Allemagne : un an et trois crises majeures pour Merkel IV

Depuis sa victoire étriquée il y a un an aux législatives, la chancelière Angela Merkel est confrontée à des crises gouvernementales récurrentes illustrant l’affaiblissement politique croissant de la dirigeante allemande au pouvoir depuis presque 13 ans.

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Depuis la formation dans la douleur de son quatrième gouvernement de coalition, Mme Merkel joue les équilibristes pour satisfaire ses partenaires sociaux-démocrates du SPD et ses alliés conservateurs bavarois (CSU) qui se vouent une inimité mutuelle.

À trois reprises depuis les législatives du 24 septembre 2017, marquées par la percée historique de l’extrême droite (AfD), la chancelière a vu son pouvoir menacé. Et bien souvent, c’est la question de l’accueil généreux de centaines de milliers de migrants en 2015-2016 que l’on retrouve en toile de fond. Coup de tonnerre au soir du 24 septembre 2017: malgré une victoire de la famille conservatrice de la chancelière aux élections, leur score historiquement faible les oblige à une difficile quête d’alliés, d’autant que le SPD, allié dans la précédente législature, a été laminé et dit vouloir se ressourcer dans l’opposition.

La chancelière se lancealors dans un casse-tête, tentant de réunir une coalition étrange faite de centristes, droite dure, libéraux et écologistes. Après deux mois de tractations, les pourparlers échouent: la première économie européenne, toujours sans gouvernement, est dans une impasse politique inédite depuis la fondation de la RFA en 1949. Pour éviter des élections anticipées, Mme Merkel met le SPD au pied du mur et parvient à le convaincre, au nom de la stabilité du pays, à négocier une nouvelle «grande coalition ».

Chantage migratoire

Après des mois de tractations sociaux-démocrates et conservateurs se retrouvent ensemble mais à contrecoeur au gouvernement. Après cinq mois d’imbroglio et pour la première fois en plus d’une décennie de pouvoir, Mme Merkel apparaît affaiblie et à la merci des caprices de ses alliés. L’accalmie politique sera de courte durée.

Le 16 mars, deux jours seulement après la prise de fonction du gouvernement Merkel IV, son impétueux ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, également président de la très conservatrice CSU bavaroise, fait polémique en affirmant que «l’islam n’appartient pas à l’Allemagne». Elle le contredit mais sans le rappeler à l’ordre. À partir de là, M. Seehofer va s’imposer comme la principale épine dans le pied de la chancelière, malgré l’alliance datant de 1949 entre leurs deux partis.

En juin, le ministre menace de facto de faire tomber le gouvernement s’il n’est pas autorisé à refouler à la frontière tous les migrants enregistrés par un autre pays européen et venant en Allemagne. Une proposition refusée par la chancelière, soutenue par le SPD, au nom de la cohésion européenne. M. Seehofer, chantre d’une droitisation pour contrer l’essor de l’extrême droite, arrachera que Mme Merkel négocie des accords de renvoi des migrants avec ses voisins européens

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