Fruits tropicaux en danger : Inquiétudes sur les ravages des chauves-souris

C’est une scène de désolation qui s’offre à leurs yeux tous les jours. Leurs arbres fruitiers sont mis à nu par les chauves-souris. Tous leurs moyens pour empêcher ces mammifères de détruire leurs fruits ont été sans effet et ils demandent au gouvernement de les abattre pour qu’ils puissent « protéger » leur gagne-pain. Au cas contraire, ils seront obligés d’abattre tous leurs arbres. Ces planteurs, visiblement désespérés, ne savent plus vers qui se tourner.

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« Notre problème principal, ce sont les chauves-souris, qui viennent détruire nos arbres tous les jours. Nous faisons un appel au ministère de l’Agro-industrie pour qu’il diminue leur population », a réclamé Sunilduth Busguth, planteur de litchis et membre de la Litchees Growers Cooperative Society, mercredi après-midi à Calebasses. Selon lui, ils sont une cinquantaine de planteurs de litchis, de mangues et de longanes à souffrir quotidiennement à cause des chauves-souris, certains étant obligés de quitter leur maison et camper dans leurs vergers pour surveiller leurs arbres tous les soirs.

Les deux jours de pluie au cours de cette semaine n’ont pas été favorables aux planteurs. « Elles sont venues par milliers et ont détruit plus de 35% de nos arbres. Nous avons utilisé tous les moyens possibles pour les chasser mais sans succès », ajoute-t-il. Selon ce planteur, tous les matins, les litchis dévastés par les chauves-souris tombent par terre et donnent encore du fil à retordre à ceux qui travaillent avec lui. « Ils doivent nettoyer le terrain sans arrêt », dit-il. Un des moyens utilisés par les planteurs est d’émettre beaucoup de fumée pour décourager ces mammifères. Toutefois, il avance que cette technique ne marche plus. Chaque matin, il doit marcher sur des centaines de litchis tombés à terre.
Sunilduth Busguth relate qu’il s’était tourné vers la production de fruits tropicaux car il était chômeur. Engagé depuis 40 ans dans ce secteur, il fait ressortir que la population de chauve-souris augmente d’année en année. « Elles sont devenues notre ennemi principal », dit-il. Selon ses prévisions, d’ici à trois ans, il sera difficile de consommer des fruits tropicaux à cause de ces rongeurs.

« Ces arbres fruitiers sont notre seul gagne-pain. Nous n’avons pas un autre travail qui puisse nous donner des revenus », dira, pour sa part, Boodheewantee Busguth qui compte 32 ans d’expérience dans la culture des arbres de litchis. Selon elle, plus de Rs 100 000 de pertes sont enregistrées depuis que les litchis sont prêts pour la récolte.

Pour Afzal Delbar, courtier maritime qui est aussi planteurs de litchis, si les chauves-souris ne sont pas abattues il se verra dans l’obligation d’abattre ses 84 arbres. En une seule nuit, il dit avoir constaté 44 arbres détruits par ces animaux nocturnes. « Nous avons des commandes en France, en Hollande et en Allemagne. Les exportateurs ont acheté tous les équipements nécessaires pour l’exportation des fruits mais on ne pourra pas soutenir les commandes », dit-il. Une telle situation, selon lui, fera perdre aux planteurs mauriciens leur crédibilité. Et il s’attend à ce que ces pays ne passent plus leurs commandes en fruits tropicaux l’année prochaine.

Selon lui, les commerçants qui achetaient les fruits pour les exporter sont désemparés. « Ils ne peuvent pas constamment surveiller les chauves-souris », dit-il. Pour ce professionnel, le gouvernement doit faire un choix. « Soit on protège les planteurs, soit les chauves-souris au détriment des planteurs. Ce sont des destructeurs de l’économie nationale », lance-t-il. Vu le manque de fruits tropicaux sur le marché, il craint que dans un proche avenir, nous soyons obligés d’importer des mangues. Selon lui, un litchi aurait dû se vendre à 50 sous mais se vend plus cher à cause des chauves-souris. Il fait ressortir que 2018 est une bonne année pour une bonne récolte de litchis.

Le Human Service Trust souffre également des ravages des chauves-souris. Selon Nirlup Bauhadoor, trésorier de cette organisation, celle-ci possède 200 arbres. Les fruits sont partagés parmi les membres. « Depuis ces cinq dernières années, les chauves-souris ravagent nos mangues et nos litchis », dit-il. Il demande au gouvernement de s’attaquer à ce problème. Une personne a même été recrutée pour le ramassage des mangues abîmées par les chauves-souris.

Renuka Mohur dit souffrir tous les jours. Elle ne quitte pas son verger des yeux à cause des chauves-souris. « Nous nous attendons à avoir un peu plus d’argent à la fin de l’année grâce à nos fruits. Certains d’entre nous attendent cet argent pour l’éducation de leurs enfants », dit-elle.

Selon les planteurs, un arbre donne ses fruits après plusieurs années de travail assidu pour le grandir. « Cela nous coûte au moins dix ans pour récolter les premiers fruits. L’entretien d’un arpent d’arbres peut coûter Rs 100 000 sans compter les employés », disent-ils. Selon ces derniers, tous leurs efforts sont tombés à l’eau et ils ajoutent ne pas pouvoir répondre à la demande du marché local. Ils regrettent qu’aucune instance ne leur vienne en aide alors qu’ils passent par des moments difficiles.

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