(Bilan) Fin d’années : 20 voix et 20 caricatures pour 2020

20 personnalités ayant fait l’actualité en 2020 parlent de cette année très particulière. Des événements rappelés aussi à travers les 20 caricatures de notre collèges Deven T.

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Shakeel Mohamed, membre de l’opposition “2020 nous a montré que nos institutions sont à bout de souffle”

“Pour moi, l’année 2020 a été révélatrice sur plusieurs fronts. Elle nous a montré que nos institutions sont à bout de sou! le et que le système politique des derniers 52 ans montre, de semaine en semaine, les preuves qu’il est totalement dépassé. L’année nous a aussi démontré qu’il y a un dégoût principalement de la jeunesse de tout ce qui se passe à Maurice et du système en place. Mais 2020 a aussi démontré que la population montre toujours des signes de patriotisme et d’unité face à l’adversité. En 2021, il n’y a que deux options possibles. Le réveil de la population doit se traduire en action de contestation qui n’a jamais été faite à Maurice depuis au moins 40 ans. L’autre option est d’être égoïste et de se contenter d’être dans sa zone personnelle de protection et l’île Maurice va directement s’écraser sur les récifs.”

Nirveda Alleck, artiste peintre “J’espère que ce pays deviendra politiquement plus stable”

“2020 a été une année très bizarre. Elle a passé très vite on a à peine eu le temps de comprendre ce qui s’est passé. Au niveau artistique, l’année a été très productive. Pendant le confinement, cela a été difficile au début mais j’ai l’impression d’avoir trouvé mon rythme ensuite. Le confinement m’a donné l’occasion de libérer ma créativité, d’accorder plus de temps à mon travail. Je n’ai pu participer à une résidence prévue à La Réunion mais j’ai pu exposer à l’IFM. Le travail produit a été plus riche. Il y a également eu le Wakashio qui est venu troubler la vie dans le Sud. Nous, les habitants de la région, avions tellement de restrictions. Je ne fais pas de plan pour 2021 mais j’espère que ce pays deviendra politiquement plus stable. Il y a un manque de confiance dans le gouvernement, ce qui fait qu’il y a une instabilité. Pour la création, c’est inspirant mais en même temps j’ai des amis qui souffrent, surtout avec la Covid-19 et le Wakashio. J’espère surtout qu’il y aura un changement fondamental dans la façon qu’on perçoit la vie.”

Kunal Naik, Directeur de plaidoyer et de la communication chez PILS “J’espère des avancées sur la réforme de notre politique de drogue”

“2020 sera inoubliable, surtout en raison de la Covid-19 qui a changé notre façon de vivre et de travailler. Nous avons de la chance que Maurice soit Covid Safe pour l’instant. Par contre, l’économie a été grandement affectée. Si nous ne nous diversifions pas et si nous ne partons pas vers l’autosuffisance alimentaire, nous risquons de nous heurter à plus de problèmes encore dans le futur. Le naufrage du Wakashio est venu nous montrer la fragilité de notre eco-système et la faille de notre système, mais également comment les Mauriciens peuvent être solidaires pour le bien de notre île. En 2020, L’ONU a officiellement reconnu que le gandia a des vertus thérapeutiques, ce qui permettra de faire plus de recherches sur ses applications médicinales. Cela soulagera beaucoup de patients qui en ont bien besoin. Sinon, les scandales à répétitions ternissent l’image de notre pays. Pour 2021, j’espère que les avancées sur la réforme de notre politique de drogue continueront et que le gouvernement viendra de l’avant avec l’introduction du cannabis médical dans une façon qui permettra un accès rapide aux personnes qui en ont besoin. Je souhaite également que notre économie se diversifie et que nous maximisions sur notre économie marine, que nous créions de l’emploi dans la recherche autour du cannabis et que nous explorions le chanvre (cannabis industriel) comme une source de revenues.

Avinash Teeluck, ministre des Arts et du Patrimoine Culturel “Je souhaite redynamiser le secteur culturel dans le pays.”

“2020 a été exceptionnelle dans tous les sens, une année remplie de défis. En début d’année, nous allions vers la continuité et tout d’un coup tout a été chamboulé à cause de la Covid-19. Nous avons dû nous adapter à la situation mais notre motif de satisfaction tient du fait que nous avons fait le maximum pour assurer que le pays demeure Covid safe. Pour 2021, j’espère que les vaccins seront efficaces et que nous retrouverons un monde qui est beaucoup plus prospère. De même, je souhaite redynamiser le secteur culturel dans le pays.

Delphine Ahnee, Drwa A Enn Lakaz “La solidarité a sauvé cette année 2020”

Les mots qui me viennent en pensant à l’année 2020 sont chaos, solidarité et résilience. Cette pandémie a chamboulé l’ordre établi et a pris toute l’humanité de court. Le rythme effréné de nos sociétés de consommation a dû stopper, sous peine de contamination, et la terre a repris son sou! le. Pour une fois, tous ont été égaux face au risque. A bien des égards, cela a remis les compteurs à zéro. Mais les inégalités dans les moyens de faire face aux conséquences du coronavirus sont demeurées criantes. Au niveau du logement, le confinement a exacerbé les situations de promiscuité. Pour ceux vivant dans l’extrême pauvreté, tout a été encore plus dur. Alors que les membres de famille avaient l’habitude d’y être à des heures différentes, ils se sont retrouvés confinés parfois à 10 dans deux pièces. Conflits, abus, violences ont crée des situations de familles devant “sove ale ouswa gagn met deor depi kot fami, al skwate”. La solidarité a sans conteste été ce qui a sauvé cette année 2020. On l’a tous vue à l’œuvre : entre voisins, commerçants, ONG. Paradoxalement, notre gouvernement a, lui, agi à l’encontre de cet esprit de solidarité et a été jusqu’à faire bulldozer des bicoques de squatters, mettant des mamans et leurs jeunes enfants à la rue un soir de confinement. Dont le petit Mattéo décédé depuis. Cela a provoqué un élan de colère et de solidarité. Notamment la création de la plateforme Drwa A Enn Lakaz. Confrontées au cycle infernal et au cercle vicieux de l’extrême pauvreté depuis des générations, ces familles font aussi preuve d’une résilience phénoménale. Aujourd’hui, certaines de ces familles, aidées par des volontaires, ont reçu les clés de leurs maisons.

Sa! yah Chady-Edoo, citoyenne “Développer encore plus loin notre identité mauricienne”

Sur un plan plutôt global, la pandémie nous a fait réaliser la fragilité de la vie et ce qui compte vraiment, ce qui est essentiel, c’est-à-dire la famille, la santé, l’empathie. Sur un plan national, au delà de la pandémie, avec l’échouement du Wakashio, nous avons redécouvert cette fibre patriotique pour revendiquer des sujets plus épineux qui méritent notre attention comme la réforme électorale, l’inégalité sociale, l’égalité des chances, etc. Les scandales qui ont été “uncovered” démontrent à quel point nous devons aspirer à mettre les bonnes personnes à la bonne place. Je souhaite que nous ayons le courage d’affronter les nouvelles réalités et nous adapter, car tout ce qui est “pre-2020” relève d’un autre type de vie. J’espère voir des dirigeants beaucoup plus « forward thinking » qui auront la capacité de voir que les choses doivent se faire différemment et que les secteurs doivent impérativement se ré-inventer, et non être réchauffés. J’espère aussi l’aboutissement du “Judicial enquiry” en cours ainsi que celui de projets qui donneront un regain de confiance aux citoyens. J’espère que nous avancerons dans notre lancée pour développer encore plus loin notre identité mauricienne. Finalement, dans un autre registre, j’espère voir une belle panoplie de livres et de films qui sortiront.

Géraldine Hennequin Joulia, cheffe de file d’ID (Idéal Démocrate) “2021 portera haut ceux qui savent se réinventer”

“2020 est une année qui a rappelé à tous qu’il y a certaines choses qui échappent au contrôle des humains. Le monde a été mis à l’arrêt par une pandémie mondiale, nous avons tous été secoués et sonnés avant d’être capables de réagir collectivement. Tout est encore fragile, mais la résilience et le bon sens ont remis nos sociétés en route.

Sur le plan personnel, je vois surtout ce que cette année m’a apporté comme leçons de vie. C’est toujours à partir de cela qu’on peut apporter des corrections pour avancer et construire. Je n’ai pas cherché à prix de rester dans ma zone de confort. Ni sur le plan professionnel, ni sur le plan de mon engagement citoyen. En effet, je travaille dans le domaine des arts et de la culture depuis ces dix dernières années à Maurice. En temps normal déjà c’est un secteur laborieux. C’est quasiment un combat quotidien parce qu’à tort, on ne considère pas cette industrie comme pouvant contribuer au panier économique. Donc très peu, pour ne pas dire rien, est fait en ce sens. En temps de crise, il faut aller chercher au fond de soi la résilience nécessaire pour continuer à exercer dans le secteur de la culture. Il faut se réinventer. Ce n’est pas simple. J’ai pris cette option. 2020 a également été l’année pendant laquelle j’ai fait beaucoup plus de travail social, notamment pendant la période du confinement. Les crises, peu importe leur nature, touchent d’abord les plus vulnérables de notre société. Je l’ai vu et j’ai voulu apporter ma contribution en mobilisant les citoyens mauriciens dans des actes de solidarité. Ce travail continue car le pendant de la crise sanitaire est la crise économique. Ce mot « crise » est en train de devenir le compagnon le plus constant d’une génération. 2020 est surtout l’année de concrétisation de mon engagement politique face à un bilan local qui me questionne et m’inquiète sur l’état de notre démocratie. Un bilan amer car chaque jour nous glissons vers l’indicible regardant l’Etat alimenter l’inégalité. Avec la naissance d’Idéal Démocrate (ID) dont j’ai l’honneur d’être la cheffe de file, je dis « non » au renoncement de notre espace politique. A ID nous réclamons et travaillerons pour les mêmes droits pour tous, les mêmes chances pour tous et le même respect de dignité envers tous.

Concernant 2021, l’année qui arrive portera haut ceux qui savent se réinventer et qui ne prennent pas le pli de cette incantation qui voudrait qu’on laisse le temps au temps. Il faut agir maintenant et prendre le pari de restaurer notre pays abîmé par une crise de confiance. Elle est, à bien des égards, plus dévastatrice que d’autres crises. Cumulées, ces crises asphyxient notre République. L’ampleur des défis est colossale que ce soit sur les plans économique, financier, social et démocratique. Sur un plan personnel, je n’attends rien de plus de 2021 que ce que j’en ferai. Parce qu’à ne rien tenter, on risque de ne rien vivre. Chaque pas entraîne une dynamique. 2021 sera ainsi l’année qu’on en fera. Qu’elle soit celle d’un réveil collectif qui pousse chacun de nous à s’activer, se mobiliser, exiger, revendiquer et inventer le changement”.

AnneGa, artiste pop star “2020 fut une année de transition”

“L’année 2020 a été pour moi l’année de la prise de conscience. Cette année, y compris ces quelques mois de pause, m’ont fait évoluer dix fois plus vite que si je continuais de courir derrière mon train de vie habituelle. 2020 m’a appris qu’il existe une force, à l’extérieur de nous, qui travaille pour que ce qui doit arriver, arrive. Le destin. Souvent dans notre routine on ne voit pas ces signes. J’avais commencé 2020 avec une vision de mon projet musical (ANNEGA) plutôt claire et je la termine avec plein de choses si peu attendues, même pas voulues, mais qui à la fin prennent tout leur sens. L’arrivée de Manu Desroches et de Patrick Desvaux dans le groupe enrichit mon univers. Le renvoi de l’album prévu en avril peu après le début du confinement nous a permis de le perfectionner et d’y rajouter trois nouvelles chansons. La sortie de quatre nouveaux singles — Sweet While, Charlie, suivi de Home et Nou ti Zil — après le confinement. Moi, étant la première artiste féminine à être labellisée Made in Moris. Quel honneur. J’ai également eu la grâce de faire une bonne poignée de concerts et de festivals tels que Dreamers et la Isla, Kafe Kiltir, Kasdantam, entre autres. Bref, c’était une année de transition, de création, de découverte, de partage et surtout de courage. L’univers m’a montré que nous n’avons qu’une seule maison, la Terre, et qu’il faut en prendre soin. Elle nous a rapprochés les uns des autres par des temps de crise et nous a montré que rien n’est certain. Que tout peut changer. Que nous devons apprendre à nous réadapter à ce monde changeant en développant de nouvelles et de bonnes habitudes.

De 2021, j’attends que le bien continue de devancer le mal et plus encore. J’attends que les leçons de 2020 soient mises en pratique. Etant artistes, nous dépendons beaucoup des festivals et autres rassemblements. Nous avons beaucoup de chance à Maurice de pouvoir continuer nos activités comme avant étant covid-free. J’espère que les mesures de précaution au niveau des arrivées à l’aéroport perdureront et que nous pourrons rester ainsi. J’ai également beaucoup d’attente pour cette prochaine année parce qu’il y aura enfin la sortie de mon tout premier album. Je suis impatiente de découvrir la réaction des gens et de voir où ce nouveau passeport nous emmènera. A Maurice et ailleurs. Je veux vraiment emmener mon île à l’international à travers ma musique pop-world. Donc, le calendrier de 2021 s’annonce musicalement chargé sur les plateformes digitales et les concerts. Mais je compte aussi laisser la porte ouverte à l’inconnu, surtout en termes de projets”.

Tony Ah Yu, Resto du coeur d’Albion “Le COVID est venu nous dire STOP “

“2020 est une année inédite. Une année qui a apporté une bonne dose de négativité, de peurs, d’angoisses tant sur le plan social que sur le plan économique où nous naviguions à vue tellement la visibilité était presque nulle. Sur le plan social l’économie informelle a tellement souffert de la pandémie particulièrement à cause du confinement, qu’elle est venue dévoiler ou accentuer la pauvreté absolue dans plusieurs poches de l’île. Les gens étaient en difficulté en terme d’alimentation et c’était très difficile pour les chefs de famille de subvenir aux besoins de leurs enfants. Au niveau des PME, je suis bien placé pour le dire: c’était vraiment difficile. Heureusement que nous avons eu un soutien du gouvernement et un bon accompagnement de la Banque commerciale et nous espérons que ce support s’étendra jusqu’en 2021. Nous avons tout fait pour pouvoir préserver les emplois jusqu’ici, mais vivement que l’économie circulaire tourne mieux pour que nous puissions nous en sortir. Mais la COVID est aussi venue nous dire “Stop”. Nous ne prenions plus le temps de vivre, nous passions notre temps à courir dans tous les sens, à consommer presque sans limite, une lutte effrénée pour gravir l’échelle sociale, nous étions constamment stressés ou frustrés car les finances, le trafic routier, la sécheresse, les événements de l’actualité au quotidien nous pèsent sans que nous puissions avoir de contrôle sur ces paramètres. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous ont ouvert les yeux, nous voyons maintenant l’essentiel, c’est à dire la famille, les gens que nous aimons et aussi la nature. Dorénavant nous sommes emphatiques, nous avons de la compassion, nous comprenons mieux la solidarité, nous faisons des dons aux plus démunis d’entre nous. Cette pandémie est venue appuyer sur le bouton ‘reset’ et pour ceux qui ont compris c’est un ‘paradigm shift’ J’aimerais qu’en 2021, solidarité soit le mot qui prime. J’ai créé la version locale des restos du cœur et cela sans réinventer la roue pour que nous soyons efficaces et rapides. L’important c’est que les gens puissent manger à leur faim. Il faut à tout prix que l’économie circulaire fonctionne à plein régime et il faut que le citoyen lambda pratique le système de troc. Et il faut que les autorités soutiennent à fonds les PME car ce sont elles les poumons de l’économie et que tous les Mauriciens apprennent à se réinventer et à consommer local”.

Carl de Souza, écrivain “2020 : L’année de toutes les colères !”

“2020 : L’année de toutes les colères ! De toutes les peurs, de la crainte de l’inconnu que représente une pandémie. L’année des naufrages et des deuils, du désespoir des familles. De l’indignation générale face à une mort d’enfant… L’année de notre impuissance apparente quand l’autorité prise dans un tourbillon impressionnant de scandales, demande où elle a fauté.

2020 est aussi l’année d’une Covid-19 contrôlée avec succès ici, d’une poursuite du travail dans certains secteurs dont de grands chantiers ininterrompus. L’année d’une descente pacifique dans les rues, d’un réveil en sursaut, d’une prise de conscience des menaces envers notre démocratie et notre indépendance. 2020, l’année de la décision de dire NON et de reprendre possession de notre avenir. C’est un pas, le premier, espérons-le, dans le projet de nos concitoyens pour leur pays. Une réflexion responsable émanant des villages et des villes. Au sein des familles, des cercles d’amis et des proches… Et surtout une remise en question personnelle! Excellentes fêtes, riches en partages.”

Nirvana Varma, du Projet Cybele “2020 nous a démontré comment rester humains et être résilients face à l’adversité”

“2020 a été une année avec des hauts et des bas, une année de rencontres mais aussi de requestionnement surtout pour Les Tipis de Mare Longue qui est un projet dans l’événementiel. Cela m’a donné le temps de me recentrer et de revoir mes priorités et je pense que la plupart des gens l’ont fait. Nos résolutions, cette fois-ci, étaient au courant de l’année, les miennes étaient et le sont toujours de donner du temps ma famille et à moi-même, de prendre plus de risques calculés au niveau du business surtout face aux changements drastiques et des opportunités de l’économie et des industries mauriciennes et globales. Ce que cette année nous a démontré c’est comment rester humains et être résilients face à l’adversité. Même si 2021 s’annonce bien meilleure, je pense qu’il ne faut pas oublier l’incertitude de l’année précédente et de toujours s’améliorer. Pour moi, ce sera une année de challenge et de découverte, continuer à convaincre les individus ainsi que les compagnies mauriciennes d’aller encore plus vers la sustanibility pour faire des échanges et pour agrandir notre écosystème vers une vision d’économie circulaire avec le Project Cybele. Nous avons aussi décidé de lancer officiellement le Events venue des Tipis de Mare Longue qui a été jusqu’à présent mobile à travers l’île. Donc beaucoup de changements vers le meilleur nous attendent tout en gardant des objectifs positifs de l’année à venir.”

Sébastien Sauvage, militant écologiste “Notre pays aborde 2021 sur les genoux”

“Comment ne pas retomber dans les mêmes pièges des années précédentes… de l’année passée ? Tous les ans un exercice de bonnes résolutions, des formulations de souhaits qui bien vite ne restent que sur le papier. Notre pays aborde 2021 sur les genoux. Allons-nous encore rester à lui souhaiter des vœux pieux, assis dans notre salon ? Face à la somme des faits qui convergent aujourd’hui pour annoncer l’imminence de la catastrophe planétaire tant au niveau de la perte de biodiversité que du changement climatique, prenons conscience que d’autres voies sont possibles afin de sortir de l’impuissance, une alternative au fatalisme aussi bien qu’au déni, consiste à promouvoir de nouveaux cadres juridiques de pensées et d’actions. Reconnaissons les crimes d’écocide, donnons des droits à la Nature !

Cette année, le peuple mauricien a su se mobiliser sur différents fronts. Notre conscience collective s’est enrichie de liens forts et a démontré notre capacité de nous mettre en mouvement. L’heure n’est plus aux souhaits mais à l’action ! Agissons !”

Richarno Colin, boxeur “Le monde sportif bouleversé à plusieurs niveaux”

2020 m’a marqué de plusieurs façons. La pandémie de la Covid-19 a mis le monde à genou et ses effets ont été ressentis par tous. Beaucoup de gens passent par des situations difficiles. Le monde sportif a également été bouleversé à plusieurs niveaux. Il nous faudra tous garder une bonne discipline malgré l’adversité. En tant que sportif, c’est aussi une année inoubliable pour moi car j’ai été le premier Mauricien à décrocher mon ticket pour les Jeux Olympiques. Je m’attends ainsi à ce que 2021 soit une année positive pour moi et tout le monde. Il faudrait que les autorités trouvent un moyen pour aider toutes ces personnes et ces athlètes qui passent par des moments compliqués.

Reuben Pillay, militant écologiste “2020, une année qui a ouvert les yeux au peuple mauricien”

“Je vais dire que c’est une année qui a ouvert les yeux au peuple mauricien… même si les circonstances étaient terribles, la mort de 10 personnes due au Covid – mais pas que. Car je juge que si des mesures avaient été prises à temps, ces personnes seraient toujours en vie. Ensuite, nous avons eu la catastrophe du Wakashio, Double désastre écologique qui, encore une fois, aurait pu être évité si le gouvernement n’avait pas croisé les bras pendant 12 jours ou décidé de couler l’avant du navire dans un sanctuaire de baleines. Catastrophe qui en plus des dégâts causés à notre environnement marin, à nos côtes, au massacre des dauphins et des baleines suite aux opérations liées au Wakashio et au chamboulement de la vie des habitants du sud-est, a aussi fait 4 morts. Tout cela était évitable. J’espère que 2021 verra un changement de gouvernement – peu importe le moyen, qu’il soit par la démission du gouvernement ou l’arrestation de certaines personnes au pouvoir, ou un ordre de la Cour pour des élections générales, ou même, un soulèvement du peuple. Car aussi longtemps que nous aurons des incapables au pouvoir, surtout ceux qui ne pensent qu’à leurs poches, le pays continuera à aller mal, et c’est le peuple qui paiera les pots cassés.”

Bruneau Laurette, Activiste social “Que le citoyen soit au premier plan dans le développement du pays”

“Pour moi 2020 a été une année de renouveau. Une année où les gens ont cherché la liberté d’expression, ont revendiqué leurs droits en tant que citoyens. Nous avons été bernés pendant 50 ans par la classe politique. Que ce soit l’opposition ou le gouvernement, ils ont tout deux bénéficié du système. Cette année, le gouvernement a exploité toutes les failles pour venir enlever les droits constitutionnels et les droits du citoyen, notamment en terme du droit à la parole et liberté d’expression. La marche citoyenne du 29 août est revenue mettre les choses dans leur contexte mais ce n’est que le début: le plus dur reste à venir. Tout ceux qui ont subi et ont été exploités par le système, doivent venir revendiquer en 2021 un retour aux droits enlevés. C’est important que le citoyen soit au premier plan dans le développement du pays et les grandes décisions. Par ailleurs, la diaspora mauricienne doit aussi avoir son mot à dire dans l’évolution du pays économiquement et politiquement. La répartition des biens doit être faite d’une façon à ce que tout le monde bénéficie et pas seulement les proches et parents de ceux au pouvoir. Il va aussi falloir toucher à la Constitution pour être en mesure de mettre les Mauriciens en avant.

Béatrice Bijoux Bellepeau, femme entrepreneure et directrice des magasins Busy-B “Nul n’est à l’abri des épreuves, que l’on soit riche ou pauvre”

“Quand 2020 est arrivé j’étais déjà passé par le cyclone des travaux du métro durant les deux années précédentes devant mon magasin principal à la rue Vandermeersh à Beau-Bassin. Deux années durant lesquelles mon entreprise Busy B a fait faillite, et où je me suis battue pour être compensée jusqu’à y laisser ma santé physique et mentale. Franchement, qu’est-ce qui pouvait m’arriver de pire après cela ? Disons que ces deux années difficiles, 2018 et 2019, m’avaient déjà préparée mentalement à affronter la Covid-19. J’étais déjà en pleine restructuration, constamment en train de rebondir et me réinventer pour survivre. C’est donc tout naturellement que j’ai persisté dans cette voie pour continuer à exister. Fabrication durant le confinement de masques non sanitaires, de collections de vêtements à porter à la maison, création d’un magasin en ligne avec livraison à domicile, entre autres. 2020 a été une continuation de cette réflexion déjà en cours sur le plan professionnel et j’en ai profité pour la partager avec des femmes entrepreneures qui allaient devoir affronter les répercussions de la Covid-19. Il y a eu un esprit de solidarité et de partage qui s’est dégagé de cette épreuve que je trouve extraordinaire. J’ai ouvert mon magasin gratuitement à la rue Vandermeersh aux femmes entrepreneures qui désiraient y vendre leurs produits faits maison et encourager fortement les Mauriciens à consommer local et à nous protéger, nous entrepreneures mauriciennes. Ce que je retiens c’est que nul n’est à l’abri de telles épreuves que l’on soit riche ou pauvre et qu’ensemble on peut s’en sortir. Je suis de nature fonceuse, bosseuse et surtout à ne pas me laisser abattre et donc forcément 2021 s’annonce palpitante. Elle sera difficile et challenging. Je bosse dessus en ce moment et mes neurones sont près de prendre feu. Si l’état et les banques jouent leur rôle et nous accompagnent dans cette épreuve, nous pourrons ensemble refaire un bilan fin 2021 !”

Désiré François, auteur, compositeur et interprète “Corona finn obliz nou rewvar nou fason panse ek azir”

“Comme pour tout le monde, c’est définitivement le coronavirus qui m’a le plus marqué en 2020. Néanmoins, au lieu de m’apitoyer sur le côté négatif, je préfère retenir le positif. Li finn obliz nou tou asiz lakaz ek rewvar nou fason panse ek azir. Cela fait des années que mon métier d’artiste m’oblige à être souvent en concerts et en tournée. Ce confinement et l’arrêt de toutes les activités ont été l’occasion pour moi de découvrir le plaisir des moments en famille et de ressouder les liens entre nous. Monn kwi, lav linz ek lasiet. Konpran ki savedir enn lavi fam o foye ki li pa fasil ditou. J’en ai aussi profité pour composer ce qui a abouti à la sortie mon tout dernier album Mo grand père. Aujourd’hui, je suis heureux de constater que les mentalités commencent à changer et que l’on prend conscience que les Mauriciens ont de l’importance. Lotel pe bisin klyan morisien. Les festivals et autres soirées événementiels font appel aux artistes locaux et cela ne manque pas d’attirer la foule. Mo espere ki an 2021, zot kontignye pran artis lokal pou zouye. Il ne faudrait pas, qu’une fois les frontières réouvertures, que les choses reviennent comme avant. Nous devons en tirer de bonnes leçons. Pour ma part, je compte accueillir et vivre l’année 2021 comme elle veut bien se présenter. Je travaille sur plusieurs projets sans trop me mettre la pression. Tou zafer pa kapav bon dan lavi. Bisin konn persevere ek avanse san zame bess lebra.”

Mgr Stenio André, évêque de Maurice “Privilégier la solidarité nationale”

“2020 a été une année difficile dans tous les sens du terme pour tous. Une pandémie et un naufrage qui crée un désastre écologique, la mort des dauphins, entre autres drames, comme le décès du petit Ayaan, les a » aires de drogues qui ont conduit au meurtre de la policière Dimple Ragoo. Cette année, j’ai succédé à Ian Ernest comme évêque de Maurice et tout juste au début de mon épiscopat, nous sommes entrés en lockdown. Cela m’a fait réfléchir sur beaucoup de choses, notamment qu’il faut retenir l’essentiel de la vie. Pour 2021, il faudra rester vigilant car l’impact de la Covid-19 se fera encore sentir avec de probables pertes d’emplois et la fermeture d’entreprises. En même temps, 2020 nous aura aidé et préparés à affronter 2021. Il faudra surtout retenir les leçons et privilégier la solidarité nationale.

Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Egalité du Genre et du Bien-être de la Famille “Le Children’s Bill contient des mesures historiques”

2020 a été une année de tous les défis. Le monde entier s’est vu pris de court avec la pandémie de la Covid-19 qui a poussé plusieurs pays, y compris Maurice, à se confiner pendant des mois. Et le gouvernement s’est vu obligé de prendre des mesures drastiques extrêmement difficiles. Ces mesures ont cependant porté leurs fruits car nous sommes un des rares pays au monde à pouvoir se dire « Covid safe » et notre population est en bonne santé par rapport à ce virus spécifique. Je suis satisfaite que nous ayons pu atteindre cet objectif même si nous sommes conscients que d’autres grands défis nous attendent. Au niveau de mon ministère, chapeau bas à tous mes départements dédiés à la protection de l’enfant, à la lutte contre les violences domestiques, etc. Nous avons bien géré l’impact du confinement. Nous n’avons pas chômé cette année, et avons fait voter trois importants projets de loi, surtout le tant attendu Children’s Bill. C’était une des priorités de notre gouvernement. Malgré les critiques, le Children’s Bill contient des mesures historiques. En 2021, je m’attends à ce que le peuple Mauricien redouble de cette résilience et de ce courage dont il a fait preuve quand nous avons fait face à la Covid-19. Nous avons eu le soutien de la population et nous allons faire face ensemble aux défis économiques et sociaux qui pourront survenir en conséquence à cette pandémie. Mais déjà, nous avons abattu un travail colossal et nous allons continuer sur cette même lancée en 2021. Avec notamment les trois projets de loi à mettre en application, notamment le Strategic Plan contre la violence domestique. Et personnellement, une de mes priorités pour la nouvelle année est d’apporter les amendements dans la Protection Against Domestic Violence Act, loi qui protège les femmes contre la violence domestique.

Ashok Soubron, Rezistans ek Alternativ “En 2021, poser le soubassement du nouveau Maurice”

Cette année, nous avons vu une immense dynamique du peuple en mouvement, générée par un événement planétaire avec la pandémie de la Covid 19 et local avec le naufrage du Wakashio. Cette mise en mouvement s’est faite en quatre temps. Le premier est le 11 juillet à La Place de La Cathédrale (la manifestation organisée par le Kolektif Konversasyon Solider). Une mise en mouvement face à ce que le peuple considère comme des abus face aux lois draconiennes, notamment le Covid Bill, qui a fait un passage forcé alors que le peuple était en plein confinement. Le deuxième moment a été à l’issue du naufrage du Wakashio. Dans la nuit du 6 au 7 août quand des activistes de Rezistans ek Alternativ ont réfléchi de quelle manière agir à ce moment précis. David Sauvage est ainsi venu avec l’idée de construire des bouées artisanales. Malgré les restrictions, à notre initiative, cela déclenche un déferlement sur le waterfront. S’ensuit la grande manifestation pacifique du 29 août dans la capitale appelée par Bruneau Laurette. Tout ceux qui ont pensé que c’était un mouvement temporaire se sont trompés car 15 jours après nous avons eu une autre manifestation historique à Mahébourg. Un deuxième grand mouvement historique. Le dénominateur commun entre ces 4 dates est le papillon. Nous avons répondu à l’appel de l’histoire, tant bien que mal. Pour 2021, nous souhaitons que cette mise en mouvement qui a pris naissance en 2020 se structure et devienne une alternative politique à cet état et ces institutions en dégénérescence. Une façon de poser les soubassements du nouveau Maurice.

 

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