Bangladesh: manifestations après l’arrestation d’une journaliste d’investigation

Des centaines de journalistes ont manifesté mardi au Bangladesh pour protester contre l’arrestation d’une journaliste d’investigation renommée en raison de ses reportages critiques sur la gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités.

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Rozina Islam, qui travaille pour le journal Prothom Alo, a été arrêtée lundi en fin de journée en vertu de la loi sur les secrets d’Etat, selon la police. Elle a comparu devant le tribunal mardi, accusée d’avoir volé des documents du ministère de la Santé. Une nouvelle audience a été fixée à jeudi.

Des centaines de journalistes se sont rendus lundi au commissariat de police de Dacca où la journaliste de 42 ans a été emmenée. Certains de ses confrères ont tenté de bloquer les entrées du bâtiment. Les manifestations se sont poursuivies mardi.

Avant sa détention, Rozina Islam avait passé cinq heures au ministère de la Santé qui l’a accusée d’avoir volé des documents, selon une plainte du ministère vue par l’AFP. Les dirigeants des syndicats de journalistes et des groupes de défense des droits ont déclaré lors des manifestations que la journaliste avait été arrêtée en raison de ses reportages sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement.

Dans ses reportages, selon ses défenseurs, elle a mis en évidence que du matériel médical d’urgence avait été délaissé à l’aéroport de Dacca pendant des mois, mais aussi que des pots-de-vin avaient été versés pour recruter des médecins, et rapporté de la corruption présumée au ministère de la Santé pour l’achat d’équipements médicaux.

« Ses reportages ont clairement exposé les faiblesses du ministère en matière de protection des droits de la santé de la population pendant la pandémie de coronavirus », a déclaré le groupe Law and Mediation Centre, qui a exigé sa libération immédiate.

Le Bangladesh a fait état d’un peu plus de 12.000 décès dus au coronavirus et de près de 800.000 contaminations, mais les experts estiment que ces chiffres sont largement sous-évalués.

Les militants des droits affirment également que la pandémie a aggravé les atteintes à la liberté de la presse au Bangladesh, le gouvernement ayant de plus en plus recours à une loi draconienne sur la sécurité numérique pour étouffer toute critique.

Cette arrestation « est une attaque contre la liberté journalistique », a estimé Saad Hammadi, spécialiste de l’Asie du Sud pour Amnesty International.

« Les autorités doivent abandonner les poursuites engagées contre la journaliste et la libérer immédiatement dans l’intérêt de l’engagement international de l’État à protéger le droit à la liberté d’expression », a-t-il ajouté.

Selon Rezaur Rahman Lenin, consultant des Nations unies pour les droits de l’homme, au moins 85 journalistes ont été inculpés en vertu de la loi de 2018 depuis le début de la pandémie.

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