Admission Grade 7 : Colère et mécontentement dans le privée

50 % à 75 % de places vides dans plusieurs écoles

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— M. Mungur (MPSSU) : « La pratique de 50 % de places à notre disposition est désormais un leurre »

— H. Bachwa (Fédération des managers) : « La ministre s’est servie de nous pour l’admission d’élèves à faible performance dans nos établissements »

— S. Jugdambi (UPSEE) : « La ministre a dupé tout le monde dans le secteur secondaire privé »

Après la colère des parents, c’est celle de plusieurs responsables de collèges privés qui monte. En cause, la réduction du nombre d’admissions en Grade 7 (Form 1) chez eux l’année prochaine. Si une poignée de collèges privés à grande demande ont fait le plein, la majorité des établissements privés ont obtenu un nombre d’élèves inférieur au nombre de places attribuées par le ministère. Ainsi, un collège pour garçons de Rose-Hill a enregistré avant-hier seulement 12 admissions sur une liste de 36 élèves envoyée par le ministère, alors qu’un collège de Montagne-Blanche a eu 20 élèves. Associations d’enseignants et de managers ont des propos très durs envers la ministre de l’Éducation, qu’ils accusent de les avoir « trompés » au sujet du nombre d’élèves.

Des responsables des collèges privés terminent l’année sur un ton amer et sont remontés contre le ministère de l’Education. « Nous avons reçu un coup de massue sur la tête », estime Ramparsad Mungur, président de la Manager Private Secondary Schools Union (MPSSU). « La ministre de l’Education a affirmé que les collèges privés ne seront pas affectés par le manque d’élèves dans le “main stream”, mais la réalité est autre dans notre secteur », constate-t-il. « Comment remplir nos places libres puisque le ministère a déjà offert de places à tous les enfants et, de surcroît, en a pris le plus grand nombre dans ses établissements. Cela ressemble carrément à une action voulue de l’État pour tuer les collèges privés. La ministre nous a leurrés d’un bout à l’autre », regrette Ramparsad Mungur.

C’est le même sentiment de colère qui prévaut au sein de la Fédération des Managers. Harris Bachwa, porte-parole de cette association, ne ménage en aucune manière la ministre de l’Education. « Dans toutes les discussions que nous avons eues au ministère sur la réforme, la ministre nous avait dit qu’il n’y avait aucune raison de nous inquiéter parce qu’il y aurait un excédent d’élèves avec le retrait des National Colleges de l’admission en Grade 7. On réalise à présent qu’elle nous a menés en bateau », dit-il. « Quand on voit le traitement que nous avons reçu, on se demande si le gouvernement nous considère vraiment comme un partenaire de l’éducation secondaire », ajoute-t-il.

Quelques données provoquent le mécontentement. « Des 70 élèves figurant sur la liste du ministère, la moitié seulement ont confirmé leur admission. D’habitude, nous prenons quatre classes de Form I de 30 à 35 élèves, mais nous pensons que nous aurons deux classes l’année prochaine », note un responsable de collège de l’Est. « Mais d’autres collèges sont moins chanceux que nous, car ils ont reçu une quinzaine d’élèves seulement en “main stream” », dit-il. Des 80 élèves qui ont obtenu de place dans un collège à Rose-Hill, la moitié a accepté cette place. « Trente-trois élèves seulement se sont présentés s pour l’admission avant-hier, soit 15% du nombre d’élèves envoyés par le ministère », indique le manager d’un collège du sud. Il y a quelques années, cet établissement, populaire dans la région, admettait jusqu’à 200 élèves en “main stream” en Form I. Il ne cache pas son pessimisme : « Avec seulement une trentaine d’admis chaque année en Form I, dans quelques années, ce sera fini pour nous et le “main stream” ! Ce qui s’est passé en cette fin d’année 2017 ressemble à un complot de l’État pour tuer les collèges privés et pour promouvoir les collèges d’Etat. »

Le secondaire catholique aussi comporte encore quelques places dans certains établissements, notamment au Collège Père Laval (Sainte-Croix), à BPS Fatima (Goodlands), à La Confiance (Beau-Bassin), à St Marys West (Petite-Rivière) et à St Esprit Rivière-Noire. En revanche, le ministère de l’Education a dirigé un grand nombre d’élèves dans l’“extended stream” (en remplacement de la filière Prevocational) dans de nombreux collèges privés, n’ayant pas eu suffisamment d’élèves dans le “main stream”. Alors qu’initialement le ministère de l’Education avait stipulé une seule classe de 20 élèves pour l’“extended stream” par collège – qu’il soit d’État ou privé –, de nombreux collèges privés vont accueillir une cinquantaine d’élèves et parfois plus pour ces classes destinées aux “low achievers”. D’où la colère du porte-parole de la Fédération des Managers.

« Le ministère a augmenté le nombre de classes en Grade 7 dans ses établissements pour prendre les meilleurs éléments du PSAC. Ensuite, il envoie dans le privé les élèves qui ont obtenu des résultats très faibles et dont ses collèges ne veulent pas s’occuper. Comme chaque année, nous allons accueillir ces élèves et prendre soin d’eux, mais nous n’apprécions pas la manière de faire du ministère, qui s’est servi de nous », confie Harris Bachwa. Des managers sont particulièrement sceptiques quant à l’efficacité du programme d’études pour cet “extended stream”.

Par ailleurs, ces collèges privés confrontés à la réduction d’élèves craignent d’éventuels désistements après l’exercice de transferts qu’entreprend ces jours-ci le ministère de l’Education. « Nous sommes au courant que certains collèges d’Etat, qui ne sont pas populaires, ont encore des places vides. Est-ce que le ministère dirigera les demandeurs de transfert vers ces établissements  ? » se demande le porte-parole de la Fédération des Managers.

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