Assurance automobile — Bertrand Casteres (MUA) : « 75% de baisse du nombre d’accidents »

Il devrait toutefois « repartir à la hausse » à la reprise

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Cinq semaines de confinement et à peine quelques voitures sur les routes, cela équivaut à très peu d’accidents, et en conséquence à une diminution drastique du nombre de réclamations. On serait donc tenté de dire que les compagnies opérant dans l’assurance  automobile auront touché un véritable jackpot pendant le confinement, alors que la majorité des autres secteurs économiques sont en grande difficulté… Mais Bertrand Casteres, président de l’Association des assureurs de Maurice, relativise : « L’assurance s’évalue sur un cycle annuel. » Il fait le point également sur le secteur dans son ensemble et estime qu’il y aura une forte hausse du nombre d’accidents à la reprise. Par ailleurs, il rappelle que certains sinistres n’ont pas encore été signalés et prévoit que les réclamations augmenteront dans le segment médical dans les mois qui viennent.

Un mois de confinement équivaut à une réduction drastique du nombre d’accidents de la route. Les assureurs se frottent les mains, n’est-ce pas ?

Effectivement, avec le confinement, la réduction du nombre de véhicules sur la route a conduit à une réduction importante du nombre d’accidents sur nos routes et, donc, du nombre de morts. On estime la réduction du nombre d’accidents de l’ordre de 75%.

Une forte baisse du nombre d’accidents équivaut aussi à une forte diminution de réclamations durant six semaines. Le bilan du confinement est donc positif pour vous, non, puisqu’il n’y a pas eu de décaissement ?

Il ne faut pas faire de conclusion hâtive. Le paiement des primes d’assurance ne se fait pas en fonction de la sinistralité d’un mois. Quand il y a un cyclone un mois donné, on ne demande pas de payer un supplément de prime qu’on rembourserait le mois d’après s’il fait beau. L’assurance s’évalue sur un cycle annuel, et c’est à la fin de l’année qu’on fait les comptes, surtout dans des périodes aussi incertaines. Il est donc trop tôt pour faire le bilan. Nous anticipons d’ailleurs une augmentation importante des accidents au-delà de la normale dès la reprise.

Il faut aussi rappeler que l’assurance moteur ne couvre pas que les accidents de la route, mais également l’incendie, le vol, l’inondation et les biens personnels, entre autres. En dehors du moteur, nous anticipons une détérioration des résultats sur l’assurance santé. Par ailleurs les autres risques couverts par nos différentes assurances ne disparaissent pas pendant un confinement – dégâts des eaux, incendie, « personal accident » et tous les risques qu’on couvre dans les secteurs professionnels. Il y a aussi la réalité des procédures de réclamation pendant le confinement, qui expliquerait que certains sinistres n’aient pas été signalés encore. Nous ne pourrons pas faire de bilan sur cette période de confinement avant plusieurs mois.

Comment s’annoncent les prochains mois pour les assureurs avec un retour à la normale progressif dans le pays à partir du 1er juin ?

Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu avec le déconfinement. Pour le segment moteur, il y a le risque d’une fréquence plus élevée d’accidents, avec une perte des réflexes et de bonnes habitudes sur la route. Après six semaines de confinement, les conducteurs doivent se donner le temps de se réhabituer à conduire et de prendre plus de précautions au volant avec plus de circulation et de piétons. Nous prévoyons également une hausse dans les coûts de réparations et de main-d’œuvre, avec la baisse de la roupie, les perturbations dans la disponibilité des pièces de rechange et les éventuelles ruptures de stock. Une augmentation du nombre de réparations après la reprise, associée aux retards pour obtenir les pièces de rechange et les conséquences des précautions sanitaires, pourraient enclencher une hausse des coûts et étendre le délai de traitement de chaque réparation. Les réclamations augmenteront également dans le segment médical dans les mois qui viennent. Il y a toujours beaucoup d’incertitudes autour du Covid-19 et des séquelles pour une population mauricienne qui reste vulnérable avec un taux élevé de diabète et d’autres antécédents.

Mais les conséquences financières de cette pandémie pour l’économie mondiale, et en particulier de notre pays, qui dépend fortement du tourisme et d’autres industries, vont bien certainement nous toucher fortement. La baisse d’activité et les pertes d’emplois dans plusieurs secteurs enclencheront une baisse d’activité en assurance ajoutée aux difficultés de paiement pour les clients existants. Enfin, l’assurance vie sera également fortement touchée avec la chute des marchés financiers et la baisse des taux d’intérêt.
Mais les assureurs restent fortement mobilisés et continueront à soutenir leurs clients pour les aider à redémarrer leurs activités ou gérer aux mieux l’évolution des risques environnants durant cette crise qui nous touche tous, indistinctement.

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