Baisse et perte des revenus : Des vies entièrement bouleversées

Perte d’emploi, baisse de salaire et de revenu, mise à la retraite anticipée, la crise liée au coronavirus affecte beaucoup de foyers mauriciens. Des familles qui ont longtemps jouit d’une situation financière stable et d’un train de vie confortable se retrouvent aujourd’hui avec des moyens extrêmement limités. Désormais chaque roupie compte et le choc est brutal. Des choix drastiques sont imposés. Dans certaines familles ce désespoir est violent.

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Employée par la compagnie d’aviation nationale depuis plus de vingt ans, Anita a toujours mené une vie confortable. Mais avec la mise sous administration d’Air Mauritius sa vie ainsi que celle de sa famille ont drastiquement changé. Depuis peu elle ne perçoit plus que Rs 25, 000 mensuellement ou chaque deux mois. “Une fois la taxe et les autres déductions enlevées, ma paye est ramenée à Rs 21 000”. Pire, son conjoint ne travail plus depuis la pandémie. Le couple a deux enfants, âgés de 10 et 15 ans. Ces derniers fréquentent des institutions scolaires privée. “Je dois payer mensuellement Rs 13 000 et Rs 8000 pour la scolarité. Tout mon salaire y passe. Je ne vis plus, mais je survis. Si mes proches ne m’aidaient pas, je ne sais pas ce que je ferai”.

Chaque roupie compte

Anita, comme Roger, Jean Paul, Anil ou encore Rajesh, sont de ceux qui ont été durement frappé par les effets de la pandémie. Employé à Air Mauritius, cadre dans le secteur hôtelier, responsable dans le textile, ces personnes qui avaient pour habitudes de toucher des rémunérations honorabls, doivent aujourd’hui vivre avec le minimum. Pour d’autres qui sont sous le coup d’un licenciement, les robinets sont fermés.

La famille de Rajesh a réduit les achats de nourriture et économise de l’essence. Mais les économies du chef de famille baissent alors qu’il n’a plus de revenu. Son contrat avec un groupe hôtelier étranger a été résilié en début d’année. “J’ai été obligé de revenir à Maurice et c’est un retour à la case départ”. Sans emploi, et avec de minces chances d’en trouver un dans le contexte actuel, ce père de famille de trois enfants puise dans ses économies pour subvenir aux besoins de sa famille. “ Deux de mes enfants sont autonomes. Mais je paie toujours les cours de ma cadette. Je peine à m’acquitter des factures d’eau, d’électricité, d’internet et autres. En même temps, il faut faire les courses et tout est chère. Dans le passé, on ne comptait pas les dépenses. Aujourd’hui, nous n’achetons que le nécessaire. La voiture ne sort presque plus, car il ne reste plus rien pour mettre de l’essence”.

Anita se retrouve aussi en fâcheuse posture. “Que ce soit pour moi ou les enfants, on se payait tout ce qui nous faisaient plaisir. J’en avais les moyens aussi, car mes rémunérations étaient conséquentes. Aujourd’hui, c’est à peine si je vais faire du shopping. Au supermarché, je cherche des produits en soldes et ne prends que le nécessaire pour tenir la semaine pour les enfants et moi”.

Plus aucune vie sociale

Roger, 30 ans, également membre du personnel naviguant, en sait quelque chose. Sa vie sociale n’est plus le même. Pendant les jours de congés du célibataire, plus question de faire des sorties. “Je n’ai plus de vie sociale car je ne peux plus accepter que mes amis me dépannent à chaque fois. Je préfère ne plus sortir. Faute de moyen, j’ai annulé mon abonnement à la salle de sport”. Pour essayer de rééquilibrer un tant soit peu ses finances qui sont réduit de deux tiers, Roger offre ses services auprès de particuliers pour des travaux manuels. En effet, hors de question de déroger envers ses responsabilités envers ses parents qui ne travaillent pas. Il préfère se priver espérant des jours meilleurs. “Nous vivons un cauchemar éveillé et la peur est omniprésente. Nous sommes surtout décontenancé par le manque de visibilité sur un probable retour à la normal d’Air Mauritius dans les mois à venir.”Une situation révoltante quand on sait que les employés d’Air Mauritius paient les conséquences d’une mauvaise gestion et d’abus perpétrés depuis des années.

Jean-Paul, 54 ans, s’est vu forcer à prendre une retraite anticipée. Le pire pour lui, c’est de ne pas avoir de visibilité sur son avenir. “Est-ce que la compagnie tiendra le coup ou pas ? Est-ce que je vais percevoir mon lumpsum ? Est ce que tout ce qui me revient en termes de congés me seront remboursés?”. De rajouter que quand vos revenus ont été coupes il faut s’en accommoder.

Rejoignant les pensées troubles de Jean-Paul, Anil, 58 ans, qui évolue dans le textile depuis une quinzaine d’année, sera prochainement mis en congé permanent avec la fermeture de l’Esquel Group. “Responsable des opérations d’exportation, j’ai toujours bénéficié d’un salaire intéressant qui m’a permis de vivre aisément et de compléter mes projets. » La compensation qu’il percevra sera utilisée pour rembourser son emprunt et payer ses autres dettes. “En attendant d’obtenir l’argent de ma retraite, il faudra se serrer la ceinture. A mon âge, ce sera compliqué de trouver un autre emploi”, avoue ce dernier.  Ce qui est sure, “c’est que c’est loin d’être la réalité que j’avais en tête mais c’est le new normal et il faut l’accepter”.

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