« Chaque vote compte »: l’Inde tient les plus grandes élections de l’Histoire

Sous un soleil de plomb, des dizaines de millions d’Indiens se rendaient ce jeudi dans les bureaux de vote pour le coup d’envoi des plus grandes élections de l’Histoire, qui dureront six semaines et détermineront l’avenir de la démocratie la plus peuplée du globe.

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Le Premier ministre sortant Narendra Modi, sous le mandat duquel la société indienne s’est fortement polarisée, a appelé sur Twitter ses concitoyens à sortir voter en « nombre record ». Son adversaire Rahul Gandhi, président du Congrès, a, lui, mis en garde contre une reconduction au pouvoir des nationalistes hindous: « vous votez aujourd’hui pour l’esprit de l’Inde. Pour son futur. Votez avec sagesse ».

À travers le géant d’Asie du Sud, de la plaine du Gange aux îles tropicales du golfe du Bengale en passant par les mégapoles tentaculaires et les villages de l’Himalaya, 900 millions d’Indiens majeurs sont appelés jusqu’au 19 mai à choisir le prochain gouvernement de cette nation de 1,3 milliard d’habitants.

« C’est littéralement le plus grand exercice démocratique jamais entrepris dans l’Histoire du monde », a indiqué Milan Vaishnav, expert au Carnegie Endowment for International Peace à Washington. Un million de bureaux de vote seront nécessaires au total pour élire 543 députés de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement.

À Ghaziabad, ville satellite de la capitale New Delhi, femmes et personnes âgées ont voté en nombre dans la matinée. « J’ai délaissé toutes mes tâches domestiques pour venir voter ici car je pense que chaque vote compte. Je veux un gouvernement qui pense aux femmes et fasse baisser les prix élevés du riz et des lentilles », a déclaré à l’AFP Suman Sharma, femme au foyer de 50 ans.

– « Sensation incroyable » –

Propulsé triomphalement aux responsabilités en 2014 avec son Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), Narendra Modi, 68 ans, compte bien être reconduit dans ses fonctions pour un deuxième mandat de cinq ans. En travers de son chemin se dressent le parti du Congrès, formation qui a dominé la politique indienne depuis l’indépendance de 1947, ainsi qu’une myriade de puissants partis régionaux décidés à en découdre.

En raison des dimensions colossales du pays – le deuxième le plus peuplé au monde après la Chine -, ces législatives sont découpées en sept phases. Différentes régions votent à tour de rôle dans ce scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le comptage des voix sera effectué le 23 mai.

Jeudi, 91 circonscriptions situées dans les nord-est, sud-est et nord de l’Inde, représentant plus de 142 millions d’électeurs, ont inauguré ce bal démocratique.

Dans le grand État d’Assam (nord-est), Anurag Baruah, 23 ans, fait partie des 84 millions de jeunes Indiens qui peuvent voter pour la première fois à ce scrutin national. « C’est une sensation incroyable de voter, qui me fait faire partie du système démocratique et me rend responsable d’élire un bon leader qui peut diriger le pays », a-t-il confié à l’AFP.

À Ghaziabad, l’étudiante Simran Khanna a elle aussi procédé à son premier vote. « Je ne veux pas d’un gouvernement fasciste au pouvoir. Je veux un gouvernement qui croit à l’unité et l’harmonie intercommunautaire. Il devrait œuvrer en faveur des pauvres et personnes marginalisées », a-t-elle déclaré.

Au moins deux personnes ont péri et plusieurs autres ont été blessées en Andhra Pradesh (sud-est) dans des affrontements entre partisans de partis régionaux rivaux, ont rapporté des médias indiens. Des explosions attribuées à des insurgés maoïstes se sont aussi produites au Chhattisgarh (est) et Maharashtra (ouest), sans que des blessés soient signalés.

– Modi contre Gandhi –

Dans certains districts du Bengale occidental (est), ces élections avaient une saveur particulière. Ces zones sont d’anciennes enclaves du Bangladesh côté indien, cédées à New Delhi en 2015 dans le cadre d’un échange de terres pour régler un épineux contentieux territorial vieux de plusieurs décennies.

À Cooch Behar et Alipurduar, de longues queues se sont ainsi formées devant les bureaux. « C’est un jour historique pour les gens de ces anciennes enclaves », a déclaré Rabindranath Ghosh, un candidat au scrutin. « Ils votent pour un gouvernement pour la première fois après sept décennies d’existence apatride. »

Barbe blanche impeccable et fines lunettes, le visage de Narendra Modi est partout en Inde. Panneaux et encarts publicitaires officiels, émission de radio mensuelle, couverture médiatique non-stop, réseaux sociaux. Le Premier ministre est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens.

Natif du Gujarat (ouest) et vendeur de thé dans son enfance, ce formidable harangueur de foules bénéficie d’une grande popularité due à ses origines populaires et à l’image d’homme fort qu’il cultive, notamment à travers son attitude martiale vis-à-vis du frère ennemi pakistanais.

Son principal opposant Rahul Gandhi, 48 ans, héritier de l’illustre dynastie politique des Nehru-Gandhi, a résumé jeudi sur Twitter sa vision du bilan du mandat des nationalistes hindous: « Mensonges. Mensonges. Mensonges. Méfiance. Violence. HAINE. Peur ».

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