Conférence de CUT : consensus des partis politiques sur la dépénalisation du cannabis

Lalit, MMM, MP, ReA, PMSD… L’ensemble des partis politiques représentés à une conférence organisée par le Collectif Urgence Toxida (CUT), ce mercredi, ont consenti à deux développements. Une révision de la politique des drogues. Et un débat ouvert menant à la dépénalisation du cannabis.

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A quelques mois des élections générales, les orateurs politiques ont, tour à tour, condamné le système répressif instauré à Maurice. Des discours à l’opposée de ceux du Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui martèle la détermination de son gouvernement à « remporter la guerre contre la drogue ».

Quid des recommandations de la Commission d’enquête sur la drogue? Tous ceux présents ont estimé que le volumineux rapport « a terminé dans un tiroir ».

Les discours politiques sur la drogue, jadis conservateurs, ont visiblement évolué. Tous ont fait comprendre qu’il ne s’agit plus désormais de condamner les usagers de drogue : l’accent a été mis sur la « prévention », la « réhabilitation » et notamment la « réinsertion ».

« L’amendement » à la Dangerous Drugs Act a été réclamé. De même qu’une démarcation légale entre dealer, consommateur, mule, trafiquant, parrain de la drogue.

Le MP s’est signalé par sa présentation en faveur de la dépénalisation du cannabis. Etudes et chiffres à l’appui, Tania Diolle a évoqué les résultats des discussions entreprises au sein du parti, menant vers la dépénalisation.

A la clôture de la conférence, le président de CUT, Danny Phillipe, devait émettre un souhait : que les discours des partis ne changent pas à l’approche des élections.

A noter que le PTr et le MSM étaient les deux grands absents de cet événement.


Cindy Hurdoyal (CUT) : « L’exemple que le programme sauve des vies »

Pascaline Rita et Cindy Hurdoyal

« Je suis une des exemples qui démontre que le programme de réduction des risques sauve des vie », a clamé Cindy Hurdoyal, une ancienne usager de drogue qui travaille désormais comme Team Leader chez CUT. « Grâce à CUT je parviens à subvenir aux besoins de mes enfants ».
Aux côtés de Pascaline Rita, coordinatrice de terrain, Cindy Hurdoyal a regretté la répression, qui « décourage les gens à se tourner vers les centres de santé », et l’abus des droits humains, citant des cas de brutalités des forces de l’ordre. Elle déplore de plus le certificat de moralité, sans lequel « pa gagn travay ».
De son côté, Pascaline Rita a dénoncé que le droit d’un individu de posséder des « équipements d’injection », garanti sous le HIV Act, est bafoué. Et ce, par la Dangerous Drug Act, qui permet l’arrestation d’un individu pris avec « enn sering sal ».


Kunal Naik (Pils) : « Se baser sur des faits scientifiques »

Plaidant pour un débat sur des faits scientifiques, Kunal Naik, de l’ONG Pils (Prévention Information Lutte contre le Sida), a disséminé les politiques des drogues adoptées à l’international. Quatre axes doivent pour cela être considérés, a-t-il expliqué : la prévention, la réhabilitation, la réduction des risques et les lois.
Il a demandé que les ONG puissent plus facilement bénéficier de fonds et a regretté que le Budget 19/20 ne fasse pas provision pour la réhabilitation et la prévention. « Les ONG n’ont pas été consultées », devait-il déplorer.


Adarshini Ghurbhurrun, anthropologue : « Manque de données sur les jeunes »

Une étude auprès des jeunes – Project 16-24 – a été dévoilée lors de la conférence. Elle revient notamment sur l’accès à l’information sur le VIH/Sida. Les jeunes, selon l’étude, « relied heavily on information shared during interactions with peers ». L’anthropologue de la santé Adarshini Ghurbhurrun, préparatrice de cette étude, a observé un manque de données sur la consommation de drogue chez les jeunes. L’étude démontre, entre autres, qu’environ 76% des consommateurs de drogue par intraveineuse se sont shootés pour la première fois avant 24 ans.


Percy Yip Tong (CUT) : « Bizin legaliz li »

« Bizin legaliz li. Mais comment? » s’est demandé Percy Yip Tong, de CUT, pour qui « la drogue est une priorité ». La légalisation, a-t-il argué, mettra un terme au trafic de drogue en s’attaquant « à l’offre et à la demande ». En parallèle, Percy Yip Tong préconise de sensibiliser les jeunes au sujet des drogues. Par ailleurs, pour lui, « si sakenn plant so plant kot li », ça pourrait aider à « konbat sintetik ».


Rajni Lallah (Lalit) : « La répression a fait beaucoup de tort »

« La politique de répression a fait beaucoup plus de tort », a constaté Rajni Lallah, de Lalit. Le parti défend « le droit au travail » qui aiderait à « koup lerb anba lipie mafia ladrog ». Rajni Lallah a également observé que le « contexte mondial a changé » en matière de drogue. « Erezman nou trouv zot zordi dan lasal. Ek zot inn sanz zot pozision », a-t-elle lancé à l’égard de ceux présents.


MP : « Contre la politique de tolérance zéro »

Prévention, réhabilitation, réinsertion. C’est sur ces piliers que Tania Diolle argumenter « contre la politique de tolérance zéro ». Elle a expliqué que de véritables discussions ont eu lieu au sein du MP sur la politique des drogues. « Nous ne sommes pas allés vers la légalisation mais vers la décriminalisation du consommateur des drogues. »
Alan Ganoo a, lui, souhaité que soit « revue » la Dangerous Drug Act à l’origine de « beaucoup d’injustices dans notre système« . Comme lors des débats budgétaires, il a regretté que le rapport de la Commission d’enquête sur la drogue a « obtenu un enterrement de première classe ».


Kushal Lobine (PMSD) : « Revoir la politique adoptée »

Une révision de la politique des drogues. C’est ce qu’a préconisée le PMSD à travers Kushal Lobine. Les modèles pratiqués à l’international – dont « en Angleterre, au Portugal, aux Seychelles, en Afrique du Sud »– doivent être « considérés », a-t-il ajouté. De même que « l’avis du Directeur des Poursuites publiques ». Des questions doivent être posées, dit-il, sur le cannabis médical et le certificat de caractère.


Ian Jacob (ReA) : « Un débat dépassionné ».

« Il est important de changer notre regard vis-à-vis des drogues et d’avoir un débat dépassionné », a soutenu Ian Jacob, de ReA. « Le MSM ne se base pas sur les données scientifiques mais sur la morale », a-t-il observé. « Toutes les données scientifiques prouvent que, quand on diminue la répression, la consommation diminue », devait-il relever, en nuançant que « nous ne faisons pas l’apologie de la consommation ».


Satish Boolell (MMM) : « Partants pour la décriminalisation »

« Nous au MMM nous sommes partants pour la décriminalisation », a signifié Satish Boolell, responsable de la commission santé des mauves. Il a plaidé pour l’introduction d’un « Time Frame » afin que les mesures électorales annoncées soient respectées selon une période établie.

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