avec le gouvernement suisse, la création d’un observatoire mondial sur la question des femmes et du sport », explique Mme Azoulay à l’AFP.

Mais « il y a beaucoup de chemin à parcourir. Les grandes compétitions, c’est un moment médiatique, un moment d’attention (…) mais en soi, ce n’est pas suffisant ».

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