Après l’interview choc de Meghan et Harry, le palais de Buckingham sous pression

La pression s’intensifiait mardi sur la famille royale britannique pour répondre aux accusations de racisme et d’insensibilité portées par le prince Harry et de sa femme Meghan à la télévision américaine, qui plongent la monarchie dans la crise et divisent les Britanniques.

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Secoué par les confession explosives du couple à Oprah Winfrey dimanche, retransmises le lendemain soir à la télévision britannique, le palais de Buckingham a jusqu’ici choisi de répondre par le silence. Mais le séisme est considérable, rappelant l’époque de Lady Diana voire pour certains commentateurs la crise d’abdication du roi Edouard VIII en 1936.

Selon le Times, la reine Elizabeth II a refusé d’approuver un communiqué visant à apaiser la situation: la grand-mère d’Harry souhaiterait plus de temps pour étudier sa réponse.

Le prince Charles, le père d’Harry dont celui-ci s’est dit « vraiment déçu », n’a fait aucune allusion à l’entretien mardi en visitant une église transformée en centre de vaccination anti-Covid à Londres.

A une femme lui disant être Nigériane, il a répondu: « Fantastique, oui, j’y suis allé. Beaucoup de groupes ethniques différents ».

– Qui est le « raciste » ? –

Installés depuis un an en Californie, l’ex-actrice métisse Meghan Markle, 39 ans, et le prince Harry, 36 ans, ont mis en cause une pression médiatique intenable, le racisme des médias britanniques et l’incompréhension de la famille royale face à leur situation pour expliquer leur retrait de la monarchie.

Ils ont dressé un portrait sombre de la monarchie qui a, selon Meghan, parfois émue jusqu’aux larmes, refusé l’aide qu’elle réclamait lorsqu’elle était en proie à des pensées suicidaires.

Surtout, faisant couler beaucoup d’encre au Royaume-Uni, ils ont fait état de conversations au sein de la famille royale sur la couleur de peau qu’aurait leur fils Archie, aujourd’hui âgé de 22 mois, avant sa naissance.

Sur l’identité de la personne s’enquérant de la teinte de peau d’Archie, le couple a tenu à faire savoir qu’il ne s’agissait ni de la reine Elizabeth II, 94 ans, ni de son mari le prince Philip, 99 ans, actuellement hospitalisé.

Pour le père de Meghan, brouillé avec sa fille depuis qu’il a posé pour des paparazzi juste avant son mariage en mai 2018, cette interrogation sur le petit Archie pourrait être « juste une bête question ». « Je ne pense pas que la famille royale britannique soit du tout raciste », a estimé le septuagénaire sur ITV.

Sur toutes les lèvres, cette accusation s’est toutefois invitée sur la scène politique, le Parti travailliste, principale formation d’opposition, réclamant une enquête.

Certains au sein du gouvernement craignent aussi que la monarchie ne soit durablement ébranlée dans un pays qui a été amené à s’interroger sur son passé colonial dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, susceptible de remettre en cause dans la foulée l’organisation du Commonwealth, chère à la reine.

« S’ils ne nomment jamais la personne qu’ils accusent, il y aura un nuage de suspicion sur les futurs rois parmi les minorités ici et les peuples du Commonwealth. S’ils la nomment, et que c’est une personne très haut placée, ce sera un désastre », a confié anonymement un ministre britannique à Politico.

– Les jeunes soutiennent le couple –

Les Britanniques se montrent divisés concernant le couple, auquel une partie de la presse reproche d’affaiblir la monarchie par intérêt personnel. Selon un sondage de l’institut YouGov, ils sont la même proportion (32%) à trouver qu’ils ont été traités justement ou injustement par la famille royale.

Mais 61% des 18-24 ans trouvent qu’ils n’ont pas été traités de manière équitable.

Le Premier ministre Boris Johnson a refusé d’être entraîné dans le débat, se contentant d’exprimer sa « plus grande admiration » pour Elizabeth II. Mais considéré comme un proche de M. Johnson, le secrétaire d’Etat chargé du Pacifique, Zac Goldsmith, a tweeté que « Harry dynamite sa famille ».

Aux Etats-Unis, Meghan a reçu le soutien du président Joe Biden et de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton.

Vue par 17 millions d’Américains puis 11 millions de téléspectateurs au Royaume-Uni, l’interview du couple fait écho à celle accordée par la princesse Diana en 1995, où elle avait stupéfait en levant le voile sur sa vie au sein de la monarchie.

« Les retombées (de l’interview) se feront sentir à travers les générations, comme pour celle de Diana », a prévenu sur ITV le biographe de Diana, Andrew Morton.

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