Cour – Affaire Bal Kouler : La défense de Raj Dayal soumet le dénonciateur à un Credibility Test

L’homme d’affaires Patrick Soobhany a été contre-interrogé hier par Me Jacques Panglose, qui assure la défense de l’ex-ministre MSM Raj Dayal dans l’affaire Bal kouler. Il est revenu sur le récit des événements effectué par l’homme d’affaires, avançant notamment que ce dernier n’était « pas clair » dans ses réponses données en Cour et celles données dans ses dépositions à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). Patrick Soobhany s’est appesanti sur le fait qu’il a dit toute la vérité sur le fil des événements jusqu’à ce que la bande sonore n’atterrisse à l’ICAC.

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Face à une série de questions de Me Panglose, le dénonciateur Patrick Soobhany est resté ferme, affirmant avoir « tout dit » sur ce qui s’était produit en mars 2016, et faisant référence à la preuve d’un acte de corruption exercé par un ministre. La défense devait toutefois le confronter à ses dépositions consignées à l’ICAC et sur un entretien accordé à un journal à cette époque.

La défense a ainsi voulu faire la démonstration en Cour que la version de Patrick Soobhany n’est pas crédible, notamment parce qu’il serait « étonnant qu’il confie son portable à un inconnu » pour produire une copie de l’enregistrement audio sur un CD alors que cet enregistrement devrait constituer un atout capital dans cette affaire de fraude et de corruption.

Me Panglose (JP) : Avant d’enregistrer l’accusé dans son bureau, vous aviez déjà pris la décision de ce que vous alliez faire de l’enregistrement ?
Patrick Soobhany (PS) : Non.
JP : Vous avez pris cet enregistrement par hasard ?
PS : Non.
JP : Pourquoi avoir enregistré alors ?
PS : Pour avoir une preuve.
JP : Si je vous dis que dans votre déposition à l’ICAC vous avez indiqué que vous saviez déjà ce que vous alliez en faire…
PS : Non je ne pense pas.
JP : Avez-vous eu la permission d’une autorité ou d’une personne pour faire cet enregistrement ?
PS : Non.
JP : Donc vous y êtes allé dans le but précis de prendre quelqu’un en plein délit ?
PS : Oui.
JP : Donc maintenant vous me dites que vous saviez ce que vous alliez faire de cet enregistrement…
PS : Je ne savais pas ce que j’allais en faire, mais je savais que j’allais enregistrer.
JP : Est-ce que c’est crédible ce que vous dites là ?
PS : Pour moi oui.
Me Panglose le réfère alors à ce qu’il avait dit dans sa déposition du 29 mars 2016, comme quoi il avait du mal à distinguer ce qui avait été dit dans l’enregistrement, soit si Raj Dayal lui aurait demandé Rs 50 000 par Bal Kouler ou « 50 liv Bal kouler ».
JP : Vous êtes sûr que l’enregistrement a été fait sur votre téléphone ou sur un appareil d’enregistrement qui a ensuite été mis dans votre téléphone ?
PS : Oui, sur mon téléphone.
JP : Quand avez-vous acheté ce téléphone ?
PS : C’était un mois avant le rendez-vous avec l’accusé.
JP : Vous avez soumis le reçu à l’ICAC ?
PS : Non.
JP : Vous même n’aviez pas pensé soumettre le reçu à l’ICAC pour montrer que vous êtes une bonne personne crédible, un ange même…
PS : Non, je n’y ai pas pensé.
JP : Si je vous dis que tout ce que vous avez dit n’est pas vrai, l’enregistrement de la conversation sur un téléphone qui se trouvait dans votre sacoche et tout ce qui s’est passé par la suite.
PS : Tout est 100% vrai.
JP : Déjà dans le bureau du ministre, comment votre sacoche est restée en votre possession ?
PS : À l’accueil on m’a dit uniquement de laisser mon téléphone à l’entrée.
JP : Donc dans votre plan de dénoncer un criminel, vous avez décidé de prendre le téléphone de votre chauffeur pour faire croire que c’est le sien ?
PS : Oui.
JP : C’est toute une mise en scène que vous avez faite là !
PS : C’est parce qu’à la veille de ce rendez-vous, l’ex-ministre Raj Dayal m’avait demandé de l’argent.
JP : L’ICAC ne vous a jamais demandé de fournir la sacoche dans le cadre de l’enquête ?
PS : Non.
JP : Dans votre enquête, vous avez utilisé des termes techniques, comme Hashing dans le cadre de l’analyse de votre téléphone par des experts. Vous savez ce que cela veut dire ?
PS : Je ne sais pas.
JP : Donc vous avez utilisé des mots que vous ne connaissez pas dans votre enquête ?
PS : Oui.
JP : Est-ce crédible à votre avis ?
PS : Oui.
Me Panglose est revenu sur ce qui s’était produit au bureau du Senior Counsel Yousuf Mohamed, où Patrick Soobhany s’était rendu pour faire part de l’enregistrement audio. Patrick Soobhany avait expliqué que l’enregistrement n’était pas clair et qu’il aura fallu qu’une personne présente au bureau du Senior Counsel s’empare dudit téléphone afin de pouvoir produire une copie de l’enregistrement sur un ordinateur et le copier sur un CD.
JP : Qui a utilisé votre téléphone pour le brancher sur un ordinateur avec un câble pour faire une copie de l’enregistrement ?
PS : Je ne connais pas la personne.
JP : Donc vous ne savez pas non plus ce que cette personne a pu faire sur l’ordinateur en utilisant votre téléphone ?
PS : J’étais tout près et je voyais ce qu’il faisait.
JP : Vous avez un enregistrement capital et vous le donnez à un inconnu pour manipuler l’enregistrement…
PS : Il ne faisait que faire une copie de l’enregistrement.
JP : Vous connaissez la profession de cette personne ? Déjà que vous-même aviez dit qu’il faut être un technicien pour faire ce genre de choses.
PS : Non, je ne connais pas sa profession.
JP : Il faut connaître une personne pour pouvoir lui soumettre une telle chose.
PS : Je ne suis pas d’accord.
Le contre-interrogatoire a été interrompu à ce stade et reprendra mardi prochain entre Me Panglose et Patrick Soobhany.

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