Act de bravoure récompensé – À Flic-en-Flac – Sauvetage en mer : telle mère, telle fille

Le dimanche 25 juillet, Ilawan Le Dantec Gaussen, une adolescente âgée de 16 ans, sauvait un homme de la noyade près de la falaise de Flic-en-Flac. Formée au sauvetage au Kenya, la jeune Française née aux Philippines n’avait pas hésité une seconde avant de se jeter à l’eau pour porter secours à cet inconnu. Trois semaines plus tard, cet acte de bravoure a été salué par le Muslim Ladies Council en présence du vice-président de la République, Eddy Boissézon, chez elle, dans cette région côtière du district de Rivière-Noire. Une occasion pour la famille de se souvenir de l’expérience similaire qu’a déjà vécue Kristina, la mère de la jeune fille, il y a une trentaine d’années en Égypte. Comme sa fille, cette femme de 49 ans, bonne nageuse avec une formation de sauveteur, se trouvait au bon endroit au bon moment, pour secourir un homme de la noyade. Elle revient sur cet événement qui l’a beaucoup marqué.

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Ayant porté secours au péril de leur vie, mère et fille se distinguent autant l’une que l’autre par leur bravoure

L’incident se passe il y a une trentaine d’années en Égypte, où Kristina Le Dantec Gaussen s’était installée alors qu’elle avait 21 ans. « Avide de voyages et d’aventures, j’ai quitté la France à l’âge de 19 ans en commençant par Londres pour y apprendre l’anglais, bagage indispensable pour le voyage. Durant les dix années qui ont suivi, seule, j’ai exploré le monde (Asie, Afrique, Amérique, Europe) en faisant des étapes plus ou moins longues dans les pays où des opportunités professionnelles se présentaient. Ainsi, à l’âge de 21 ans, je me suis installée au Caire en Égypte pour y enseigner le français dans une école privée. Chaque week-end était synonyme de nouvelles découvertes. Avec un groupe d’amis, nous avions décidé de passer quelques jours dans une région désertique au centre du pays, proche d’une oasis alimentée par un lac entouré de falaises », raconte-t-elle.

« Un bras s’agitait au loin »

« Avant de me rafraîchir, j’aimais admirer cette calme et reposante étendue d’eau que nous offre ce désert magique. J’observais les lieux lorsqu’un cri interrompit ma contemplation et attira mon attention sur un homme seul gesticulant nerveusement au beau milieu de cette massive étendue d’eau », raconte-t-elle. Un bras s’agitant au loin, un visage crispé, une personne en proie à une peur panique sont parmi les signes avérés d’une noyade. Et tout va très vite si personne ne réagit rapidement, explique-t-elle. La jeune femme le prend d’abord comme une plaisanterie. Mais lorsqu’elle constate de nombreuses personnes alarmées en haut de la falaise, elle réalise rapidement ce qui se. passe. Formée au sauvetage dès l’âge de 17 ans, elle maîtrisait les techniques et les gestes de premiers secours. Il faut agir vite avant que la victime ne disparaisse sous les eaux. Dans ces moments-là, les heures de formations et les bons réflexes s’avèrent précieux.

Sans perdre de temps, la jeune femme se jette à l’eau pour appliquer, dit-elle, « les nombreuses heures de formation de sauvetage acquises à 17 ans : ne pas paniquer, s’approcher de la personne en danger par derrière afin qu’elle ne s’agrippe pas à moi et ainsi éviter de couler à mon tour, me mettre en position de planche, tirer le corps en passant mes mains sous ses aisselles, incliner sa tête sur mon épaule afin de la maintenir hors de l’eau, ramener la personne à terre ». Tout cela s’est passé, dit-elle, sans aucune aide extérieure. « Cela s’est fait délicatement. Je sentais malgré tout la tension de toutes ces personnes sur le rebord de la falaise qui m’encourageaient et m’acclamaient de “Choukran” (merci en arabe) lorsque l’homme fut sorti de l’eau vivant ! Mes connaissances en arabe étant limitées. Je n’ai jamais su comment cet homme s’était retrouvé au milieu du lac sans même savoir nager. Et je ne l’ai jamais rencontré de nouveau », poursuit-elle.

« La peur est absente. La réaction première étant de sauver une vie »

Tout comme sa fille Illawan (qui signifie « lumière » en tagalog (Philippines) qui n’a toujours pas revu le pêcheur qui, sans son aide, aurait été emporté par une vague et qui s’est vite retrouvé en difficulté, les jambes emmêlées dans son propre filet. Accompagnés de Kristina Le Dantec Gaussen et de sa fille, nous nous sommes d’ailleurs rendues au petit village pour nous enquérir auprès des habitants, mais personne n’a entendu parler de ce fameux pêcheur. De leur côté, mère et fille se sont également renseignées auprès des pêcheurs de la falaise, mais selon ces derniers, il semblerait qu’ils « viennent pour la plupart de Quatre-Bornes ».

Contrairement à sa fille (où la mer était déchaînée), le sauvetage en Égypte s’était déroulé dans des conditions plutôt favorables. « La personne s’est totalement laissé faire sans se débattre et les conditions météorologiques (ni pluie ni tempête) étaient favorables, avec une eau calme sans remous ni vagues. Lorsqu’une personne se noie, en tant que sauveteur, la peur est absente. La réaction première étant de sauver une vie », dit-elle.

Si Illawan Le Dantec Gaussen passe en ce moment son niveau 1 en plongée, sa mère, elle, détient le niveau 4. Rien ne prédestinait cette femme née à Paris — de père breton, professeur d’anglais et de mère originaire de Lille, guide touristique — à devenir sauveteur. Kristina Le Dantec Gaussen a grandi en Allemagne, dans les Alpes et en Provence, avant de cumuler plusieurs métiers (hôtellerie, guide touristique, PA, Public Relation à l’ambassade de France au Botswana…). Mais elle a toujours entretenu une relation privilégiée avec l’eau. « J’ai toujours été attirée par l’eau. En Allemagne, j’ai été le premier bébé nageur à la piscine, ce qui a été diffusé à la TV allemande. J’ai pratiqué beaucoup de voile (voilier) en France, en Thaïlande… L’eau est un milieu où l’on n’a jamais envie de s’éloigner », dit cette mère de deux ados, dont un fils Sweban, âgé de 15 ans.

Par ailleurs, depuis l’incident à Flic-en-Flac, Ilawan Le Dantec Gaussen a reçu des demandes de cours particuliers de sauvetage. La jeune fille a également été sollicitée par le réseau solidaire Caritas pour du bénévolat dans le cadre de soutien aux adolescents de milieux défavorisés. Un club de sauvetage du nord de l’île lui a également demandé de faire un témoignage auprès des élèves.

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