Bilan 2018 : une politique sens dessus dessous

Une politique sens dessus dessous

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Dev Virahsawmy, observateur politique, Tania Diolle, membre du Mouvement Patriotique, et Shakeel Mohamed, député du Parti Travailliste, nous livrent leur bilan de 2018 sur le plan politique. Ils estiment que cette année a été marquée par des remous. Ce constat concerne en particulier la réforme électorale et la démocratie.

Dev Virahsawmy :

“Indépendants depuis 50 ans, nous ne sommes toujours pas une nation”

“Cette année a été marquée par l’incapacité des dirigeants à avoir une vision globale. L’État s’est attaqué aux problèmes de manière fragmentaire. Il y a eu le débat sur la réforme électorale, mais il n’y a pas eu de propositions qui visent à transformer la réalité mauricienne. Il faut que les différents partis de l’opposition comprennent qu’il faut unir les forces pour résoudre les problèmes : le réchauffement de la planète, le changement climatique, la sécurité alimentaire et la nécessité de transformer un pays indépendant en une nation. Nous sommes indépendants depuis 50 ans, mais nous ne sommes toujours pas une nation. Une des priorités est le développement d’une identité nationale. Pour atteindre cela, il nous faut une réforme électorale digne de ce nom. Il faut aussi se débarrasser des circonscriptions qui élisent trois membres et il nous faut un système de représentation proportionnelle complémentaire.

Le gouvernement a beaucoup parlé de réforme dans le milieu éducatif. Les problèmes fondamentaux sont restés intacts. Les résultats du PSAC viennent de tomber : 25% des enfants ont échoué. Cela prouve qu’après six années passées à l’école, beaucoup d’enfants ne savent pas lire. Je suis sûr que la vérité est encore plus dramatique. Je dirais que la moitié des enfants n’ont pas les compétences nécessaires pour des études secondaires. C’est ce que nos dirigeants ne comprennent toujours pas. Il faut une nouvelle politique linguistique pour la nation mauricienne.”

Tania Diolle :

Une année de discrimination envers les minorités

“Cette année a démontré à quel point les femmes sont vulnérables à Maurice. Depuis janvier, il y a eu beaucoup de cas de femmes mortes à cause de la violence domestique, malgré les Protection Orders. Les Nations Unies ont montré Maurice du doigt par rapport aux discriminations faites envers les femmes et le manque d’encadrement et d’institutions spécialisées pour lutter contre la violence domestique. Les Nations Unies ont aussi évoqué les discriminations faites envers les minorités et le manque de volonté pour lutter contre cette tendance.

D’un point de vue général, il y a eu beaucoup de remous politiques, surtout au Parlement. Il y a eu plusieurs protestations contre la Speaker, que l’on a accusée d’empêcher l’opposition de s’exprimer sur des sujets importants. C’est une très mauvaise année pour la démocratie parlementaire.

Pour finir, la réforme électorale qui a été proposée démontre que notre pays prend un mauvais tournant. Les suggestions qui ont été envisagées démontrent qu’il y a très peu de démocrates qui sont dévoués à la consolidation et à l’amélioration de la démocratie.”

Shakeel Mohamed :

Un échec pour Maurice

“Au niveau politique, cela a été une très mauvaise année parce que les institutions sont de plus en plus dévaluées. De plus, le Parlement est devenu risible. Encore une fois, il y a eu des abus de la part du gouvernement.

Nous n’avons pas constaté de progrès en matière des droits humains. En ce qui concerne la démocratie et l’économie, il y a eu une régression. Dans le domaine du law and order, les choses ne se sont pas arrangées. La consommation de drogue a aussi augmenté. C’est un échec pour Maurice.”

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